Une scène immense en pleine nature vosgienne avec en toile de fond les vallons du Chena, des bières à foison et servies à la minute par des bénévoles rôdés, de larges espaces dédiés aux rencontres et à la papote, c’est le mix du festival Décibulles. D’habitude calé mi-juillet, ce rendez-vous alsacien qui marque le début des vacances démarre un poil plus tôt cette année, du vendredi 8 juillet au dimanche 10 juillet. Après une édition annulée et une édition étalée sur cinq jours, on devine qu’il s’agit là de l’empressement de la part de l’équipe du festival de pouvoir proposer à nouveau la formule complète.
Parmi les nouveautés de sa 28e édition, Décibulles annonce un espace dédié à des animations dans une ambiance de fête foraine déjantée, avec bowling et kermesse, et l’ouverture d’un cinquième bar, particulièrement consacré au service de « bières de caractère ou d’autres boissons originales. »
Côté musique, Décibulles a choisi la sécurité cette année, avec des artistes capables à eux-seuls de remplir les quelques 9 000 places disponibles chaque soir. Citons par exemple Parov Stelar (dimanche), qui emmène les foules sur toutes les scènes majeures grâce à ses mix d’electro-swing, ou en profitant de la tournée des Stranglers, ce groupe britannique presque cinquantenaire, survivant du punk et dont les titres phares, « Always the sun » ou « Golden brown », ont bercé des générations. Il y a cependant des pépites plus rares qui ponctuent le programme 2022.
Vendredi, gros hip hop vs show Vitalic
La soirée de vendredi est probablement la plus hip hop de ce festival plutôt connu pour ses choix électro et rock. Les amateurs de rap attendront probablement le set de Niksa, dont la voix s’exprime rarement sans autotune. Ils pourront utilement patienter avec le rap branché quartiers du Strasbourgeois Larry (plusieurs fois évoqué sur Rue89 Strasbourg ici), et peut-être découvrir le flow nettement plus sophistiqué, mais plus intime aussi, du sélestadien Ruff.
La papesse belge d’un soul berceur Selah Sue est l’artiste la plus consensuelle de la soirée. Il faut dire qu’avec sa voix à la fois claire, chaloupée et puissante, elle est capable de faire l’unanimité dès qu’elle se trouve derrière un micro. Son dernier album comporte même des titres aux accents hip hop :
Mais le clou de la soirée, ce pourrait être le show de Vitalic, qui promet d’être particulièrement spectaculaire alors que l’artiste électro fête ses vingt ans de carrière. Le musicien est revenu à un style plus trash, plus hardcore, ses deux derniers albums proposent des sons plus industriels que les titres qui lui ont valu son succès populaire.
Samedi, entre les Stranglers, Wookid et La Femme
Attention grosse affluence attendue samedi soir ! Avec la programmation des Stranglers, Décibulles s’assure un public prêt à voyager sur 50 ans de musique rock. L’autre star de la soirée, c’est Wookid et son étonnante pop hypnotique. Wookid s’écoute très bien chez soi, mais c’est encore autre chose de constater la puissance de sa voix grave en concert. Et la soirée intègre aussi les talentueux musiciens de La Femme, dont le pop-rock français convainc tout le monde.
A noter ce soir là, la présence de Pales, excellent jeune groupe de post punk strasbourgeois. Pales se retrouve sur la grande scène après avoir remporté le tremplin Décibulles, ce qui n’est pas une surprise étant donné que le groupe accumule les victoires (sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges, finaliste du tremplin Rock’n’Folk), grâce à un style qui charrie son lot d’énergie, sans négliger les impératifs mélodiques. Clairement à découvrir samedi en se collant face à la scène. Tout l’air frais du vallon ne sera pas de trop pour oxygéner le public à ce moment-là.
Fin juillet, ce groupe enregistre (enfin) son premier album à La Turbine à Niefern, dans le nord du Bas-Rhin (lire notre article sur ce studio). Pales, qui s’autoproduit contre toute attente, cherche le soutien de ses premiers fans pour financer cet album, via la plateforme Kiss Kiss Bank Bank.
Dimanche éclectique dès l’après-midi
La journée du dimanche est très éclectique, mêlant dès 15h des signatures du reggae, du rap, de la pop et de l’electro. La tête d’affiche est évidemment Parov Stelar et son electro swing sur-entendu mais jamais déplaisant. Décibulles fait revenir les très festifs Dub Inc. et laisse une belle place à Entourloop, un groupe de reggae qui trompe la monotonie du genre par quelques pointes de hip hop.
Le groupe lauréat du tremplin Décibulles pour ce dimanche, c’est Maeva qui propose une pop soul détendue bien qu’un brin classique. Les amateurs du genre y retrouveront tous les codes du genre, parfaitement maîtrisés.
Les plus curieux rendront visite à Murman Tsuladze, un artiste dont les compositions allient des sonorités orientales traditionnelles avec des orchestrations actuelles. Le mélange fonctionne à nouveau et comme il se présente comme un groupe de « disco de la Mer noire », il peut être utile d’échapper pour un temps à la grande scène, voir si un dance floor se créée devant la petite…
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