Du 3 au 13 mai 2016, Maëlle Dequiedt et Mathilde Delahaye, deux élèves metteures en scène en troisième année du groupe 42 de l’école du Théâtre national de Strasbourg (TNS) présentent leurs projets itinérants.
Pour l’une, réinterprétation du conte de Charles Perrault “Le petit chaperon rouge” d’après le texte de Claudine Galea, “Au bois”. Pour l’autre, un montage entre deux ouvrages de Charles Pennequin qui donnent naissance à “Babil au bord des villes”.
Stanislas Nordey, directeur du Théâtre National de Strasbourg, a donné pour consigne aux élèves la réalisation d’un spectacle itinérant, à la forme légère et déplaçable, avec très peu d’éléments de décor (l’ensemble doit pouvoir rentrer dans une voiture Kangoo).
Un ancien atelier de menuiserie réhabilité en lieu de création artistique
Maëlle Dequiedt a choisi le collège Lezay-Marnésia de la Meinau, dans un ancien atelier de menuiserie aujourd’hui rénové. Elle a voulu un texte accessible à tout public, ce qui répond au désir de Stanislas Nordey souhaitant démocratiser le théâtre. “Au bois” répondait à cette problématique.
« C’est un thème facilement adaptable à un large public. Il reprend les figures emblématiques du conte « Le petit chaperon rouge » en y apportant certaines modifications. Ici, la mère est au coeur de la pièce. Le petit chaperon rouge est toujours présent et le troisième personnage est le bois ».
La pièce traite donc différents sujets, le thème de la femme est largement abordé mais il est également question de la relation mère-fille, des désirs inassouvis et des rêves d’émancipation.
L’influence de l’environnement sur le processus de création
Maëlle Dequiedt a sa propre vision de l’exercice :
« Monter un spectacle ici, c’est déplacer la manière dont on a appris à faire du théâtre depuis deux ans ».
La metteure en scène et les comédiens sont allés à la rencontre des collégiens. Par un dialogue simple, ils discutent du métier d’acteur, du théâtre dans sa globalité et du texte choisi par Maëlle Dequiedt que les adolescents ont eu l’occasion de lire. Cet échange révèle de nouveaux enjeux, notamment pour Laure Werckmann, l’une des comédiennes :
« Nous sommes toujours impliqués, peu importe les circonstances. Répéter ici crée une belle excitation, une émulation artistique et culturelle. Nous nous demandons comment faire pour que le théâtre rentre dans le paysage de ces élèves, pour qu’ils sachent que c’est également un art qui leur appartient et qui permet de se réunir pour penser le monde. Il faut leur montrer que ça peut aussi se passer ici, dans leur établissement scolaire ».
Dialoguer avec ces jeunes leur ont permis de revenir à l’essentiel de la pièce : la rendre compréhensible et lisible par tous reste le premier enjeu. Cependant, Maëlle Dequiedt indique qu’elle ne souhaite pas pour autant renoncer à l’exigence et à la précision et que son spectacle ne sera pas simplifié parce que des adolescents vont y assister.
Les différentes représentations se dérouleront au collège Lezay-Marnésia (le 3 mai), à l’espace culturel Django Reinhardt (le 7 mai) , à l’Albatros; centre socio-culturel de Lingolsheim (les 9 et 10 mai), à la salle polyvalente de Rouffach (le 11 mai) et dans la salle de Peinture du TNS (les 12 et 13 mai).
Pour l’ensemble des représentations, Maëlle Dequiedt a souhaité placer les 60 spectateurs en cercle, autour des comédiens. Une autre représentation est également prévue à la maison d’arrêt de l’Elsau.
Un spectacle d’après les textes de Charles Pennequin
Mathilde Delahaye, la seconde élève metteure en scène, et Quentin Maudet, chargé de la régie, ont choisi la carrière de l’usine à chaux de Dahlenheim.
C’est un montage entre deux textes du poète contemporain Charles Pennequin qui a donné naissance à “Babil au bord des villes”. Le premier s’intitule “La ville est un trou” et le second “Comprendre la vie”.
Pour parler de ces textes, Mathilde Delahaye indique :
« C’est une poésie sonore, une écriture qui parle et qui est faite pour être jouée dehors ».
L’histoire raconte le chemin de Grognard (interprété par Félicien Graugnard), un harangueur de foule qui arpente les bords de villes. C’est un militant de la pensée qui cherche à dresser le portrait de son époque. Depuis sa cabane surélevée, il s’adresse et manifeste devant le groupe de 50 spectateurs. Toujours armé de son parachute, il tend vers un potentiel envol.
Le public a toujours accès à la parole de Grognard, peu importe son intensité et malgré que celui-ci puisse se trouver à 300 mètres d’eux. La metteure en scène décrit ce personnage :
« C’est un mec d’aujourd’hui qui pose de grandes questions. Il tape là où ça fait mal. À tel point qu’il est parfois difficile d’aborder certains sujets. Il revendique une forte dimension militante ».
Les lieux choisis pour la représentation de “Babil au bord des villes” sont le parking de l’usine Peugeot à Dannemarie (le 3 mai), l’usine à chaux de Dahlenheim (les 4 et 5 mai), le champ du château d’eau à Brumath (le 7 mai), la rue de l’artisanat à Ingwiller (le 10 mai), la carrière Wienerberger à Lixhausen (les 11 et 12 mai) et l’ancienne filature d’Erstein (le 13 mai).
Pour découvrir l’ensemble du programme de “L’autre saison”, rendez-vous sur la programmation en ligne. Les représentations de “Au bois” et de “Babil au bord des villes” se dérouleront du 3 au 13 mai 2016. L’entrée est libre sur réservation, informations sur le site du TNS.
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