Après les deux conseils-fleuve de juin et septembre terminés sur les coups de 23h, celui de ce lundi 21 octobre s’annonce plus léger que les précédents. Mais les ordres du jour restreints engendrent parfois de longues digressions, surtout à l’approche des élections municipales de mars 2020. De plus, le maire Roland Ries a appelé à la création d’un « pôle de gauche » au sein de la majorité présidentielle dans une tribune du Journal du Dimanche. Or depuis 2017, l’élu revendique une position à équidistance « au-dessus de la mêlée » entre les quatre groupes politiques de sa majorité. Et aux dernières nouvelles, Roland Ries payait toujours sa cotisation au Parti Socialiste, mais il ne s’est pas déplacé pour désigner son candidat en 2020, son adjoint Mathieu Cahn. Ce nouveau contexte est de nature à tendre les échanges et les votes au sein de son équipe.
Le budget participatif étalé
L’un des points qui devrait soulever des prises de parole concerne le budget participatif. Pour sa deuxième édition, le souhait de la municipalité est de l’étaler sur deux ans. Objectif : mieux répondre aux participants et justifier les refus ou acceptation d’idées. La mauvaise justification d’un refus pour une pataugeoire pour enfants dans l’Ill avait été pointé par le « comité d’éthique » qui réunit des agents, des élus et des citoyens. À ce jour, deux projets (ici et là) sont terminés sur 31 lauréats. Un autre, des illuminations place Arnold est en cours d’achèvement. 15 propositions sont programmées, contrairement à 13 autres.
L’adjointe à la démocratie locale Chantal Cutajar (apparentée PS) a initié cette politique, qui n’était pas dans le programme de 2014. Après un an d’existence, elle n’est pas exempte de critiques. Parfois vu comme un « gadget », ce processus ne favoriserait pas des projets « participatifs » et collectifs, mais des compilations d’idées individuelles. D’autres « projets » relèvent en fait de l’entretien que devrait faire la collectivité, comme le rénovation du City Stade au Conseil des XV, ou la demande de préau à l’école maternelle Louise Scheppler devancé par les projets « coup de cœur » du Conseil du quartier Gare.
Autre critique, le montant : seulement 1 million d’euros par an (1% du budget d’investissement contre 5% d’habitude). Ramené au nombre d’habitant cela fait 3,5€ par Strasbourgeois. Selon une enquête publiée sur lesbudgetsparticipatifs.fr le ration est de 45€ à Paris, autour de 15€ à Rennes, Avignon, Montreuil, 10 € Bordeaux et Clermont-Ferrand ou plus de 20€ dans des plus petites communes telles Firminy, Jarny, Grande-Synthe. Passé à deux millions en deux ans, le budget participatif relifté en 2021 « permettra cette fois-ci des projets allant jusqu’à 200 000 euros », fait valoir Chantal Cutajar.
Pour autant, aucun élu ne remet frontalement en cause cette nouveauté strasbourgeoise, à l’heure où l’écoute des électeurs et citoyens est un discours porteur. Les discussions devraient plutôt tourner autour de l’amélioration des prochains budgets participatifs.
Le retour des Bains
Comme souvent au cours de ce mandat, il sera question au point 36 des Bains municipaux, actuellement fermés pour travaux. Cette fois, les élus devront préciser le projet de « Maison du Sport Santé », prescrit sur ordonnance médicale. Après les travaux, sa gestion serait confiée à un groupement d’intérêt public (GIP) en 2022 avec 16 entités (Département, mutuelles, associations, etc.). En plus des 5,5 millions d’euros de travaux, la Ville de Strasbourg compte contribuer en mettant à disposition 6 employés sur les 25 prévus.
Il sera intéressant de voir si Jean-Philippe Vetter s’exprime sur le sujet. Le candidat de la droite a souvent remis en cause le montage financier général : une rénovation publique, pour ensuite continuer à donner une subvention à un prestataire privé (Equalia) pour exploiter la piscine rénovée. Néanmoins, les bassins ne sont pas tout à fait l’objet de la délibération, a priori plus consensuelle.
La cohabitation industries et voyage au Qatar
En fin de conseil, deux interpellations et une tentative de motion de l’opposition sont prévues. Arrivé dans le conseil en septembre, Andrea Didelor (ex-FN/RN) se demande si la majorité est toujours Charlie. Leur tort ? Ne pas défendre haut et fort la liberté d’expression du polémiste Éric Zemmour condamné pour incitation à la haine raciale. De plus, il proposera une motion en réaction au voyage d’un agent de la Ville de Strasbourg au Qatar et révélé par Rue89 Strasbourg. Le but de cette « visite de courtoisie » ? Aider le chantier de la mosquée Eyyube Sultan à reprendre, avec l’aide financière de la fondation Qatar Charity. Le sujet a crispé jusqu’au sein du PS, mais de la à soutenir l’extrême-droite…
L’autre interpellation de Thierry Roos concerne un sujet de fond : la cohabitation des habitats et des industries du port. Il rappelle la présence des 7 entreprises à risque Seveso « seuil haut », au regarde de l’explosion à l’usine Lubriziol à Rouen. À ce sujet, la Ville va enfin publier son Document d’information communal sur les risques majeurs (Dicrim). Cette plaquette d’information à la population récapitule les différents risques spécifiques à la capitale alsacienne. Il vise à « alimenter la culture du risque » à Strasbourg, dixit Christel Kohler (LREM), après un peu plus d’un an de travail sur le dossier. Ce document était en théorie obligatoire depuis un décret de 1990. Il était temps.
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