« C’est la première fois que tous les groupes scolaires du secteur s’organisent ensemble. C’est un ras-le-bol collectif. » Après que les derniers enfants aient quitté sa classe, une enseignante s’autorise un ton plus sérieux. Celle qui se vante avec un sourire d’être la « plus ancienne maîtresse de l’école » – 23 ans au groupe scolaire Paul Langevin – assure avoir vu ses conditions de travail se détériorer au fil des années. Comme toutes les professeures des écoles de son établissement, mais aussi une grande partie de ceux de l’école Charles Wurtz, Marguerite Perey et du collège Sophie Germain, elle fera grève le jeudi 13 juin.
Les trois écoles bordant la Cité nucléaire, à Cronenbourg, avaient déjà déposé une alerte sociale commune. Désormais, ils constitueront un cortège commun, jeudi 13 juin à 9h devant l’école Langevin, pour marcher ensemble jusqu’au rectorat, avec le soutien d’une intersyndicale composée de FO, la CGT, la FSU, SE-Unsa et la CFDT.
Manque chronique de remplaçants
Dans toutes les écoles, les enseignants dénoncent un manque d’effectifs récurrent. « On se mobilise pour avoir plus de moyens, il faut vraiment plus de remplaçants », soupire l’enseignante :
« Cette année par exemple, pour une enseignante qui partait en congé maternité, nous étions avertis plusieurs mois à l’avance mais nous n’avons trouvé qu’au tout dernier moment une remplaçante. »
Depuis l’un des couloirs colorés de l’école, une collègue entend la discussion et opine du chef. « Aujourd’hui même (mercredi 7 juin, NDLR), on a dû se partager la classe d’une collègue qui ne pouvait pas être remplacée », commente-t-elle : « Et l’année dernière, nous n’avions justement pas réussi à trouver de solution pour une autre collègue en congé maternité. On a dû se répartir sa classe entre nous. »
À l’école Charles Wurtz, un professeur fait le même constat. Il est aussi pénalisé par le manque constant d’accompagnant d’élèves en situation de handicap : « On n’a pas les moyens humains pour accueillir tous ces enfants convenablement. Et au final, il y a des enfants qui restent chez eux certains jour de la semaine, à cause du manque d’accompagnants. »
Requalifier en REP+
En plus des problèmes de personnel, les deux enseignantes évoquent aussi une atmosphère tendue dans le quartier. Le souvenir d’un individu armé rodant autour de l’école, en février, est encore dans toutes les têtes. « Et puis il y a aussi les événements de l’été 2023 (suite à la mort de Nahel à Nanterre lors d’un contrôle de police, NDLR), l’incendie du collège Sophie Germain. Ça nous a marqué », glisse l’une d’elle. À cause d’un autre incendie, l’école Marguerite Perey n’avait pas pu ouvrir pour la rentrée scolaire en septembre 2023.
Pour obtenir plus de moyens, les enseignants réclament aussi le classement du collège Sophie Germain, actuellement en REP, en REP+. En plus des dispositifs déjà appliqués en REP, les enseignants en REP+ disposent de plus d’heures consacrées au suivi de l’élève en dehors de la classe, notamment auprès de ses parents.
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