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Avec deux associations, la mairie ouvre 100 places pour sans abris

En partenariat avec deux associations de solidarité, la mairie de Strasbourg ouvre 100 places pérennes pour les personnes sans abris sans distinction, avant d’autres actions.

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Avec deux associations, la mairie ouvre 100 places pour sans abris

« Le phénomène des migrations n’est pas derrière nous, il est aujourd’hui ou demain. Et il ne s’éteindra pas, quoi qu’en disent certains en construisant des murs, des frontières », estime le maire de Strasbourg Roland Ries (PS). En décembre, il accédait à la demande d’une partie de ses conseillers municipaux, en promettant d’ouvrir des places pour personnes sans-abris. Deux mois plus tard, il était question de présenter les premières mesures.

Une municipalité n’est pas tenue d’héberger les personnes sans domicile fixe, ce qui est le rôle de l’État via ses préfectures. Mais le maire a souhaité aller plus loin, se réclamant de « l’humanisme rhénan » et de la « tradition d’accueil » de Strasbourg. « Le jeu de ping pong entre les collectivités, institutions ou associations, il faut qu’il cesse », ajoute le premier magistrat de Strasbourg au sujet des responsabilités de chacun.

Appel à projets fructueux

Ainsi, la mairie a lancé fin janvier un appel à projets, doté à hauteur de 500 000 euros par an. Sept associations avaient candidaté et deux d’entre elles, Caritas Alsace (70 places) et Accueil sans frontières 67 (30 places) vont gérer une trentaine d’appartements privés dans plusieurs coins de Strasbourg.

Ces logements diffus vont être conventionnés grâce au « dispositif d’intermédiation locative ». Concrètement, les propriétaires loueront les appartements à des associations, financées par cet appel à projets, et les attribueront à des personnes sans abris, qui verseront parfois une participation, même symbolique. Les occupants ont vocation à y loger 3 à 6 mois le temps de trouver une autre solution. Ils bénéficieront d’un accompagnement social et d’un accès à l’aide alimentaire ou d’un peu d’argent.

A terme, le maire de Strasbourg aimerait que plus personne ne dorme dehors dans les rues.
(Photo garryknight on Visualhunt / CC BY)

« Nous ne ferons pas de tri entre personnes en situation régulière ou non », précise Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eurométropole en charge du développement et de la gestion du dispositif d’hébergement d’urgence. Un comité en lien avec le Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO) du 115 déterminera les bénéficiaires. Le dispositif s’adresse aux personnes « vulnérables et fragiles ». Néanmoins les demandeurs d’asile en cours d’examen seront redirigés dans la mesure du possible vers les services de l’État « L’État est tenu de proposer une solution. Nous sommes prêts à faire avec lui mais pas à sa place », rappelle Marie-Dominique Dreyssé (EELV), adjointe en charge des Solidarités.

La Ville de Strasbourg a identifié une dizaine d’appartements qui pourraient être mobilisables à l’avenir dans ce dispositif. « Nous comptons sur notre patrimoine plus que sur celui de l’État », ajoute Syamak Agha Babaei, alors qu’il a été demandé de faire un diagnostic des locaux inutilisés des ministères.

Roland Ries et les premières mesures

Objectif 500 places

Le coût de 500 000 euros est calculé sur la base de 14€ par jour par bénéficiaire, pour un total d’environ 0,1% du budget annuel de la Ville de Strasbourg. Le financement est engagé pour plusieurs années.

Syamak Agha Babaei poursuit :

« La rue a un coût, bien sûr moral et éthique, mais aussi financier, en termes de sécurité, de santé, de salubrité. L’objectif est aussi de diminuer ces coûts. »

À terme, le maire a fixé l’objectif d’aller jusqu’à 500 places, soit environ le nombre d’appels au 115 en moyenne. Mais avant d’augmenter la jauge, et d’affecter les dépenses supplémentaires, Roland Ries souhaite que toutes les options soient explorées.

Associés à la loi d’immigration ?

Avec des maires prêts à mettre en place des mesures d’accueil dans leurs villes, co-signataires d’une tribune dans Le Monde, Roland Ries espère être associé aux discussions sur la loi sur l’immigration. Car le système actuel « fabrique » tous les mois des déboutés qui ne quittent pas tous le territoire. « Une fin de droit, mais pas une fin d’humanité », estime Roland Ries.

Ils participent à engorger les systèmes d’accueil en urgence des sans-abris, le seul auquel ils aient accès, concentrés dans les grandes villes. « Il y a jusqu’à un million d’illégaux en même temps en France ont estimé des associations. Même en accélérant le rythme, les expulser tous peut durer jusqu’à 10 ou 15 ans. Ce n’est pas faisable », juge Syamak Agha Babaei.

Enfin, la municipalité lance la réflexion sur la gestion – par et pour des personnes en grande précarité – de lieux vides pendant un an ou deux. Il s’agit par exemple du temps entre la décision d’une réaffectation d’un bâtiment et la réalisation concrète du projet, à l’instar du quartier des Grands voisins à Paris. Les acteurs doivent être réunis dans les prochaines semaines pour aboutir à un plan d’action « à l’été 2018. »


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