Après les attentats de vendredi à Paris, le président de la République François Hollande veut « rassembler la Nation ». Il a convoqué pour cela tous les parlementaires à Versailles pour un congrès extraordinaire. C’est la deuxième fois sous la Ve République qu’un président en exercice s’exprime devant l’ensemble des députés et des sénateurs. Le Président indiquera les mesures prises et à prendre pour assurer la sécurité des Français mais son allocution ne sera pas suivie d’un vote.
Depuis hier et jusqu’à demain, les drapeaux français de toutes les institutions sont en berne, c’est à dire attachés avec un lien noir ou descendus à mi-mât, une conséquence du deuil national décrété samedi. Une minute de silence sera observée lundi à midi partout en France, les employeurs sont tenus de permettre à leurs salariés d’y participer. Elle sera organisée de façon solennelle dans les principales institutions et dans tous les établissements scolaires.
Les enseignants ont reçu par email durant le week-end des éléments pour répondre aux questions des élèves sur les attentats.
L’université de Strasbourg donne rendez-vous dès 11h45 au Palais universitaire, devant la plaque du souvenir aux victimes de la barbarie nazie.
Les agents de l’Eurometropole sont invités à participer devant le centre administratif, en présence du maire et de ses adjoints. Les autorités de l’État se retrouveront place de la République.
À Strasbourg, le trafic des bus et tramways de la CTS sera interrompu pendant quelques minutes à midi.
Vers une prolongation de l’état d’urgence
Mais le deuil national n’implique rien d’autre : il n’annule aucune manifestation ni ne ferme aucune administration. En revanche, l’état d’urgence appliqué à l’ensemble du territoire national permet aux autorités :
- d’interdire de circuler à pied ou en véhicule dans certains lieux à certaines heures,
- d’interdire de séjourner librement dans certaines zones,
- d’interdire de manifester,
- d’assigner à résidence,
- de fermer des salles de spectacles, des bars ou des cafés, des lieux de réunion de toute nature,
- de perquisitionner à domicile de jour et de nuit ;
- d’assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radios (mais le décret publié samedi ne mentionne pas cet aspect),
- d’assurer le contrôle des projections au cinéma et des représentations théâtrales,
- d’autoriser la juridiction militaire à se saisir de crimes et de délits.
Concrètement, aucune fermeture de salle de spectacle n’a encore été prononcée à Strasbourg ou en Alsace, contrairement à l’Île-de-France. Mais le rétablissement des contrôles aux frontières dès vendredi soir a commencé à compliquer la vie des personnes qui se rendent régulièrement en Allemagne.
Dimanche sur Europe 1, François Hollande a indiqué qu’il souhaitait prolonger l’état d’urgence trois mois, ce qui nécessite le vote d’une loi et pourrait avoir comme conséquence l’annulation du Marché de Noël de Strasbourg, qui a attiré l’an dernier plus de deux millions de visiteurs. Une décision sera prise mercredi. À Mulhouse en revanche, le maire de la ville, Jean Rottner (« Les Républicains ») refuse de l’envisager.
Vidéo – réactions au retour des contrôles à la frontière
Dans les écoles : des cours mais pas de sorties
Dans les établissements scolaires, les cours seront assurés selon un communiqué de l’Académie de Strasbourg. En revanche, les formations et réunions des personnels sont toutes annulées pour cette semaine. Tous les voyages scolaires de l’académie sont annulés jusqu’au 22 novembre. Les élèves déjà en déplacement ne voient pas leurs séjours modifiés. Les sorties scolaires sont également suspendues jusqu’au 22 novembre, sauf celles qui relèvent d’une activité régulière (cantine, activités sportives…) à condition qu’elles n’aient pas recours à un service de transport en commun.
En outre, des contrôles des sacs et des bagages sont mis en place à l’entrée des établissements scolaires et des « cellules médico-psychologiques seront déployées dans les écoles, collèges et lycées où les élèves, leurs familles ou les personnels de l’éducation nationale ont été particulièrement affectés », indique le communiqué de l’académie.
Un conseil municipal dédié aux victimes du week-end à Strasbourg
Le conseil municipal de ce lundi après-midi sera entièrement dédié à l’hommage aux victimes des attentats de Paris et de l’accident du TGV à Eckwersheim. À 15h, le conseil municipal formulera une déclaration solennelle et « convie tous les strasbourgeois qui souhaitent s’associer à cet hommage au Centre administratif, salle des conseils », selon un communiqué de la Ville. La question de la tenue du Marché de Noël ne sera étudiée que mercredi. Tous les autres points à l’ordre du jour ont été reportés à une date ultérieure.
Depuis samedi, tous les états-majors politiques ont suspendu leur campagne électorale en vue des élections régionales de décembre. Ces élections ne seront cependant pas reportées.
La Ville de Strasbourg a mis en place un « registre de condoléances » à l’Hôtel de Ville, place Broglie. Il est accessible de 7h à 20h les jours de semaine, et de 8h à 19h le samedi.
Plus de militaires dans les rues
L’opération Sentinelle, qui vise à placer des militaires devant les sites sensibles en France, est renforcée. Les effectifs totaux grimpent de 7 à 10 000 militaires, quand bien même l’efficacité du dispositif est sévèrement critiquée.
Le Forum mondial de la démocratie maintenu
Le Forum mondial de la démocratie, organisé par le Conseil de l’Europe et la Ville de Strasbourg, est maintenu, tant pour son programme officiel du 18 au 20 novembre que pour son programme « off » (pdf), autour de la place Kléber et accessible au public du 16 au 21 novembre.
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Sur Rue89 Strasbourg : rassemblement mercredi suite aux attentats
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