Itawak, tu connais peut-être déjà. Ils produisent des groupes comme Yurodivy, LMDA, Moyan ou Contwig et ils sont très présents aux studios Kawati, au Port-du-Rhin au fond de Strasbourg avant l’Allemagne. Jérémy Lemon et Jackson ont eu la gentillesse de répondre à mes petites questions à l’approche du Itawak Fest.
Rue89 Strasbourg : Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Jérémy Lemon et Jackson : « Itawak records c’est avant tout un label, mais pour pouvoir avancer au niveau production phonographique, pas mal d’activités annexes ont été développées au sein de la structure. Ça va être compliqué de tout citer, mais par exemple la distribution physique des vinyles sur les concerts et via une boutique en ligne où on peut écouter tout le catalogue gratuitement. Bien sûr, on travaille beaucoup en studio et en répétition avec les groupes que nous accompagnons, dans le but de faire des belles sorties et d’arriver à ce que le groupe puisse défendre son bébé sur la route par la suite. Nous tenons également un bar associatif aux Kawati Studios, et parfois il nous arrive d’organiser des concerts à Strasbourg. »
Quels sont les styles musicaux qui caractérisent votre label ?
« On privilégie tout ce qui se vend très mal, tout ce qui est trop violent pour la majorité des gens ! On intervient dans une scène de niche, on favorise donc tout ce qui a du mal à tourner en France. Parce qu’on aime le challenge ! »
C’est votre tout premier festival ! Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer ?
« L’argent, bien entendu ! Non, en fait, ça fait un moment qu’on croise pas mal de supers groupes sur la route, ou dans différentes salles des fêtes punk et autres lieux associatifs pour les jeunes. L’envie d’organiser une grosse fête avec tout le monde en même temps s’est fait de plus en plus présente. L’organisation de concerts n’est pas notre activité principale, donc on préfère bosser pour organiser un truc un peu fou une fois dans l’année, histoire de tout donner à ce moment-là. »
Comment avez-vous sélectionné les groupes ? Les avez-vous déjà tous vus en concert ?
« On a croisé la majorité des groupes au détour de tournées, mais on a surtout voulu faire une prog qui corresponde à ce qu’on aime et à ce qu’Itawak représente comme musique. C’est pour ça qu’au final les styles sont vraiment vastes sur les trois jours. Bon, je ne te cache pas que globalement, on part sur de la violence, mais ça va quand même du post-rock à cordes au black métal, en passant par du punk rock, ou du post-métal. Dans tous les cas, ça va swinguer ! »
Pourriez-vous me présenter quelques groupes qui passeront au Itawak Fest ?
« Euh … Alors là, ça va être dur de choisir ! Parce que forcément, on pense que tous les groupes méritent qu’on parle d’eux. Mais disons qu’au lieu que de parler des projets que tout le monde connaît déjà comme Wiegedood, Coilguns, Red Apollo, Chiens, ou ZEUS! que les gens peuvent avoir l’occasion de croiser en France régulièrement, on peut attirer votre attention vers des groupes plus méconnus par ici, mais qui n’oublient pas de rocker comme il faut et qui viennent de super loin pour jouer à Strasbourg.
Par exemple nos petits chouchous de Joliette qui déboulent du Mexique quand même et qu’on a déjà pu voir en live plusieurs fois. Ajoutons au passage que c’est assez phénoménal d’être aussi doué et sympa en même temps ! Ils sont en tournée avec les Suédois de Nionde Plagan qui vont, j’en suis sûr, beaucoup plaire à nos voisins… Et puis ensuite, il y a bien sur quelques groupes locaux que nous apprécions particulièrement tel que Oural, également produit par Itawak, AFAR, The boring, Géraniüm, La Consigne, Dead End… Bref, que des copains ! »
Vous parlez pas mal de DIY (do it yourself), ça se traduit comment concrètement ? Et ça représente quoi à vos yeux ?
« Le côté DIY mis en avant ici l’est tant par nécessité que par éthique. Nécessité parce que nous n’avons pas les moyens financiers de faire autrement. Cette scène alternative que l’on cherche à promouvoir ne peut exister que grâce à la bonne volonté des gens qui la constituent et la font vivre. On essaye de faire le maximum avec le peu que l’on a. Alors on optimise, parce qu’on a des idées plein la tête !
Éthique aussi parce que le mode de fonctionnement DIY colle avec les idées libertaires et autogestionnaires portées par de nombreuses personnes dans cette scène et revendiquées par de nombreux groupes. Concrètement, ça passe par de la débrouillardise, de l’échange de compétences, et surtout beaucoup de gens prêts à aider. Au-delà du côté pragmatique, il y a donc aussi une grande satisfaction de voir ce que l’on arrive à faire avec l’addition de la bonne volonté des gens ! »
J’ai vu qu’il y aura de la nourriture végétarienne en prix libre. C’est vous qui allez cuisiner ?
Exact ! Le DIY, ça marche aussi pour la popote ! Certains d’entre nous et d’autres adorables personnes amatrices de musiques qui piquent vont s’appliquer pour que les estomacs soient aussi satisfaits que les oreilles pendant ces trois jours. Végé/végan, pour que tout le monde puisse manger. Et le prix libre pour laisser les gens estimer ce qui leur semble être juste en fonction de leurs moyens. C’est une façon de responsabiliser le public, qui n’est pas « consommateur », mais réellement « acteur » de la scène.
Quelle est l’ambiance souhaitée pour ce premier festival ?
« Là comme ça, j’ai envie de dire : Guerre, feu, village. Mais en vrai on tient aussi beaucoup à ce que les principes qu’on défend via Itawak records correspondent à l’ambiance générale du festival. On fait de la musique violente pour des gens non violents, l’ambiance sera conviviale et festive. Nous n’accepterons en aucun cas un quelconque comportement déplacé pouvant mettre mal à l’aise qui que ce soit ! »
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