Habituellement, ce sont les intermittents qui occupent des théâtres, bloquent un festival, lieux emblématiques de leur profession. Mais depuis mardi soir, on ne trouve pas que des intermittents, sur les planches du Théâtre National de Strasbourg (TNS). Lycéens, étudiants, cheminots, salariés, précaires et membres de Nuit Debout, les ont rejoints pour une assemblée générale (AG) unitaire, dans une salle inoccupée du théâtre.
Mercredi matin, Briac Jumelais, secrétaire général du TNS réagissait :
« Mardi soir, on (ndlr : la direction du TNS) était présent lors de l’AG. L’occupation a été discutée, envisagée dans un cadre collaboratif. C’est une occupation et non un blocage, l’activité du théâtre n’en est pas impactée. Tout le monde est parti à la fermeture des lieux car l’occupation au-delà, n’aurait pas été maîtrisable. Nous comprenons leur lutte car nous travaillons avec des intermittents. Il y a toujours ce problème des 185 millions d’euros demandés et nous sommes conscients que le cadrage par le Medef n’est pas viable ».
Une convergence tendue…
Ils étaient plus d’une centaine à investir le TNS, jeudi soir pour une deuxième AG. Si tous sont d’accord pour parler de la « convergence des luttes », cette dernière peine à se mettre en place tant les différents mouvements représentés veulent conserver leur cause initiale intacte.
Un étudiant exprimait alors son souhait de ne pas rester indifférent face à la violence policière :
« Je ne vois pas d’inconvénient à porter un masque lors de la manifestation. Il y a une différence entre les personnes qui sont arrivées récemment dans le combat et nous qui vivons la répression depuis le début, on a de l’expérience ».
D’autres proposent d’apporter des « miroirs à positionner » devant les forces de l’ordre ou encore de tout filmer afin de dissuader les policiers de faire usage de la force et les cas échéant, diffuser ces vidéos. Une autre personne estime que la violence ne résoudra rien :
« Être violent en premier serait contre-productif et stérile. Les intermittents ont déjà une image déplorable alimentée par les médias et le Medef, on n’a pas besoin de ça en plus. Il faut penser à se défendre mais sans pour autant attaquer ».
Les conseils de Podemos
Pendant plusieurs minutes, les propositions ont fusé dans la salle du TNS. Certaines sont accueillies par des applaudissements, d’autres sont remises en question. Un Espagnol, membre de Podemos était présent hier soir et partageait son expérience :
« Bloquons Paris complètement. On a déjà fait ça chez nous, on l’a vécu, on a reçu trop de coups. Au bout d’un moment on s’est dit « Tous à Madrid ! », on s’y est massivement rassemblé et c’est à ce moment-là que le Gouvernement a commencé à prendre des mesures, à nous écouter ».
« Peut-on terminer la manifestation place de la République ? ». « Faut-il réaliser des blocages économiques, institutionnel ou routiers ? » Tant de questions sur la marche à suivre lors de la manifestation de jeudi après-midi qui pour la plupart, conviennent à la plupart des participants de l’AG.
Une convergence au moins dans les défilés
Malgré la peur de certains de voir leur combat passer au second plan, tous ont décidé de massivement se rassembler le lendemain, pour la manifestation, qui a attiré près de 6 000 personnes, selon la CGT. Au sein du cortège on pouvait apercevoir les pancartes des intermittents, étudiants, lycéens, nuit deboutistes, cheminots…
Si la « convergence des luttes » peine à se mettre en marche, la mobilisation collective quant à elle, était une réussite.
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