Moins spectaculaire que les fins de conseil municipal de Strasbourg jusqu’à 1h ou 2 heures du matin, le conseil de l’Eurométropole a aussi battu un record de durée fin novembre. Il a débuté à 9 heures pour se conclure après 17 heures.
Cet allongement des débats témoigne de la montée en puissance des métropoles, au détriment des communes qui les composent. À Strasbourg, c’est aussi une conséquence de la fin de l’opacité de la commission permanente, décidée par la présidente Pia Imbs (sans étiquette). Sous le mandat précédent, des dizaines de délibérations y étaient à peine discutées en quelques minutes, sans public, caméra ou journalistes.
Trois options pour trois extensions lors du mandat
La séance du 18 décembre devrait aussi tirer en longueur puisque 96 points sont à l’ordre du jour. Le dossier le plus important, le premier, concerne les trois extensions du réseau de tramway prévues lors de ce mandat. Direction l’ouest, avec un prolongement de la ligne F à Koenigshoffen, le nord vers Schiltigheim voire au-delà, ainsi qu’une liaison directe entre la gare et les institutions européennes.
Pour chacune de ces trois lignes, trois variantes de tracés seront proposées plus tard. L’extension vers l’ouest est plus avancée avec le début de la « concertation réglementaire » du 18 janvier au 19 février 2021. Puis, suivra une enquête publique en 2022, et une mise en service espérée fin 2025 jusqu’à Wolfisheim.
Pour Schiltigheim aussi trois variantes existent, par l’Avenue du Général de Gaulle puis le quartier des Écrivains à l’ouest de la commune, la route de Bischwiller au centre, ou une sorte de mélange des deux. Les tracés détaillés rue par rue ne sont pas présentés, puisqu’ils sont encore soumis à des études techniques.
La maire écologiste Danielle Dambach, numéro 3 de l’Eurométropole a été élue puis réélue à Schiltigheim sur la promesse de la relance du projet de tramway sur l’Avenue du général de Gaulle. De quoi laisser penser qu’à l’Eurométropole le tracé choisi lors de la concertation « au printemps » est déjà connu. L’association Col’Schick s’étonne qu’un budget de 80 millions d’euros soit déjà présenté, ce qui éliminerait l’itinéraire qui débute route de Bischwiller, puis retrouverait l’Avenue du général de Gaulle en passant devant l’usine Heineken. Elle demande un référendum comme mode de sélection de la variante.
Un tram vers les institutions européennes
Enfin, une liaison directe de la Gare vers le quartier européen serait créée d’ici 2025, à la place du bus électrique H inauguré quelques jours avant que les sessions du Parlement européen ne désertent Strasbourg et peu utilisé. « Il a toujours été clair que cette ligne de bus est une préfiguration à un tram », indique Alain Jund (EELV), vice-président aux Mobilités. Même si le tracé ne sera pas forcément identique. Cette extension vise à « desserrer le nœud de l’homme de fer », saturé aux heures de pointes. « Une condition pour envisager toute amélioration du réseau », selon Alain Jund.
D’autres extensions de lignes de bus importantes sont prévues, comme celle du BHNS G (Bus à haut niveau de service) de la Gare vers la place de l’Étoile (2,8 kilomètres), promise lors du mandat précédent et sans cesse repoussée. Désormais prévue pour 2023, elle devrait aller jusqu’au quartier Danube. Enfin, la ligne 50 (11,5 kilomètres) serait aussi améliorée, à l’instar des L1, L2, L6, pour relier le Marais (Schiltigheim), à la Montagne-verte en passant par les quartiers des Écrivains, Cronenbourg, Hautepierre et son hôpital tout en contournant le centre-ville.
D’autres projets seront amorcés, mais plutôt pour une concrétisation d’ici 2030. Il faudra qu’une future majorité confirme ces choix en 2026. À l’est, il est question de prolonger le tram F vers le Port-du-Rhin et au sud, le tram C vers le Stockfeld. À cela s’ajouterait un BHNS « sud » qui relierait Neuhof-Meinau à Ostwald et Lingolsheim.
Transfert imminent mais chaotique pour l’A35
Autre dossier complexe, le transfert de la gestion de l’autoroute A35 de l’État vers l’Eurométropole, pour les 40 kilomètres qui la concerne (point 9), le 1er janvier 2021. Comme la droite au conseil départemental du Bas-Rhin (qui fusionnera en janvier avec le Haut-Rhin et récupérera cette compétence pour les autres kilomètres de l’A35), les écologistes et maires de l’Eurométropole estiment que l’État est trop économe dans ses transferts financiers. Les 33 communes aimeraient 6,2 millions d’euros, alors qu’à ce stade des négociations, on leur propose un peu plus de 4 millions d’euros.
Le gros enjeux sur l’A35 sera de réussir l’interdiction des camions en transit, qui ne font que traverser Strasbourg, pour qu’ils se déportent sur le Grand contournement ouest (GCO), payant. Mais à un an de la mise en service, « il n’y a pas de système de contrôle automatique », remarque Béatrice Bulou (DVG), vice-présidente en charge des voiries. Les contrôles humains, assurés par l’État, n’étant pas fréquents, la crainte d’une absence de solution efficace s’approche se précise. L’option de ressusciter les portiques jamais utilisés de l’écotaxe ne semble plus d’actualité.
« Nous avons une obligation de moyens, mais pas une obligation de résultats », pointe Béatrice Bulou. Il reste donc un an pour trouver au moins un moyen d’obtenir des résultats.
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