20h30, une petite centaine de personnes ont les yeux rivés sur un grand écran au coeur du Parlement de Strasbourg. Ils écoutent les réactions des têtes de listes européennes… à Bruxelles. Les quelques militants politiques et membres d’associations présents se sont sentis bien seuls en cette soirée du 26 mai. Claire Bello, attachée de presse et « européenne convaincue », ne cache pas sa colère : « Je suis très déçue de l’absence de députés européens ici ce soir. »
Ambiance : « C’était l’angoisse »
L’Alsacienne Anne Sander (LR) est la seule eurodéputée présente. Toute la soirée, sa réélection dans l’hémicycle strasbourgeois n’était pas assurée en raison du faible score de sa formation. Le seul cocktail organisé pour cette soirée électorale a l’amer goût de la défaite. Triste ambiance au Parlement, comme en témoigne le président des Jeunes Républicains, Yonas Eshete :
« C’était l’angoisse. On a passé la soirée à appeler les sièges des autres partis du PPE toutes les quinze minutes pour avoir des infos sur le résultat. Notre priorité, c’était le siège d’Anne Sander. »
Une seule fête, une défaite
« Il y a cinq ans c’était la même chose. Il y avait un seul cocktail organisé et c’était celui de Catherine Trautmann (qui a perdu son siège européen en 2014, ndlr) », commente Caroline Princen, la patronne du bar du Parlement. Ce soir, les eurodéputés lui manquent aussi : « L’activité est faible. Il y a peu de clients par rapport aux soirées de session, où certains députés peuvent fêter une directive votée. »
« C’est à Bruxelles que ça se passe »
Il est près de 23h. Plus de la moitié des chaises du bar sont libres. Un trio de jazz joue pour cinq personnes, dont Larbi, employé du Parlement. Présent à Bruxelles lors des élections de 2014, il n’est pas étonné par ce calme au siège strasbourgeois : « Les chefs de partis, les eurodéputés, ils sont tous là-bas. C’est à Bruxelles que ça se passe, on le voit à la caméra. Mais normalement ils devraient être ici, c’est ici le siège. » Larbi espère quitter la soirée au plus vite.
Aucun eurodéputé français… mais quelques candidates en positions inéligibles comme Pernelle Richardot, du Parti socialiste et Nawel Rafik-Elmrini de La République en marche… Dans le bar, une candidate du Rassemblement national discute autour d’un verre. Hombeline du Parc figurait à la 48ème place de la liste. La conseillère régionale se dit « très fâchée de l’absence d’eurodéputés » mais elle semble la seule élue RN présente au Parlement ce soir. « Les figures du parti sont obligées de rester à Paris, pour répondre aux médias et intervenir en plateau », justifie-t-elle. Les sympathisants de l’extrême-droite ont préféré fêté leur victoire « anti-Macron » au restaurant Zum Striesel.
Un duplex, « quand même important »
Trois tables plus loin, un député LREM de Strasbourg boit un demi en grignotant quelques bretzels. Thierry Michels vient d’arriver au Parlement. L’élu strasbourgeois a d’abord fêté avec l’équipe de campagne à l’Indiana Café sur la presqu’île Malraux. En regardant la trentaine de personnes encore devant l’écran, il regrette presque d’être venu :
« C’est assez étrange. Je ne sais pas trop ce qui se passe. Peut être que je suis venu trop tard. Enfin la prochaine fois je saurai que ce n’est pas la peine de venir après 23h. »
Plus optimiste, la présidente des Jeunes Européens de Strasbourg ne s’étonne pas du cours de la soirée. Camille Petitjean invoque la présence de la Commission européenne à Bruxelles et défend l’ouverture du Parlement strasbourgeois ce 26 mai :
« C’est important que tout le monde puisse partager cette soirée électorale ensemble et dans cet endroit qui est méconnu d’une bonne partie de la population. C’est en duplex, mais c’est quand même important. »
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