Le premier coup d’œil est trompeur : des maillots de football floqués aux noms d’Eden Hazard et Mesut Özil (des joueurs belges et allemands), des chaussettes jusqu’au tibia et des baskets colorées. Pourtant, il ne s’agit pas, ce mardi soir, d’un banal match de foot urbain. « C’est une partie ensanglantée ! Pour dénoncer les violations des droits de l’homme et les menaces contre les personnes LGBT+ au Qatar », explique Cécile Mourier. Elle est membre des footeureuxses, un jeune collectif de personnes queer (de minorités sexuelles ou de genre) en mixité choisie (sans hommes cisgenres, c’est-à-dire qui se reconnaissent dans le genre assigné à la naissance).
Le noyau dur « d’environ 18 personnes », compte Cécile, se retrouve pour jouer de manière informelle depuis une petite année. « Mais nous sommes en train de nous structurer en association sportive, Olymqueer, dont nous serons la section foot », précise la joueuse arborant maillot et bonnet blancs.
« Montrer qu’on existe en tant qu’équipe queer »
Ce mardi soir, le groupe a décidé de jouer sur le parvis du palais de justice pendant le premier match de l’équipe de France au Qatar, pour fustiger « l’inaction de nos dirigeants et l’hypocrisie de la Fédération française de football » et parce que « le sport, c’est politique« . Barbouillée de faux sang, ayant tracé des slogans (« Coupe du monde de la honte », « la FIFA tue ») sur les t-shirts et sur un drapeau français taché, la petite dizaine de personnes présentes veut montrer un autre visage du ballon rond :
« On aurait pu faire un autre genre d’action, mais on voulait jouer. Parce que le foot, c’est trop cool, on adore ça ! C’est le foot de la FIFA qu’on n’aime pas. »
Cécile Mourier, membre des footeureuxses
Cécile ajoute que « l’idée était pour nous de montrer qu’on existe en tant qu’équipe queer, qu’on n’a pas peur d’être là, d’être visible, et de s’approprier l’espace public ». Elle encourage d’ailleurs les personnes « intéressées par une équipe non compétitive, de tout niveau » à les rejoindre.
D’autres contre-actions pendant le mondial et un autre match écarlate samedi
La joueuse insiste sur la vocation militante de la toute jeune association : « on souhaite organiser des événements, des rencontres, nouer des dialogues avec d’autres organisations militantes strasbourgeoises autour d’actions non-violentes ». Avec ses « partenaires », dit-elle, elle a l’idée « d’investir un bar qui boycotte le mondial et proposer autre chose, un documentaire sur le foot féminin par exemple… »
Dimanche après-midi, le premier jour du mondial, les footeureuxses avaient déjà joué au foot sur le même parvis et fait un « die-in » pour représenter les ouvriers morts sur les chantiers des infrastructures de cette coupe du monde. Ce mardi soir, au bout d’une vingtaine de minutes, le score ressemble plus à un match de handball : 10 à 8. Certaines entament « I will survive » à chaque but.
Elles donnent rendez-vous ce samedi à tous les volontaires qui veulent taper du ballon ensanglanté devant le tribunal. Ce sera pendant le match de l’équipe de France contre le Danemark à 17h.
Chargement des commentaires…