Nouvelle saison et nouvelle direction. Pour évaluer l’action de Keller & Cie, il ne s’agira pas de se focaliser uniquement sur les perfs de l’équipe première. Tout dépend de la vision globale qu’on a du Racing. Dire que l’on veut retrouver au plus vite le monde pro et miser sur les jeunes, c’est bien joli, mais ce n’est pas un projet en soi. Quid du rapport avec les supporters ? Quid du jeu et des joueurs ? Quid du fonctionnement interne du club ? Ce que j’attends, c’est que le Racing se développe ambitieusement et se dirige vers un horizon réellement nouveau. De grâce, que l’on transcende enfin tous les bas conservatismes. En prend-on le chemin ? Rien n’est moins sûr, mais on peut toujours rêver.
Des passerelles avec l’Allemagne
Le RCS porte-drapeau alsacien, on l’a assez entendu. Maintenant, je devrais même parler du RCSA – A pour Alsace – compte-tenu de la nouvelle dénomination suggérée en haut lieu par les instances politiques. L’Alsace comme perspective indépassable, que de progrès. Je n’ai rien contre le Racing en tant que club phare de la région (et c’est incontestable), à condition de faire preuve d’un peu d’ouverture. Les griots qui répètent à longueur de temps « Racing fleuron d’Alsace » sont en général les mêmes qui répugnent à envisager tout contact avec l’Allemagne. Réveillez-vous, que diantre ! On est en 2012, les barrières douanières sont tombées, on a la même monnaie et on parle (presque) la même langue. Le Sportschau du samedi est massivement regardé Outre-Rhin… comme en Alsace ! Culturellement, il y a ici un terreau plus que fertile au développement de passerelles avec l’Allemagne. Si on voulait bien s’en donner la peine, le Racing pourrait ô combien en profiter. Bien-sûr, je parle d’un vrai travail de fond, construit et pensé pour durer ; il ne s’agit pas juste d’organiser un match amical de temps en temps contre Kehl, Offenburg ou Linx.
Une identité ouverte
Le foot en Allemagne, c’est autre chose qu’en France : une fièvre de tous les instants. Dans le train, on y annonce au micro les résultats de la Bundesliga. En dix ans, les affluences ont explosé et pas qu’en première division (42 000 en moyenne actuellement). Certains Vereine de 3. Liga fidélisent plus de monde que des clubs de Ligue 1 ! Rien ne sert toutefois de fantasmer vainement sur le Fussball sans songer à s’en inspirer concrètement : relation club/supporters, produits dérivés, billetterie, mode de gouvernance des clubs, mentalité des joueurs, etc. Pourquoi le Racing ne nouerait-il pas un partenariat – au niveau de la formation par exemple – avec Karlsruhe, Stuttgart ou Fribourg ? Depuis au moins vingt ans, une amitié existe entre supporters du RC Strasbourg et fans du Karlsruher Sport Club. En 2002, les Ultras Boys 90 officialisaient un jumelage avec leurs homologues des Phönix Sons 99. Le Racing se devrait de valoriser une identité ouverte, mettant en exergue son originalité intrinsèque : un club strasbourgeois, alsacien et français, qui assume son rapport privilégié avec l’Allemagne. Et qui le revendique fièrement et sereinement.
Le public : une priorité
Au Racing comme dans des tas de clubs, ce sont bien souvent les fans qui donnent l’exemple. Fondée il y a deux ans, la Fédération des Supporters du RCS est parvenue avec trois francs six sous à impulser ce que si peu de dirigeants avaient pris la peine de faire, à savoir s’atteler à la défense de la « culture club ». Regroupant certaines associations de supporters (UB90 et KCB en tête), la Fédé est une entité active qui organise des rencontres joueurs/supporters, des soirées festives ou encore des déplacements à l’extérieur. Les bénévoles qui gèrent tout cela sont à saluer et méritent une sincère gratitude. Toutefois, le dynamisme de la Fédé ne doit pas exonérer la direction du club d’initiatives propres visant à développer, en collaboration avec les fans, ce qu’on peut appeler une « culture supporters ». Certes, on est en quatrième division, les moyens ne sont pas illimités, mais cela n’empêche pas d’avoir des idées et d’en mettre certaines en pratique sans plus tarder. Le public devrait constituer une priorité dans la politique de tout club qui se respecte.
Soigner l’avant-match
Pour un supporter, le match de foot ne se limite pas à 90 minutes et à la contemplation fiévreuse de 22 types en short. On ne le mesure peut-être pas assez, mais l’avant-match revêt une importance toute particulière. On ne débarque pas forcément au stade à la dernière minute. Bien avant le coup d’envoi, beaucoup de fans apprécient de se rassembler autour des buvettes pour discuter, rigoler, manger un morceau et boire un coup. Encore faut-il proposer de véritables espaces de convivialité ! Au Racing traditionnellement, tu as juste le droit d’ingurgiter, debout, ton sandwich (infâme) qui dégouline partout comme il se doit, car il n’y a même pas une pauvre table haute à laquelle s’accouder. A quand des produits bon marché et de qualité aux stands ? A quand des tables en bois façon « mesti » pour pouvoir se poser tranquillement ? Au cours de la saison dernière, les choses avaient quelque peu évolué dans le bon sens. Notamment, la bière (artisanale qui plus est) avait fait son apparition à des prix défiants toute concurrence. Il faut soigner l’avant-match. Les supporters doivent pouvoir débouler une heure avant et se sentir chez eux. Une dernière idée : pourquoi ne pas recycler le salon des présidents pour en faire un « bar des sports » et, ainsi, ne pas se les geler complètement quand la bise sera venue ? Le championnat de CFA promet d’être long et âpre, autant donc que le public le vive dans les meilleures conditions.
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