Ligne de tram B, arrêt Montagne Verte. Des échangeurs, de larges rues à la circulation dense et continue. Ici, le piéton est relégué aux bordures, pas vraiment le bienvenu. Dans ces conditions, impossible pour lui, à moins d’être très attentif et curieux, de découvrir une entrée, celle du parc Eugène-Imbs. Et pourtant, comme en de nombreux endroits de Kœnigshoffen, de l’Elsau ou de la Montagne Verte, un espace de nature, certes domestiquée, est là, accessible au public et pourtant méconnu.
Ces interstices entre deux voies rapides ou ferrées, ces parcs, ces berges cyclables de la Bruche et de l’Ill, ces dents creuses abandonnées entre deux maisons parfois insalubres, c’est ce qu’ont souhaité mettre en valeur le député Armand Jung d’abord, le responsable associatif Denis Matter ensuite, la municipalité socialiste de Strasbourg enfin.
Outil d’aménagement nouveau et fruit de 5 ans de discussions, le parc naturel urbain (PNU) dont la création est entérinée aujourd’hui en conseil municipal [à suivre sur notre site à partir de 15h], ne sera pas une réglementation de plus, assurent les autorités, mais un contrat volontaire signé entre acteurs du quartiers. Il se déclinera sur le modèle des parcs naturels régionaux. Il existe déjà plusieurs PNU en France, dont celui de Rueil-Malmaison.
La délibération autorisant le maire à signer la charte du parc naturel urbain
6,14 millions d’euros pour 16 projets
Denis Matter, président de l’association pour le Parc naturel urbain (PNU), également connu pour son engagement dans l’association Zona (Zone non aedificandi) et pour son soutien à la ceinture verte de Strasbourg, plaide :
« Depuis 20 ans, plus personne n’avait rien fait pour ces trois quartiers ! Ici, il y a de grands espaces verts et libres, pas comme à Neudorf par exemple, où tout l’ancien glacis militaire a été urbanisé. A Kœnigshoffen, à la Montagne Verte ou à l’Elsau, il s’agit souvent de zones inondables, donc inconstructibles.
On a aussi là une richesse patrimoniale importante, mais qui a été pillée, spoliée ! Kœnigshoffen était le premier quartier civil de Strasbourg (cf. la route des « Romains »), mais toutes les trouvailles archéologiques ont été accaparées par les musées du centre-ville. Nos quartiers ont été tronçonnés par des autoroutes, des voies ferrées, délaissés par l’urbanisme. Ce qu’on espère avec le PNU, c’est que ces quartiers soient valorisés, que les touristes y viennent, que les restaurants se remplissent… »
En même temps qu’elles signeront la charte du parc, peut-être avant l’été à l’occasion d’une grande fête des quartiers, Strasbourg et la communauté urbaine s’engagent sur 6,14 millions d’euros de budget sur 3 ans, pour financer 16 projets. Parmi eux, la création d’une maison du PNU à la tour du Schloessel, le réaménagement du parking d’Emmaüs ou de l’entrée de la rue des Foulons, la création de jardins partagés à Saint-Gall à la place d’un champs de maïs de 2 hectares, l’amélioration des passages entre les quartiers, ou l’aménagement de sentiers de promenade avec une signalétique.
« Le contrat, pas la contrainte » : méthode Coué ?
Mais attention, précisent Denis Matter comme la mairie de Strasbourg, le PNU ne sera pas « opposable ». En tout cas, pas tant que ses fondements – des OAP pour « orientations d’aménagement et de programmation » – ne seront pas inscrits noir sur blanc dans le plan local d’urbanisme (PLU) de la communauté urbaine de Strasbourg (CUS), voté fin 2013. C’est à dire qu’aucun recours ne pourra être déposé en justice par une association ou un particulier si un projet immobilier par exemple ne cadre pas avec les préconisations de la charte du PNU. L’adjointe au maire Françoise Buffet affirme néanmoins :
« Je vois mal un promoteur passer en force sur ce secteur. Au contraire, j’imagine que les acteurs du quartier vont rivaliser les uns avec les autres pour inscrire le mieux possibles leurs projets dans le cadre du PNU ! Je crois beaucoup aux valeurs du contrat, et pas à la contrainte. On ira crescendo dans le vertueux, c’est une construction plus durable que l’aspect réglementaire. »
Méthode Coué ? « Co-construction » de projets, veulent croire les divers acteurs. Toute personne qui le souhaitera, habitant, entreprise, collectivité, pourra signer cette charte [à lire plus haut, dans le déroulé de la délibération] qui promouvra le respect de la biodiversité – les petits oiseaux, les insectes, les plantes… – l’aspect social et patrimonial du quartier, clés de son dynamisme retrouvé, peut-être.
Cumul des mandats et Maillon-Wacken
Les autres sujets phares du conseil municipal de ce lundi : les travaux dans les établissements scolaires de Cronenbourg et Kœnigshoffen, les espaces publics autour de la presqu’île Malraux, véritable serpent de mer, le cumul des mandats du maire de Strasbourg dont il s’est (mal) expliqué récemment, ou la construction du nouveau théâtre du Maillon-Wacken.
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