Raison n°3 : Produire plus de reportages à Strasbourg et en Alsace
Le reportage, c’est la base du journalisme. Passer du temps sur le terrain, observer, décrire les lieux, les personnages, prendre du temps avec les personnes, pour les écouter… Et pourtant, en septembre, le journal Le Monde a lancé une opération avec de 100 reportages, appelés « Fragments de France » pour raconter le pays après le Covid. Pourquoi avoir besoin de survendre ce qui est un des fondamentaux de la profession ?
Le journalisme moderne se trouve dans ce paradoxe. De nos jours, affirmer la force d’un média, c’est montrer sa capacité à produire des reportages. Car le reportage, c’est du temps. Trouver un sujet, se documenter, préparer sa venue, prendre des rendez-vous, passer du temps sur place, puis autant de temps pour l’écrire…
Le reportage, un genre délaissé pour des raisons économiques
Pourtant, beaucoup de médias écrits délaissent le reportage. Selon les travaux du sociologue des médias Jean-Marie Charon, la diminution du nombre de reportages est l’une des raisons pour lesquelles de plus en plus de journalistes quittent la profession. Pour une entreprise médiatique, il est plus rentable d’avoir des effectifs qui restent au bureau, enchaînent les articles d’actu « chaude » à base de communiqués, de réécritures de sujets repérés chez la concurrence ou réalisés grâce à quelques coups de fil rapides. Ce mode de travail permet de produire 4 ou 5 articles par jour et par personne.
L’espoir est qu’une partie de ces articles rencontrent ensuite une très grande audience, grâce à titre incitatif ou des partages en masse sur les réseaux sociaux. À Rue89 Strasbourg aussi, il arrive qu’une brève rédigée en une heure cumule plus de vues qu’un article fouillé qui a nécessité des jours de travail. Nos 10 ans d’existence nous ont bien fait comprendre que le rapport entre audience et quantité de travail n’est jamais une science exacte.
À la télévision également, cette tendance est à l’œuvre. Sur certaines chaînes d’information en continu, les journaux en images raccourcissent, les chaînes étant de moins en moins prêtes à payer des équipes sur une journée pour des sujets de 3 minutes. A contrario, privilégier des plateaux où quelques invités déblatèrent sur l’actualité pendant une heure est bien plus rentable… et tant pis si les propos sont approximatifs.
Le reportage, un pilier de notre publication
À Rue89 Strasbourg, le reportage est l’un des piliers de la publication, aux côtés de l’enquête. Le reportage, c’est aussi le contact avec des sources, qui parfois glissent quelques idées, des observations et intuitions qui donneront lieu à de futures enquêtes. Nos lignes directrices : trouver des idées originales, sortir de nos habitudes, de nos biais urbains, traiter des situations en longueur…
Lorsque la frontière était fermée à cause du Covid, Rue89 Strasbourg était allé jusqu’à la limite de la Sarre, entre Kleinblittersdorf et Grosbliederstroff pour raconter au mieux cette soudaine séparation entre la France et l’Allemagne. Quelques mois plus tôt, nous avions raconté l’histoire de cet Alsacien qui construit une maison en pneus à Lembach, ou le dernier trajet du train Saint-Dié – Épinal, une ligne devenue emblématique de l’abandon du ferroviaire et finalement relancée par le gouvernement. En 2021, nous avons produit un reportage dessiné sur un stage pour des auteurs de violences conjugales. À chaque fois que c’est possible, nos reporters partent accompagnés d’un photographe professionnel.
Documenter des situations méconnues
Le reportage, c’est aussi jeter une lumière directe sur des situations méconnues. Ainsi, à Strasbourg nous sommes allés dans un bidonville niché près d’une bretelle d’autoroute et nous nous rendons régulièrement dans les squats de sans-abris, à la campagne dans ces poulaillers dits en « plein air » mais où les poules ne sortent pas… Nous sommes allés voir à l’intérieur d’une usine Herta et documenté la forêt vosgienne qui disparaît, mangée par les cerfs. Dans tous ces lieux, nos journalistes deviennent les yeux des lecteurs et des lectrices.
Chaque été, nous élaborons une série originale, alimentée par des sujets que nous ne produirions pas le reste de l’année. Ces dernières années, nous avons exploré l’histoire des « Gangsters d’Alsace« , les « frontières invisibles » de la ville, la folie des hommes pour les animaux ou encore les rencontres amoureuses. Des séries qui ont permis de découvrir les égouts de Strasbourg ou l’univers réglé des jardins familiaux.
Soutenir et renforcer Rue89 Strasbourg, c’est la garantie de lire des reportages variés et des idées originales qui offrent un regard original sur Strasbourg et votre région.
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