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Concierge de la Sedes pendant 16 ans, il est expulsé de son logement et sans solution

Suite à une maladie professionnelle, un ancien concierge de la Sedes, bailleur social strasbourgeois, a été licencié en octobre. En conséquence, il se retrouve sous la menace d’expulsion de son logement de fonction. Disposant de très faibles ressources, il craint de se retrouver à la rue.

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Concierge de la Sedes pendant 16 ans, il est expulsé de son logement et sans solution

« Nous avons tout refait à l’intérieur, la tapisserie, la peinture, le mobilier de cuisine… Le jardin, fallait voir dans quel état il était lorsqu’on a emménagé en 2005. Regardez comme on l’a arrangé ! » Un petit bout de pelouse, un petit chemin en terre battue, des haies bien entretenues, la forêt à proximité pour promener ses chiens, Jean se sent bien dans l’appartement qu’il occupe avec son mari, un T3 de 56 m² au rez-de-chaussée d’un petit immeuble du Stockfeld.

Mais lundi 11 janvier, cet ex-concierge de la Sedes, bailleur social strasbourgeois (auparavant Socolopo), a reçu un courrier d’huissier lui intimant de quitter cet appartement à la fin du mois, au motif qu’il s’agit d’un logement de fonction.

« On l’a reçu directement dans la boite aux lettres, ils n’ont même pas frappé à la porte », se rappelle, encore abasourdi et le courrier à la main, l’homme âgé de 52 ans. Sous l’émotion, sa voix s’emporte parfois.

Jean et Samuel pourraient être expulsés prochainement. Ils n’ont aucun moyen de se loger autrement. (Photo TS / Rue89 Strasbourg / cc)

Cette lettre du cabinet Exact n’est que la dernière étape d’une procédure d’expulsion. Concierge pour la Sedes en 2004, Jean a été licencié le 23 octobre pour inaptitude médicale au travail, à cause d’une maladie professionnelle qui lui a gravement endommagé l’épaule gauche. Depuis cette date, son ancien employeur veut récupérer le logement qui lui avait été mis à disposition.

S’il ne payait pas de loyer du temps où il était salarié de l’entreprise, Jean assure qu’il s’en acquitte en temps et en heure depuis. « 370€ par mois, même si je n’ai pas reçu de quittance. J’ai mes virements bancaires pour le prouver ».

« On a nulle part ailleurs où aller »

Cela fait presque seize ans que Jean occupe avec son compagnon ce logement. Alors, pour eux, le coup est rude. Cet appartement, c’est leur « bijou » et ils se voyaient « finir leurs jours dedans. »

« Lorsque j’ai emménagé, on m’a dit que même après la fin de contrat je pourrais rester », assure-t-il, sans toutefois disposer d’un écrit pour le prouver :

« Je suis prêt à signer un bail, continuer à payer mon loyer. On a nulle part ailleurs où aller. S’ils nous expulsent, on finit sur le trottoir avec nos cartons, c’est sûr. »

Car Jean et Samuel ont des revenus très limités. Grâce à sa pension d’invalidité, l’ancien concierge reçoit un peu plus de 1 000€ bruts. Son assurance prévoyance devrait compenser en partie sa perte de salaire, qui s’élevait à l’époque à 1 200€ nets. Son compagnon, lui aussi en situation d’invalidité après une sévère dépression, n’a que 700€ de ressources mensuelles.

Siège de la Sedes (ex-Socolopo), à Schiltigeim. (Capture d’écran Google Maps)

Une invalidité à vie

Le corps de Jean est aussi usé par le travail. Il a accumulé les problèmes de santé. Depuis 2013, trois de ses vertèbres sont soudées suite à une infection au staphylocoque doré qui a nécessité une intervention chirurgicale. Ce n’est pas prouvé médicalement, mais pour Jean, cette bactérie a été attrapée en nettoyant les containers à poubelle des résidences.

Surtout, en 2015, il est contraint de subir une nouvelle opération chirurgicale à l’épaule droite, puis une troisième sur l’épaule gauche en 2018. « Rupture de la coiffe des rotateurs, les tendons de l’épaule, à cause des gestes répétitifs », explique Jean. Malgré l’intervention, il ne peut retrouver sa totale mobilité au niveau du bras gauche. Un handicap avec lequel il doit désormais vivre :

« Aujourd’hui, je ne peux plus soulever un pack d’eau avec ce bras ».

L’origine professionnelle de sa maladie a été reconnue par l’Assurance maladie du Bas-Rhin, tandis que la médecine du travail l’a déclaré définitivement inapte à occuper son poste, comme en atteste des documents que Rue89 Strasbourg a pu consulter. Une invalidé de « deux tiers au moins » lui a été signifié.

Un sentiment d’injustice

Comme le veut la réglementation, avant de s’en séparer, la Sedes a proposé à Jean un nouveau poste : gardien de nuit dans une résidence. Un emploi pas mieux adapté à sa condition médicale, que Jean a refusé. Ouvrant ainsi la voie à son licenciement, autorisé par la législation dans ce cas de figure.

L’ancien concierge ne s’offusque d’ailleurs pas de cela. Balayer les allées, faire les menues réparations dans les diverses résidences que compte le bailleur dans le quartier, nettoyer les poubelles, etc. Il se sait désormais incapable de remplir ces tâches professionnelles qu’il a effectué pendant de longues années.

Mais marqué dans sa chair, après ce qu’il considère comme « seize années de bons et loyaux services », il vit l’expulsion de son logement comme une injustice insupportable.

D’autant plus que, selon lui, d’autres concierges ayant eux aussi quitté le service de la Sedes ont pu conserver leur logement de fonction, en devenant de simples locataires. Il interprète ce refus répété de la Sedes comme un acharnement à son égard. « Pourquoi nous font-ils cela ? », ne cesse-t-il de répéter, en plein désarroi.

Malgré plusieurs sollicitations par courrier et téléphone, la Sedes est jusqu’à présent restée sourde aux requêtes du couple. Et les demandes de rendez-vous avec Lila Chebboub, directrice générale du bailleur social, n’ont pas été acceptées. Contactée le 21 janvier par Rue89 Strasbourg, la direction de la Sedes ne nous a pas répondu.


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