« Intermittents et précaires ». Cela peut faire sourire. Certains diront que c’est un pléonasme, et ils auront raison. Depuis 1992, la Coordination nationale des intermittents et précaires (CNIP) se bat contre ce constat et tente de trouver des solutions pour rendre moins invivable la vie des intermittents.
Les 15 coordinations des intermittents et précaires (CIP) régionales présentes ce week end, ont échangé sur l’actualité internationale et nationale, avant de travailler sur leur action. Quelles actions mener, dans quelle direction aller. Ces réunions, qui ont lieu tous les trois mois, sont le moment « où se définissent les axes de lutte », explique Claire, de la CIP Ile-de-France.
« On n’a pas à payer cette dette »
L’Unedic, association chargée de gérer l’assurance-chômage en France, affiche une dette de 25 milliards, obligée de participer au financement de Pôle emploi. Pour faire 800 millions d’euros d’économie, le Medef (Mouvement des entreprises de France) souhaite modifier le régime spécifique d’assurance-chômage dont bénéficient les intermittents. Ces derniers s’y opposent :
« Aujourd’hui six chômeurs sur dix ne sont pas indemnisés, on veut qu’ils le soient tous. Les chômeurs ne sont pas les responsables de cette situation, il faut contrer cette idéologie qui se met en place ou l’on continuera de taper sur les plus faibles. Leurs conditions sont odieuses, on n’a pas à payer cette dette ».
Les intermittents du spectacle, du fait de leur activité professionnelle, ont un régime d’assurance chômage particulier. Il est plus souple qu’un autre pour contrer la discontinuité de l’emploi, très fréquente chez eux. La loi travail est plutôt orientée vers une individualisation qu’une mutualisation des droits, ce qui ne règlera pas la situation d’après les intermittents :
« Le Medef veut détruire cet avantage afin qu’il ne soit pas accordé à tout le monde. Il n’acceptera jamais nos propositions et n’a pas à gérer l’argent distribué aux chômeurs, c’est pour cela qu’il doit disparaître de l’Unedic ».
« Aller vers la grève générale »
Exaspérés de voir leur situation se dégrader, les intermittents n’ont d’autre solution que de se mobiliser pour se faire entendre. Leur première revendication est très simple : le retrait du Medef de l’Unedic. Leur raison l’est encore plus, selon Myriam, venue de Caen :
« Le Medef a 50% des voix au sein de l’Unedic, ils ont un droit de véto. Tant qu’ils seront là on ne pourra pas avancer. Il faut se battre pour faire respecter son droit au chômage quand leurs mécanismes font tout pour nous en empêcher. »
Les intermittents se battent aussi contre la loi travail, qui rendra encore plus précaire leur situation. « On n’en veut pas », martèle Luc Fontaine, porte parole de la CIP Alsace. Il détaille le plan des actions à venir pour la CIP Alsace :
« On va essayer de faire des actions groupées régulières. Le 20 on ira manifester avec les lycéens et les étudiants, les 25 et 26 on a prévu des actions aussi. A partir du 26, il y a aura les cheminots. Le principe c’est de monter en puissance pour aller vers la grève générale ».
La CNIP, qui dénonce le paritarisme général, entend bien continuer la lutte, seule, ou avec d’autres. Notamment avec les cheminots ou Nuit Debout par exemple, avec qui, dans chaque région, il y a une « vraie concertation et une entente », explique Laurent de la CIP de Toulouse :
« On regarde tous dans la même direction maintenant, on peut au moins remercier le PS pour ça »
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