Dans la salle de réunion d’un troquet chic du centre-ville de Strasbourg, Pierre Jakubowicz (Horizons) enchaîne les diapos avec la prose d’un urbaniste. Lundi 14 novembre, devant une poignée de journalistes studieux, le conseiller municipal d’opposition présente les axes, courbes et tracés du futur « tram Nord », qui reliera le nord de l’Eurométropole à Strasbourg. Assises à sa gauche, Anne Tenenbaum et Anne Reymann, les deux conseillères de la Collectivité d’Alsace (CEA), qui ont participé à l’élaboration du projet, opinent du chef, devant les schémas d’un tram longeant les quais Sturm et Finkmatt.
Ce plan sera-t-il mis en œuvre un jour ? Pour la municipalité écologiste c’est clair, le futur tram passera bien par l’avenue des Vosges comme elle l’a présenté en mars 2023. Mais avec cette ébauche de projet alternatif, l’opposition veut croire qu’elle peut encore influer sur les débats et changer les plans de l’exécutif. « Tant qu’il n’y a pas encore eu de bilan de concertation et l’aboutissement de l’enquête publique, le combat politique continue », plaide Pierre Jakubowicz en amont.
L’esquisse d’un tracé alternatif
Pour formuler leur contre-proposition, les trois élus d’Horizons assurent qu’ils s’appuient sur une démarche transpartisane. Les plans proposés seraient le fruit d’un travail mené auprès des habitants, avec cinq réunions publiques réunissant près de 500 participants, plus de 1 000 contributions citoyennes et l’aide d’un architecte urbaniste, Lionel Heiwy. Ce dernier, qui a déjà œuvré pour l’écriture d’une tribune avec Pierre Jakubowicz, travaille depuis l’été sur ce projet alternatif. « Il s’agit d’une esquisse », précise d’emblée Pierre Jakubowicz, « nous n’avons pas les mêmes moyens que la Ville ou l’Eurométropole ».
En substance, leur schéma reprend la proposition d’un tram longeant les quais Sturm et Finkmatt, pour remonter vers la place d’Haguenau par la rue de Sébastopol à côté des Halles, la rue du Travail et la rue de Bischwiller. « C’est celle qui avait recueilli le plus d’approbations, lors de la consultation publique », justifie le conseiller municipal. Pour 1,4 km (contre 1,5km pour le projet de la Ville, en passant par l’avenue des Vosges), le tracé proposé desservirait trois nouvelles stations : Tribunal-Fonderies, Halles-Sébastopol et Place de Haguenau.
Une avenue des Vosges arborée
Dans cette contre-proposition, le tram ne passe pas par l’avenue des Vosges : cette dernière deviendrait un espace arboré, plus propice à la promenade. Sans remettre en cause le trafic automobile. En conservant une 2×1 voies, le nombre de places de stationnement – actuellement 450 – diminuerait de 40%. Ces places seraient supprimées dans les espaces aux abords des façades orientées sud, plus exposées au soleil, donc plus intéressantes pour de futures terrasses ou pour les badauds.
Cette végétalisation, également promise dans le projet des écologistes, irait plus loin que celle de l’exécutif. Au lieu de s’arrêter à l’avenue de la Liberté, elle s’étendrait sur la totalité de l’avenue jusqu’au pont du Travail. En prime, elle comporterait une piste cyclable bidirectionnelle sur site propre, pour éviter les conflits piétons-cyclistes.
S’ils n’ont pas budgétisé de manière précise le coût des travaux, les élus estiment que l’addition ne dépassera pas l’enveloppe des 50 millions d’euros prévus par la municipalité pour financer son projet. Reste à pousser politiquement cette alternative, pour qu’elle ne reste pas qu’à l’état d’esquisse. Le conseil municipal du 12 décembre sera l’occasion, pour Pierre Jakubowicz, d’interpeller la maire sur le sujet.
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