Le dernier conseil municipal de l’année s’apparente chaque année à un marathon. La séance débute dès le matin pour s’arrêter en fin d’après-midi. Celui de ce lundi 18 décembre devra adopter le tout dernier budget du maire Roland Ries (PS ? LREM ?), avant de laisser les commandes en mars 2020.
L’occasion pour chaque groupe, opposition comme majorité, de dire ce qui va bien, et surtout ce qui pourrait être mieux. Lors du débat d’orientations de novembre, Roland Ries n’avait guère goûté au ton plus véhément qu’à l’accoutumée des écologistes. « Je vais un peu leur rentrer dedans », avait-il chuchoté un peu trop fort à son voisin, le premier adjoint et candidat Alain Fontanel (LREM).
La principale orientation de ce budget est la stabilité des effectifs, autour de 3 800 agents pour la Ville de Strasbourg (en plus des 3 200 environ pour l’Eurométropole), après plusieurs années de réductions.
Lors du débat préalable, l’adjoint au maire à l’état civil Éric Schultz (qui a rejoint la liste PS de Mathieu Cahn) avait menacé de ne pas voter le budget si « un tour de table » de la question n’est pas fait d’ici là. Et comme rien n’a été fait depuis, il pourrait s’abstenir, ce qui reviendrait à sortir de la majorité.
Roland Ries a précisé :
« On est en campagne électorale. Je pense que quand on a été 12 ans dans la majorité et que tout d’un coup rien ne va, je trouve ça… dommage, pour ne pas dire autre chose. Quand on reste dans une majorité, on cautionne un peu. »
Mais Éric Schultz pourrait arguer qu’avant d’alerter dans l’hémicycle, il l’a fait en réunions d’adjoints…
De l’autre côté de l’hémicycle, il sera intéressant de voir ce que font les élus de droite qui ont rallié le premier adjoint Alain Fontanel (François Loos, Thomas Rémond, Thierry Roos…). Voteront-ils comme leur candidat fétiche ou marqueront-ils toujours leur opposition ?
Le périmètre de sauvegarde des commerces en débat
L’autre point qui devrait soulever des débats est le vote d’un « périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat » (point 37, voir les détails ici). Comme les ouvertures et fermetures de commerces concernent beaucoup de monde, toutes les formations devraient vouloir exposer leur vision. Elles pourront développer le degré d’intervention que devrait avoir selon eux une municipalité dans les changements d’enseignes.
Le sujet prend une résonance particulière dans l’actualité puisque les burgers Five Guys vont remplacer la boutique Adidas rue des Grandes-Arcades. En face, la brasserie Schutzenberger à l’abandon depuis 2006 (!) vient enfin d’être rachetée et sera rénovée avant l’arrivée de nouveaux occupants. À la place du Café de l’Europe, place de l’Homme de fer, la franchise Burger King a aussi des vues.
Un outil mais pas de sous
Surtout, la délibération n’est qu’un « outil ». Le débat devrait éclairer sur comment les élus comptent s’en servir. Sachant qu’aucun moyen financier n’est réservé pour d’éventuelles interventions face à la loi du marché.
Le débat pourrait occasionner quelques règlements de comptes au sein de la majorité. Lorsque l’adjoint au commerce Paul Meyer (La Coop./LREM) avait soulevé l’idée en avril 2018 (mais aussi des obligations sur l’origine des produits), il avait peu goûté les critiques de ses collègues. Il reproche à l’adjoint à l’urbanisme Alain Jund (EELV) de ne pas assez durcir des permis de travaux lors des changements de propriétaires, afin de « dissuader » des implantations. Un peu fataliste, ce dernier rétorque que le Plan d’urbanisme ne peut pas tout réglementer.
Côté PS, les deux anciens amis au PS Philippe Bies et Mathieu Cahn défendaient de leur côté « un centre-ville pour tous ». L’adjoint et candidat pour mars 2020 Mathieu Cahn distingue le périmètre voté ce 16 décembre et les annonces de l’an dernier :
« L’exemple pris à l’époque était la ville de Florence où seuls les produits toscans sont autorisés sur un place. Là, il s’agit d’autre chose, avec un périmètre bien plus large du centre-ville. La tribune s’élevait face aux fausses-bonnes idées et comparaisons hâtives. La délibération permettra à la Ville d’être mieux informée et c’est forcément une bonne chose. Attention tout de même à ne pas créer de fausses attentes, car la collectivité peut certes dialoguer, mais n’aura pas les moyens d’intervenir systématiquement. Le centre-ville appartient à tout le monde et je me méfie d’une appréciation qualitative qui nous reviendrait. Avec le Five Guys, c’est une chaîne qui remplace une chaîne, cela ne me pose pas de problème. »
Son ancien ami Philippe Bies (il annoncé qu’il ne figurera pas sur sa liste), par ailleurs président d’Habitation Moderne qui gère une partie du patrimoine immobilier de la Ville, est globalement sur la même ligne :
« Le périmètre est une bonne chose, la mise en oeuvre s’annonce plus compliquée. J’avais étudié la question en 2015, mais créer un nouveau service n’est pas vraiment la tendance. Nous votons l’outil, mais sans les moyens humains qui vont avec, or il en faudra. Il n’y a pas les commerces nobles d’un côté et ceux des classes sociales moins aisées de l’autre. Il faudra veiller à maintenir de la diversité dans les deux sens. »
Alain Jund n’a pas répondu à nos sollicitations avant le conseil. En 2000, la Ville avait préempté l’ancienne pharmacie du Cerf face à la Cathédrale, qui aurait pu être vendue à une franchise de restauration rapide.
Avenue des Vosges et Marché de Noël pour finir
En fin de conseil, c’est le candidat de la droite, Jean-Philippe Vetter (LR), qui cherchera à se positionner avec deux courtes interpellations. Six mois après l’ajout de bandes cyclables, il questionne le réaménagement de l’Avenue des Vosges, le coût de l’opération, les conséquences pour les automobilistes et la fréquentation par les vélos.
De plus, il demande un point sur la fréquentation du Marché de Noël et l’impact sur la vie quotidienne. Il note qu’en dépit du « rayonnement » de l’événement, « beaucoup de Strasbourgeois ont le sentiment d’être dépossédés de leur propre ville ». Ce sera le sujet de notre débat à la librairie Kléber, vendredi à 17h30.
Pour finir, il proposera une motion contre le transfert de la chancellerie des universités de la région Grand Est sous l’autorité du au rectorat de Nancy-Metz, au détriment de Strasbourg, voulu par le gouvernement. Un décret qui inquiète la droite et vise à pousser ses rivaux marcheurs à se positionner.
À suivre en direct dès 9h30.
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