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Adjointes au maire de Strasbourg, Mine Günbay et Souad El-Maysour démissionnent

Mine Günbay, adjointe au maire de Strasbourg en charge du droit des femmes et de la démocratie locale, et Souad El-Maysour, adjointe en charge de la lecture publique, claquent la porte du conseil municipal. Chacune des deux femmes mettent en cause une gestion clanique de la municipalité.

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Adjointes au maire de Strasbourg, Mine Günbay et Souad El-Maysour démissionnent

Les adjointes au maire de Strasbourg Mine Günbay et Souad El-Maysour sont en colère contre les méthodes de gouvernance de la municipalité et ont décidé de le faire savoir. Jeudi, elles ont démissionné de leurs mandats de conseillères municipales de Strasbourg en envoyant leurs lettres au maire Roland Ries, au président de l’Eurométropole Robert Herrmann, au préfet du Bas-Rhin Stéphane Fratacci et en prévenant les DNA de leur geste.

Souad El-Maysour estime qu’elle ne pouvait plus travailler :

« C’est une décision mûrement réfléchie. C’est un système bien connu : la haute administration ne répond pas à mes demandes, l’entourage du maire et son cabinet prennent des décisions à ma place… Dernièrement, j’apprends qu’il va y avoir une médiathèque au centre culturel Django Reinhardt et quand je me renseigne pour savoir ce qui va se passer dans le cadre de ma délégation, l’administration me répond qu’elle n’a pas “autorité pour me répondre” ! »

Souad El-Maysour mise à l’écart depuis 2014

En 2014, après les élections européennes, Souad El-Maysour a dû laisser sa place de vice-présidente de la CUS, devenue Eurométropole depuis, à Catherine Trautmann, battue aux élections européennes. Souad El-Maysour avait alors rejoint l’équipe municipale en tant qu’adjointe :

« Il y a des compromis à faire en politique et c’est bien normal. Mais le climat se dégrade. Quand j’ai laissé ma place à la CUS, on m’avait promis que je conserverais mes marges d’action. En fait j’ai perdu mon pouvoir de travail sur l’Eurométropole et j’ai été éloignée des rouages décisionnels. Et à la Ville, je n’avais plus aucune marge de manœuvre pour travailler. »

Souad El-Maysour dénonce une centralisation des décisions :

« Un système est en train de se mettre en place : tout passe par le comité stratégique (où ne siègent que Roland Ries, Robert Herrmann, Alain Fontanel, Philippe Bies, Olivier Bitz et Mathieu Cahn, ndlr). Donc, même quand ça concerne mes délégations, il n’y a plus aucune marge d’appréciation. En fait, tout le monde est obnubilé par les futures élections en 2020, à un moment où on devrait plutôt s’interroger sur le sens de l’engagement politique. »

Souad El-Maysour avait démissionné en janvier du Parti socialiste pour marquer son désaccord avec le projet du gouvernement d’introduire la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux. Elle compte désormais se consacrer à ses activités d’artiste plasticienne.

« Féministe de service »

Mine Günbay décrit les mêmes difficultés que sa collègue. Sa mise à l’écart remonte d’après elle à janvier 2015, lorsqu’elle avait vigoureusement interpellé la municipalité sur la vigilance nécessaire à avoir vis-à-vis des femmes fonctionnaires dans le cadre de la baisse des dotations des collectivités :

« En 2014, j’ai accepté de renouveler mon mandat à la condition que je ne jouerais pas les féministes de service. Aujourd’hui je constate que la question de l’égalité femmes-hommes est considérée comme une variable d’ajustement au moment des élections. J’ai été progressivement éloignée d’un certain nombre d’espaces de décisions et d’échange. Je n’ai aucun soutien en interne sur la question du droit des femmes. Je ne pouvais plus continuer à faire semblant. Si ma délégation c’est du vent, ils se sont trompés de personne. »

Mine Günbay sur le marché de l'Ill en novembre 2014 pour promouvoir la démocratie locale (Photo Emmanuel Jacob / Blog Robertsau)
Mine Günbay sur le marché de l’Ill en novembre 2014 pour promouvoir la démocratie locale (Photo Emmanuel Jacob / Blog Robertsau)

Et la militante d’illustrer :

« Il n’y a jamais personne à mes côtés sur le fond en ce qui concerne les droits des femmes. Personne de la mairie ne vient à mon colloque sur le droit des femmes qui réunit aujourd’hui plus de 1 000 personnes. Mais quand il s’agit de faire des actions de communication sur l’engagement de la Ville sur la question, on me met sous tutelle. »

Mine Günbay exclue des concertations publiques

Son constat est le même sur le deuxième volet de sa mandature, la démocratie locale. En avril 2015, lors de la soirée de lancement des conseils de quartiers qu’elle a pourtant pilotés, le cabinet du maire lui a demandé de ne pas prendre la parole. Et quand les grands projets de concertation se mettent en place, Bains municipaux, ZAC des Deux-Rives, quais…, elle n’est jamais dans les comités de pilotage :

« Je suis sensée défendre la démocratie locale et la concertation, mais en interne tout est centralisé et arbitré en petits comités. Alors avec les conseils de quartiers, on se retrouve à gérer les dysfonctionnements. On avait conscience qu’il fallait les faire évoluer pour ne plus être des chambres de plaintes, et j’étais d’accord mais si tout ce que je porte n’a aucune portée… »

Pour Mine Günbay, le maire n’a pas respecté ses engagements à son égard et à l’égard des Strasbourgeois sur les thèmes dont elle avait la responsabilité :

« En me plaçant en numéro 4 dans la liste des adjoints, j’avais cru comprendre que Roland Ries faisait de l’égalité femmes-hommes une priorité. Or la Ville ne s’est pas donnée les moyens. Ma délégation est vidée de son contenu. On m’a royalement accordé 25 000€ par an pour mes délégations alors qu’on aurait pu faire de Strasbourg une ville très engagée en matière de démocratie participative et d’égalités femmes-hommes. »

Mine Günbay (à g.) et Souad El Maysour étaient respectivement adjointes au maire en charge de la démocratie locale et des médiathèques. (Photos Eurométropole)
Mine Günbay (à g.) et Souad El Maysour étaient respectivement adjointes au maire en charge de la démocratie locale et des médiathèques. (Photos Eurométropole)

« Urgent de réinvestir le politique »

Mine Günbay avait discrètement quitté le Parti socialiste en septembre 2014 après la suppression du ministère des droits de femmes et l’abandon du droit de vote des étrangers par François Hollande. Sur ses difficultés au sein de la municipalité, l’élue a cherché à savoir ce qu’on lui reprochait :

« Fin mars, le maire m’a dit qu’il ne me reprochait rien, mais que sur la question de la confiance, “c’était un peu plus compliqué”. Là j’ai compris qu’il y avait bien une intention délibérée de m’écarter. Pourtant, j’ai toujours été loyale à l’équipe municipale et à Roland Ries, je me suis engagé en politique pour faire avancer des combats, leurs histoires de clans c’est leur délire. Jusqu’à présent je n’avais jamais fait état de mes difficultés à l’extérieur mais aujourd’hui je n’arrive plus à gérer cette schizophrénie. Je ne suis pas un faire-valoir. »

Mine Günbay souhaite poursuivre ses combats à travers l’action associative, dont elle vient. Pour autant, elle se refuse à disqualifier l’action politique :

« Je ne veux pas entrer dans la logique du « tous pourris ». J’étais à ma place en tant que conseillère municipale sauf que là, ils sont en train de préparer 2020… Mais ils ont craqué ou quoi ?! Ils ne se rendent pas compte que 2017 va être terrible pour toute la classe politique ?! Je pense qu’il est urgent que les citoyens se réapproprient vraiment le champ politique ».


#Conseil municipal

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