Au cœur de l’été, le paysage des médias locaux strasbourgeois s’est enrichi d’un nouveau venu : Actu.fr a lancé une édition « Strasbourg ».
Propriété de Publihebdos, lui-même filiale du groupe Ouest France, Actu.fr vient de l’Ouest comme l’atteste ses 30 éditions en Normandie, 15 éditions en Bretagne, tout comme en Pays-de-Loire ou 14 en Île-de-France. Le site, basé à Rennes, existe depuis février 2017 et s’appuie sur les informations issus des nombreux hebdomadaires locaux du groupe. Le média traite aussi les principales nouvelles nationales et internationales, notamment en publiant les dépêches de l’Agence France Presse.
Francis Gaunand, président du directoire de Publihebdos, retrace l’ambition de cette jeune plateforme :
« En 2012, nous avons lancé des sites pour chaque titre de notre réseau, mais nous avons remarqué que les informations avaient du mal à sortir de leur territoire. On manquait de crédibilité, de visibilité ou de référencement. Après un virage stratégique en 2015, l’idée a été de créer une « marque ombrelle », pour faire remonter de belles histoires, des informations insolites, qui méritent une audience plus large, tout en gardant nos marques hyperlocales qui ont des affinités avec leur audience. L’objectif est de se rassembler pour éviter des disparitions de titres et des déserts médiatiques comme aux États-Unis. On a vu que cela fonctionne, qu’on arrive à distribuer l’information et avoir une couverture nationale. Aujourd’hui, nous complétons notre couverture dans des zones où nous étions peu présents. »
De 1 à 4 journalistes dans le Grand Est
Ainsi, certaines informations strasbourgeoises, notamment les plus insolites ou les « premières en France » ont vocation à remonter sur la page d’accueil nationale d’actu.fr, de bénéficier de son référencement et ses réseaux sociaux. D’autres articles de l’édition Strasbourg seront avant tout à destination des habitants, comme les sorties, les transports ou les infos pratiques.
D’après l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM, ex-OJD), Actu.fr totalise plus de 50 millions de pages vues par mois depuis mai 2019, en croissance constante (+76,35% en un an). À force de nouvelles éditions ou « d’ouverture à des partenaires, » hors Publihebdos, actu.fr est entré dans le top15 des sites d’info français et dans le top3 des sites de presse régionale (après Le Parisien et Ouest France). Dans le Grand Est, où seule une édition Metz-Nancy existait jusqu’à l’été 2019, l’audience serait de 2 millions pages vues, selon Francis Gaunand.
Nicolas Zaugra ancien journaliste-fondateur du site Lor’Actu, a débuté l’édition Nancy-Metz, la seule du Grand Est, en octobre 2017. Et depuis cet été, l’équipe régionale est passée à quatre : un journaliste à Nancy, une à Metz et une jeune journaliste à Strasbourg, Ninon Fauchart. Nicolas Zaugra chapeaute la petite équipe et se déplace d’une ville à l’autre.
À Strasbourg, il faut « être un peu chauvin »
Pour Nicolas Zaugra, l’enjeu pour actu.fr n’est pas chasser sur les terres des médias déjà installés :
« La concurrence est saine. Notre objectif est de diffuser ce qu’on ne lit pas ailleurs. On sait que ce n’est pas le cas aujourd’hui à Strasbourg, mais il nous faut un peu de temps pour nous adapter au paysage médiatique de chaque ville, devenir complémentaire de ce qui existe déjà. On fera peu de reprise d’informations des concurrents, sauf scoop majeur. »
Parmi les spécificités identifiées pour percer en Alsace :
« Être un peu chauvin, parler de la fierté régionale, des spécificités alsaciennes, la gastronomie ou le Racing. On ne suivra pas tous les matches, mais ceux dont tout le monde parle comme Paris ou le derby face à Metz. »
Les élections municipales en ligne de mire
Comme toute rédaction locale, Actu.fr s’attend à ce que les élections municipales soient une période intense. Nicolas Zaugra reprend :
« Avec Nancy, Metz et Strasbourg, on observe trois villes assez similaires : une sociologie qui vote au centre-gauche, de la piétonnisation, du vélo ou les transports en commun qui se développent, tout le monde qui annonce vouloir planter des arbres et d’un point de vue politique La République en Marche qui cherche comment se positionner. On ne sera pas trop dans les histoires de listes, mais on va regarder les projets, qui dit quoi sur le bio dans les cantines, les zones commerciales, etc. On sait qu’à Nancy-Metz, on est très attendu. À Strasbourg, on est plus récents, mais on compte aussi être présent. »
Après un peu plus d’un mois, difficile pour Ninon Fauchart de lister un sujet emblématique. Mais elle a été frappée par « les initiatives locales, » nombreuses à Strasbourg comme « le compostage » ou « les microbrasseries », des idées et des personnes qu’elle a découvertes en prenant ce poste, alors qu’elle vivait à Strasbourg depuis plusieurs années. Quant à Nicolas Zaugra, il garde un souvenir marquant des attentats à Strasbourg : « J’étais venu sur place, on avait notamment parlé des victimes lorraines parmi les blessés. »
La publicité pour financer l’info
Le site fait le choix de la gratuité totale avec de la commercialisation d’espaces publicitaires. Le site n’est pas à l’équilibre seul, mais le groupe l’est grâce à ses titres (plus de 3 millions d’euros de bénéfices en 2017).
Francis Gaunand détaille :
« On est dans une logique web-first (priorité à internet), mais les 350 journalistes du groupes produisent plus que ce qu’il y a sur Actu.fr, certains contenus étant gardés pour les hebdos. On teste un espace premium notamment pour nos abonnés papiers, mais la priorité est encore à la hausse de la notoriété et des audiences. »
Depuis septembre, Actu.fr publie environ deux articles par jour dans son édition « Strasbourg. »
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