L’enquête de FranceInfo commence par le témoignage anonyme d’une ancienne policière. L’Alsacienne raconte ce vendredi 4 novembre 2016 où il lui est tout à coup impossible de bouger en sortant du supermarché. Diagnostic à l’hôpital : une hernie discale. L’officier de police judiciaire est arrêtée plus de trois semaines. Mais à l’été 2017, la policière souffre à nouveau des mêmes douleurs. Elle est opérée une seconde fois en août.
Deux mois plus tard, en octobre 2017, le docteur Christian Frey la reçoit pour une visite de contrôle. Le médecin inspecteur décrète qu’elle peut reprendre le travail. Mais le jour de la reprise, Alice (le prénom a été modifié) se retrouve à nouveau paralysée. « Un IRM a malheureusement objectivé une récidive précoce de la hernie discale, ce qui a nécessité une nouvelle intervention », écrit son médecin traitant dans un rapport que FranceInfo a pu consulter. Elle sera arrêtée jusqu’en mars 2018.
Un médecin chef déjà condamné
Ce n’est pas la première fois que ce médecin de la police du Grand Est fait des ravages. Pour rappel, le tribunal correctionnel de Metz a condamné en 2019 l’ancien médecin chef à 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles sur huit policières et un policier, tous issus de la police nationale dans le Grand Est. En janvier 2022, la cour d’appel de Reims a condamné Christian Frey à un an de prison avec sursis. Il est désormais interdit d’exercer la médecine.
Un second témoignage de policier alsacien pointe la même défaillance d’un médecin de la police. Pour Pascal (le prénom a été modifié), la pathologie est psychologique puisqu’il est victime d’un stress post-traumatique. L’enquête de FranceInfo détaille l’origine de son traumatisme ainsi qu’un premier rendez-vous avec Christian Frey puis un second, avec l’expert psychiatre strasbourgeois, le docteur Henri Brunner. Ce dernier a déjà fait l’objet d’une plainte de plusieurs psychiatres pour des expertises baclées et des comportements humiliants vis-à-vis des personnes expertisées, comme l’avait révélé Rue89 Strasbourg.
Dr Brunner : « Qu’il y ait quelques mécontents, c’est inévitable »
Le Dr Brunner n’avait pas donné suite à notre demande d’interview en janvier 2021. Il a néanmoins répondu à notre consœur de FranceInfo indiquant n’avoir « jamais eu de problèmes » devant la justice. L’expert psychiatre a aussi indiqué qu’il réalise « environ 700 expertises par an (…) Donc qu’il y ait quelques mécontents là-dedans, c’est inévitable. »
Quelques heures après la publication de l’article, le policier Pascal a reçu un mail lui indiquant qu’une de ses revendications est enfin satisfaite : à partir du mois d’août, un demi-traitement lui sera versé. « C’est la moitié du salaire réglementairement maintenue tant que le conseil médical ne s’est pas prononcé, indique Pascal auprès de Rue89 Strasbourg, dans mon cas, l’administration volontairement a omis de le verser… »
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