Faut-il ou non maintenir l’aéroport à flot ? Même les écologistes, par la voix d’Alain Jund aujourd’hui, affirment que oui. L’argument massue : il est « indispensable » pour l’accessibilité de la capitale européenne qu’est Strasbourg, d’avoir un aéroport dédié. Sans transport aérien, point de salut donc. Même si ses lignes (en majorité assurées par Air France) sont toutes déficitaires. Même si deux aéroport proches (Baden-Karlruhe et l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse) sont bien plus attractifs, grâce notamment à la présence sur leurs tarmacs de compagnies à bas coûts.
Dans cette logique du sauvetage à tout prix, le président de la CUS Jacques Bigot a proposé aujourd’hui au conseil de CUS une délibération entérinant la réduction de moitié des taxes d’aéroport (moins 5€ sur chaque billet) – opérationnelle dès le 1er juin. A noter que ces taxes ont pour mission de financer le personnel chargé du contrôle-sécurité des bagages ou la présence de pompiers sur le site.
« L’avion, un des prédateurs du développement durable »
Bien sûr, l’opposition municipale par la voix de Fabienne Keller (UMP) ou de certains maires de la CUS, comme le député-maire de Lingolsheim Yves Bur, se sont fait entendre sur le sujet. Mais le premier à monter au créneau, c’est l’écologiste Alain Jund :
« Nous devons nous réjouir 600 000 usagers aient été pris à l’aérien par le TGV. Ce sont autant de points marqués dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour nous, écologistes, la vocation européenne de Strasbourg impose le maintien d’un aéroport, mais avec cette délibération, nous naviguons allègrement entre le paradoxe et la schizophrénie : pourquoi soutenir un mode de transport et son concurrent ? Et maintenir un aéroport sous perfusion ? »
Et de poser cette question, reprise à quelques mots près par le maire de Plobsheim Gérard Kammerer : « Que reste-t-il du Grenelle de l’environnement, dont l’un des objectifs étaient de rétablir le vrai coût des déplacements aériens, surtout quand ils font doublon avec des lignes ferroviaires » largement financées par de l’argent public ? Le maire de Plobsheim d’ajouter que « l’avion est l’un des prédateurs du développement durable ».
Pour Yves Bur, en revanche, « il faut savoir ce qu’on veut : que Strasbourg reste une capitale européenne ou non » ? Pour le député-maire de Lingolsheim, ce qu’il faudrait améliorer à Entzheim, ce n’est pas seulement le prix des billets, c’est aussi « la commodité d’usage ». « Les passerelles sont vides, les bus pleins… » Et d’exiger que soit présentée au conseil de CUS la « stratégie globale » de l’exécutif en la matière.
Pas de liaison SNCF entre Strasbourg et l’EuroAirport avant 2015-16
C’est Roland Ries, vice-président en charge des transports à la CUS, qui répond notamment sur le sujet, évoquant un travail en complémentarité avec les autres aéroports et non en concurrence. On note que cet engagement pourrait se révéler intéressant pour les usagers, s’il prenait la forme de liaisons ferroviaires à partir de Strasbourg et vers l’EuroAirport, l’aéroport de Baden-Baden ou celui de Francfort. Or, à notre connaissance, la liaison Strasbourg-EuroAirport ne sera pas ouverte avant 2015-16 et celle vers Francfort relie depuis ce matin la gare centrale de Strasbourg au… centre-ville de Francfort – bien loin de sa plateforme aéroportuaire. Et de liaison TER avec Baden, il n’en a jamais été question.
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