Peut-on être contre le président UMP du conseil régional Philippe Richert et soutenir son projet de fusion des collectivités territoriales d’Alsace ? La réponse est oui pour un ensemble d’élus progressistes alsaciens, en majorité des écologistes, qui ont lancé vendredi un appel intitulé « l’autre oui pour la collectivité unique ». Parmi les signataires, on retrouve notamment Jo Spiegel, conseiller général du Haut-Rhin et maire PS de Kingersheim et Jacques Fernique, conseiller régional Europe Ecologie Les Verts (EELV) (voir la liste ci-dessous).
Seul autre socialiste présent, Hubert Miehe, conseiller général du Haut-Rhin, a détaillé son choix :
« Où est l’Alsace quand on parle du démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim ? Où est l’Alsace quand on parle des crues du Rhin et de la construction de polders en Allemagne ? Notre région a besoin de parler d’une seule voix, la fusion doit intervenir maintenant. Alsacien depuis longtemps, je vote avec le « oui » du vécu. »
Les élus socialistes sont encore très divisés sur cette fusion des collectivités alsaciennes. Certains ont voté contre depuis le premier congrès d’Alsace de 2011, tel Pierre Freyburger, chef de file des socialistes de Mulhouse, d’autres se sont d’abord abstenus pour puis se sont finalement inscrits en opposition, tel Pernelle Richardot, adjointe au maire de Strasbourg et conseillère régionale et plusieurs s’abstiennent, faute de mieux, tel Antoine Homé, maire de Wittenheim et conseiller régional, ou Alain Fontanel, adjoint au maire de Strasbourg et conseiller régional…
Les socialistes du Haut-Rhin ont encore le choix
Antoine Homé a annoncé lors du vote solennel au conseil régional vendredi 25 janvier qu’une « convention militante » le 16 février déterminera la position des socialistes du Haut-Rhin. Quant au Bas-Rhin, la question a été tranchée au niveau du conseil fédéral et du bureau fédéral, c’est « non » au conseil unique d’Alsace, tel qu’il sera présenté devant les Alsaciens le 7 avril.
Jo Spiegel, qui milite depuis cette fusion depuis des années, explique son positionnement :
Pour Jacques Fernique, chef de file des écologistes du conseil régional, cette réforme est trop importante pour la laisser échouer, à cause d’obscures tractations et d’égos mal placés :
« L’élaboration du projet de fusion a été menée dans l’entre-soi des cabinets des présidents des collectivités alsaciennes. Mais avec cet appel, nous voulons rattraper ces erreurs dans l’élaboration de ce projet, et nous concentrer sur l’essentiel : un gain en cohérence. Il ne faut pas s’arrêter sur des détails comme où se réunira le bureau exécutif, ou la création d’assemblées départementales et de territoires qui ne seront présentes que pour rassurer untel ou untel… Ces points seront de toutes façons réglés par la loi spécifique qui sera votée au Parlement, et non par Philippe Richert et son équipe. Après le « oui » au référendum, la vraie bataille commencera. »
Pour Pernelle Richardot, ces élus « se font berner »
Devenue chef de file des élus opposés au projet de fusion, Pernelle Richardot répond à ses camarades :
« Ils se trompent, ils sont en train de se faire avoir par Philippe Richert. Ce projet n’est pas une fusion, c’est un empilement. Ce n’est pas à l’UMP de donner des leçons de décentralisation, elle qui a ôté tout pouvoir réel aux régions et aux départements. Il s’agit d’une campagne pour un référendum, auquel il faudra répondre « oui » ou « non », pas « oui mais ». Ils vont ajouter leurs voix à celles de l’UMP et les Alsaciens risquent de ne plus rien y comprendre. Il faut avoir le courage de dire « non » et de laisser le temps à la démocratie. La fusion des collectivités pourra très bien intervenir dans le cadre de l’acte III de la décentralisation. »
Les élus opposés à l’UMP dans les collectivités territoriales partiront donc en ordre dispersé dans la campagne pour le référendum du 7 avril. Chacun des 122 élus devra se choisir un « groupe politique » dans le cadre de cette campagne, puis chaque groupe disposera d’un budget de campagne, en fonction du nombre d’élus dont il dispose. Il y a déjà un groupe « majorité alsacienne pour le « oui », un groupe « socialistes et indépendants pour le « non » et donc un groupe « écologistes, socialistes et indépendants pour le « oui »… On cherche encore le groupe « majorité alsacienne pour le « non »…
Les premiers signataires de l’appel pluriel pour l’autre « oui » à la collectivité unique
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