Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Au conseil municipal, un changement d’adjointes et un tram avenue des Vosges

Le conseil municipal va avaliser le retrait des délégations de Céline Geissmann sur fond de rupture entre écologistes et socialistes, avant de débattre du choix d’implanter un tram sur l’emblématique avenue des Vosges. Il sera aussi question des services publics. À suivre en direct et avec nos commentaires à partir de 12h30.

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Avec le dernier conseil de l’année, les écologistes comptent définitivement tourner la page de la tentative de rabibochage avec les socialistes strasbourgeois. Pour débuter la séance, la maire Jeanne Barseghian (EELV) fait voter à son assemblée le retrait de la délégation d’adjointe à Céline Geissmann. Cette jeune élue socialiste, 29 ans, s’occupait du numérique et la citoyenneté européenne. La maire n’a rien de particulier à lui reprocher dans son travail, mais contrairement à Salah Koussa (qui n’est pas encarté au PS), elle n’a pas su clarifier sa position lorsque la maire lui a demandé si elle se sentait solidaire avec la majorité dont elle faisait partie.

Fait politique majeur ou minime ?

Du côté socialiste, l’enjeu de ce début de séance sera de faire de cette exclusion un fait politique majeur pour rester au centre de l’attention, voire réussir à nationaliser ce nouveau différend avec les écologistes. Cette séquence intervient justement dans un moment de divergence sur la stratégie pour l’élection présidentielle. En position délicate, la candidate socialiste Anne Hidalgo souhaite sur le tard une primaire à gauche, là où d’autres formations estiment que cette proposition est trop tardive, voire une manœuvre.

Du côté dés écologistes, l’enjeu du débat sera de minimiser la portée de l’exclusion et de rappeler que la rupture est consommée depuis longtemps. Après tout, ce sont les Socialistes qui ont expliqué qu’ils étaient « ni dans la majorité, ni dans l’opposition » à la rentrée, alors que Jeanne Barseghian voulait repartir sur de nouvelles bases. Et lorsqu’ils sont au contact des interlocuteurs de la mairie et de citoyens, les quelques élus socialistes se présentent comme n’étant surtout « pas dans la majorité ».

Les oppositions LREM et LR ne sont en rien concernées par ce psychodrame entre les deux anciens alliés. Mais c’est l’occasion pour eux démontrer que les écologistes sont isolés. Ils pourraient donc embrayer aux côtés du PS. Surtout à l’heure où les relations avec le Parti communiste se tendent également. L’adjointe à la maire et conseillère régionale Hülliya Turan vient d’être débarquée de la présidence de la Locusem contre son gré, au nom du non-cumul des mandats. Le début de séance s’annonce théâtral.

Le débat strasbourgeois sur le tram

Passée les affaires politiciennes, le gros dossier de la séance est le choix du tracé du tramway entre la gare et les institutions européennes (point 6). La municipalité souhaite passer par l’avenue des Vosges afin de transformer l’axe majeur de la Neustadt. De quoi ramener aux débats de 2018 et à la campagne électorale des municipales. Les groupes d’opposition n’ont pas encore exprimé de position collective pour un autre tracé ou contre le tram à cet endroit. Ce sera la première occasion de les entendre sur ce dossier majeur, qui va occuper les débats tout le mandat.

Ils ont un angle d’attaque facile. Lors de la concertation, 98 avis ont été émis pour la solution retenue contre 122 pour un autre trajet via les quais et le palais de justice. Lors du mandat précédent, la Ville et l’Eurométropole ont montré qu’ils savaient ignorer une concertation, quand bien même un autre tracé était plébiscité à Koenigshoffen. Mais la précédente majorité n’avait pas fait campagne sur « l’urgence démocratique ». Les élus écologistes, qui se sont déjà sentis obligés de préciser qu’une « concertation n’était pas un référendum », devront donc convaincre des avantages et des raisons qui les ont poussés à retenir à le passage par l’avenue des Vosges.

Mais peut-on voter contre le tramway à Strasbourg ? En décembre 2020, lors du premier débat à l’Eurométropole, le groupe LREM avait voté « pour » le principe des extensions vers le nord, les Socialistes et LR s’étaient abstenus. Dans tous les cas, il est inenvisageable de donner un blanc-seing. Ils pourraient critiquer la méthode ou rappeler la place de la voiture sur ce grand axe Est-Ouest.

Davantage de présence pour les services public

Les écologistes espèrent aussi qu’un temps de débat important soit accordé aux services publics. Ils font voter deux délibérations (points 4 et 5) à ce sujet. L’idée générale est de lutter contre la dématérialisation et les fermetures de ces dernières années pour proposer des prestations en ligne à la place. « Une conciergerie numérique peut rendre service 24h sur 24 mais il faut aussi un accueil humain », explique Ariane Henry (PC), conseillère municipale à la présence des services publics dans les quartiers.

Ainsi deux maisons communales des services publics doivent être créées à l’Elsau et Koenigshoffen (à la place de l’ancien Hôtel de la rue) vont ouvrir pour un montant de 5 millions d’euros chacune. « Cinq millions d’euros, c’est plus que ce qui a été investi à l’Elsau en 15 ans », note pour sa part Benjamin Soulet, l’adjoint qui veille à une forme « d’équité » entre les quartiers. Cet équipement face au centre socio-culturel accueillera en 2025 une mairie de quartier, hébergera la médiathèque et un centre médico-social. « Le maillage des CMS date de 2012 », appuie Benjamin Soulet.

La municipalité souhaite ouvrir des espaces labellisés « France Services », c’est-à-dire avec au moins 9 administrations (CAF, CPAM, Pôle Emploi, etc.) présentes et plus si affinités, (comme des services de l’État), à l’Elsau, au Port-du-Rhin et aux Poteries / Hohberg. Il en existe déjà un dans une poste au Neuhof.

Ce plan vise aussi à restructurer l’existant, que ce soit les lieux d’accueil mais aussi les compétences des agents. Pour Ariane Henry, il faudra des formations afin qu’ils aient « les connaissances de base » pour orienter les personnes qui s’adressent à eux, même s’ils ne sont pas face au bon interlocuteur :

« Trop de personnes ont des courriers administratifs qu’ils ne comprennent pas et ne demandent pas leurs droits, ce qui induit une perte de pouvoir d’achat et un isolement. »

Benjamin Soulet, adjoint à l’équité territoriale, devrait intervenir sur les services publics. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Parmi les autres points notons aussi :

  • Des travaux de mise aux normes pour le cinéma de l’Odyssée pour 820 000 euros d’ici 2023 (point 13),
  • La subvention aux Vitrines de Strasbourg pour les Illuminations de Noël, soit 324 000 euros sur 626 312 euros de budget total. L’association de commerçants perçoit par ailleurs 50 000 euros car la Grande braderie n’a pas pu se tenir en 2020 et 2021, événement qui lui permet d’engranger des ressources. Enfin, elle recevra 16 400 euros pour des animations passées à Pâques et 25 000 euros pour d’autres activités proposées les 3 et 4 juillet (point 34),
  • La vente du terrain du Sofitel et du Mercure du centre ville aux copropriétaires actuels pour 14 millions d’euros. Cet ensemble continuera d’avoir une activité d’hôtellerie pendant 15 ans (point 45 – voir notre article),

Cet ordre du jour long et dense de 64 points a amené les oppositions à déposer moins de résolutions et d’interpellation de fin de séance qu’à l’accoutumée, avec deux textes. Il s’agit de débats sémantiques (sur les « woke » notamment), une obsession de la droite en vue d’électriser le débat, sans lien direct avec la vie locale.

À suivre en direct à partir de 12h30 !


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