L’étau se resserre pour la France, sous le coup d’une amende de l’Union européenne pour non-respect des seuils de pollution que les pays membres se sont fixés. Après plusieurs avertissements, l’ex-ministre de l’Écologie Nicolas Hulot avait été convoqué avec 8 autres ministres en janvier par la Commission européenne pour « une dernière chance » afin de présenter des mesures avant saisie de la Cour de justice. Et si le gouvernement se fait taper sur les doigts, c’est en partie car la pollution est trop forte dans ses villes et vallées. Alors pour éviter une mise au pilori européenne, il compte sur ces dernières pour agir davantage.
Strasbourg n’est plus concernée par les 35 jours de dépassements par an des seuils de microparticules PM10, mais par la pollution de fond au dioxyde d’Azote (NO2) comme 12 autres territoires. Pour cela, la principale parade envisagée sont les zones à faible émission (ZFE), comme il en existe dans une centaine de villes d’Europe et à Paris ou Grenoble.
Le trafic routier dans le viseur
Rappelons tout de même que les deux pays condamnés, la Pologne et la Bulgarie en 2017, n’ont jamais payé d’amende. Mais au-delà de la menace financière de dizaines de millions d’euros, c’est avant tout la santé des habitants qui est en jeu. Les normes européennes sont au demeurant plus faibles que celles de l’Organisation mondiale de la santé.
Et comme 53% de la pollution aux NO2 vient du trafic routier, loin devant l’industrie (17%) selon l’agence de mesure de la qualité de l’air Atmo Grand Est, c’est vers les vieilles voitures et les poids lourds que les regards se tournent. Pour cela, les villes peuvent utiliser les vignettes Crit’air. Cet instrument est parfois critiqué car les voitures diesel sont bien notées (Crit’Air 2), qu’elles ne prennent pas en compte la puissance des véhicules, ni le covoiturage, c’est-à-dire des données plus fines que l’ancienneté des véhicules. On pourrait aussi ajouter que le trafic aérien n’entre pas dans ces considérations.
Quel périmètre ? Quel contrôle ?
En ce qui concerne le débat de vendredi, il sera intéressant de voir si les représentants des 33 communes abordent déjà le périmètre de la ZFE, avec ou sans l’autoroute A35 qui traverse Strasbourg, voire le type de véhicule à bannir (Crit’Air 5 , 4 voire 3 ?). La ZFE a vocation à être mise en place avant le Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, prévu pour 2021.
L’association Strasbourg Respire et le collectif Réinventons l’avenue des Vosges ont plaidé dans une tribune sur Rue89 Strasbourg pour que le périmètre de la ZFE soit étendu à l’ensemble de l’Eurométropole et bannisse toutes les voitures diesel à terme.
Les demandes de la métropole
L’Eurométropole demande plusieurs garanties à l’État français. La principale est de pouvoir verbaliser avec des caméras de vidéos de surveillance à lecture automatique de plaque d’immatriculation (Lapi). Les dirigeants strasbourgeois ne sont pas satisfaits par l’absence de contrôle sur l’avenue du Rhin où en théorie les camions en transit sont interdits.
La délibération 26 demande à ce que les nouvelles dépenses soient exclues du calcul du pacte financier. Ce dernier limite les hausses des dépenses de fonctionnement à 1,2% d’une année sur l’autre. Ils trouvent donc les injonctions quelque peu contradictoires : limiter les dépenses d’un côté, mais davantage s’engager contre la pollution de l’autre.
Pex et hébergement
À l’ordre du jour également, la nouvelle mouture du futur Parc des expositions au Wacken, prévu pour 2021 et présenté mi-septembre. Le choix de l’architecte japonais Kengo Kuma et du design des 5 halls en bois et métal doit être validé par un vote, qui entraînera sûrement un débat.
L’Eurométropole va aussi s’engager pour l’hébergement d’urgence. Certains élus strasbourgeois estimaient que la Ville était un peu seule sur ce front. Lauréate d’un appel à manifestation d’intérêt pour 870 000 euros sur deux ans, la Ville et l’Eurométropole vont confier la mission à leur Centre Communal d’Action sociale (CCAS), en partenariat avec l’association Habitat et Humanisme Alsace Nord, qui se voit dotée de 35 000 euros pour la coordination. Ainsi cet argent « frais » venu de l’État n’entrera pas dans les comptes de l’Eurométropole, mais dans un budget annexe (comme pour la gestion de l’eau ou la CTS). Une mécanique qui sert à ne pas atteindre les 1,2% de hausse de budget trop rapidement. Mais il n’est désormais plus possible de créer d’autres budgets annexes.
L’objet de cette expérimentation est d’adopter une logique « housing first », c’est-à-dire, trouver d’abord un logement durable, puis s’occuper des procédures d’accompagnement ou administratives. « Un vrai changement de logique », que salue Syamak Agha Babaei, vice-président en charge de l’Habitat. Cette démarche lancée par l’État se limite aux personnes avec un titre de séjour régulier.
Ces échanges sont à suivre en direct vendredi à partir de 9h dans la vidéo en tête de cet article.
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