Les étudiants passent leur second tour. Réunis devant la faculté de Droit de l’Université de Strasbourg, une cinquantaine de personnes ont répondu présentes à l’assemblée générale (AG) organisée par le syndicat Solidaires Étudiant·es Alsace. Mais ce mercredi 20 avril, entre midi et deux, personne ne soulève la question du choix de chacun pour le second tour de l’élection présidentielle.
Pendant près de deux heures, la discussion porte plutôt sur la manifestation de ce samedi 23 avril contre la montée de l’extrême-droite. La formation d’un cortège jeunes est débattue, de même qu’une action de blocage d’un bâtiment universitaire ou l’organisation d’une manifestation à la suite du scrutin. Pour la plupart des jeunes présents, les urnes symbolisent la mort de la démocratie. C’est dans la rue que Louise, Even, Tanguy et Lucas veulent animer la vie démocratique.
« Nous sommes encore face à un choix illusoire »
Parmi les étudiantes à l’initiative de cette réunion, Marie (le prénom a été modifié) est une membre active du syndicat Solidaires Étudiant·es Alsace. Elle élude rapidement la question sur son choix pour le second tour de l’élection, « une chose est sûre : je ne voterai pas pour l’extrême droite ». Pour l’étudiante, « nous sommes encore face à un choix illusoire entre Macron et Le Pen. Nous avons organisé cette assemblée générale pour que les gens puissent discuter entre eux, et pour qu’ils puissent voir que la politique ne se passe pas juste tous les cinq ans. »
Étudiante en sciences du langage, Jean pense hésiter jusqu’au dernier moment entre s’abstenir et voter pour le président sortant, « malgré toute ma détestation envers Macron ». Critique à l’égard du fonctionnement de la Ve République, cette primo-votante a découvert « l’importance de la politique » lors de la mobilisation des lycéens contre « la gestion désastreuse de la pandémie par le ministère de l’Éducation Nationale. » Alors Jean apprécie cette assemblée générale, car elle en est persuadée : « Le plus important, c’est la démocratie dans la rue. C’est la discussion, le blocage et la manifestation. »
« Remettre en cause le système et se mobiliser »
Dans sa grande veste de chantier jaune fluo, Lucas a choisi l’abstention, dès le premier tour. L’apprenti ouvrier soudeur témoigne d’une classe ouvrière qui éprouve de plus en plus un sentiment d’abandon et se désintéresse du scrutin. Il exècre Emmanuel Macron depuis sa « réforme de l’apprentissage dégueulasse, qui a légalisé le travail de nuit pour les mineurs et qui rend plus rentable pour les patrons l’embauche d’apprentis plutôt que d’intérimaires. »
Pour ce membre de la section étudiante, lycéenne, apprentie de la CGT Education Alsace, « le vote barrage, c’est repousser l’inévitable, c’est faire le jeu de la consolidation de l’extrême-droite. Il n’y a plus d’autre solution que de remettre en cause le système et se mobiliser. Parce que la politique, elle se fait tous les jours dans la rue, dans les associations et les syndicats. »
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