Disons-le tout de go : cette édition 2012 laisse augurer d’excellents moments live dans l’écrin rétro-futuriste orangé du Zénith. Il y a du désir et de l’exaltation sur papier, des noms fédérateurs vers lesquels se tourner sans risque, simplement pour baigner dans une ambiance cool et pépère, et surtout des groupes à cueillir en début d’après-midi, au saut du lit, pour faire passer l’aigreur du café qui dilue les ultimes effets étourdissants d’une soirée détonante.
Vendredi 20 avril : Prends ta claque !
Une sortie de table tardive ou un impératif de dernière minute en ce vendredi après-midi : pas d’inquiétude ! We The Kings (15h45) ne change pas la face du monde avec sa pop fun sucrée à la coolitude très californienne (même si les gars, d’ailleurs, viennent de Floride). En revanche, pour entrer dans le vif du sujet, Stuck in the Sound (17h) est idéal. Dix ans de carrière, trois albums, des tournées à foison : ces Parisiens-là aiment la scène et quand ils jouent, ça crépite sérieusement ! Avec Pony Pony Run Run (18h30) et leur électro-pop-dance calibrée pour bouger, ça va même doucement monter en température. Voilà ce que ça donne en live :
En dignes héritiers d’un punk-rock FM sucré – mais non moins efficace – formaté pour ados accros à MTV et NRJ, les Simple Plan (20h10) enchaîneront leurs hits de trois minutes et demi chacun (Welcome to my Life par exemple) à la manière de leurs mentors Weezer, Lagwagon, Blink 182 ou encore Offspring (dans leur période ultra-marketing). C’est alors que s’ouvriront les hostilités. Féroces. Sanglantes. Assourdissantes. Avec Birdy Nam Nam tout d’abord (22h) : quatre DJ’s gourous du dancefloor avec leurs sets frénétiques susceptibles d’enflammer les recoins les plus hostiles de l’enfer :
Skrillex (à minuit) creusera un peu plus encore le puits sans fond vers le noyau incandescent de la Terre. Ce geek chevelu aux airs d’extra-terrestre puceau et psychotique invoquera deux heures durant toute la cosmogonie house avant de céder cette scène brûlante aux trois pyromanes énervés de Foreign Beggars jusqu’à 4h.
Samedi 21 avril : Taille la route !
Invitation au départ, au voyage, à la bohême. A la manière des vieux babs hippies ou de jeunes hipsters bobo(ïsants)et biophiles adeptes du retour à la terre et des trips autour du monde sacs au dos et Converse aux pieds. Ok, le cliché est facile et convenu mais force est de reconnaître qu’il y en aura pour tous les (bons) goûts ce samedi au rayon émancipation.
Un coup un seul de Revolver (14h30) pour une belle petite mort avec la charmante pop de chambre de ce jeune trio parigot. Izia (16h) crachera ensuite sa hargne généreuse et communicative de « jeune fille (gâtée) de », brute de décoffrage dans son personnage punk-rock survolté nouvelle génération, désireuse de se faire un vrai prénom accolé à l’illustre patronyme familial (Higelin).
Cœur de Pirate (17h30) et Selah Sue (19h) : deux musiciennes, deux chanteuses à voix, cette même voix au timbre mélancolique qui referme une histoire d’amour pour enterrer l’ex et écrire le premier chapitre d’une nouvelle idylle… avec un futur ex.
Puis l’aventurier hobo nous convie à sa grande traversée : Charlie Winston (20h50), feutre sur le crâne et gratte en bandoulière, campe le bon pote, le globe-trotter séducteur, l’amant idéal et le parfait GO tout à la fois, cool, amène et détendu :
Poète mélancolique qui vénère tant la vie que la mort, l’écorché vif Thiéfaine (22h40) prouvera, s’il en est encore besoin, combien sa puissance imaginaire et artistique fédère. HFT, c’est l’heureuse décadence de la société, l’ironie du désespoir ambiant, la permanence de la folie dans un quotidien qu’il s’attache, au bout du compte, à sublimer par tous moyens. Solide sexagénaire, HFT n’a jamais cessé de renaître, de la drogue (La fille du coupeur de joints), de la mort (La maison Borniol), de ces temps passés (La Ruelle des morts) magnifiques et magnifiés pour s’inscrire en phase avec le présent. Thiéfaine, doux charmeur déprimé à l’ironie toujours mordante, se retrouve peut-être dans cette vision de l’existence :
L’ultime envolée de la soirée mariera swing manouche et sonorités électro remuantes derrière les portes d’un caravansérail bien atypique : Caravan Palace (0h30), c’est l’assurance de prendre la tangente dans l’allégresse et l’insouciance. Et après tout, qu’importe la destination puisque l’on sera toujours bien accompagné :
Dimanche 22 avril : Passe le oinj’ !
Associer Le Peuple de l’Herbe (15h20) à un douze feuilles (au moins !) bien chargé est évidemment tentant. Mais aussi bien fumeux avouons-le. Ce rapprochement, toutefois, présente un double avantage : aborder (très) détendu cette journée essentiellement reggae et préparer en douceur l’annonce des résultats du premier tour de la présidentielle. Pas de pression mais uniquement du bon son pour avaler la pilule qui sera peut-être amère. Ainsi le réveil sera-t-il rythmé avec Beat Assailant (12h30) et son jazz-rap à géométrie variable avant le Superman jamaïcain Tarrus Riley (13h50), également auteur inspiré de l’excellent She’s Royal et du génial Beware :
Après le reggae du fils du géant Jimmy Riley, voici le reggae du fils de LA légende :
Ky Mani Marley (17h), digne héritier tout comme le sont aussi les autres rejetons de Bob, Ziggy, Damian, Stephen et Julian.
La belle Nneka (18h40) prendra ensuite le relais, empruntant les pas d’une autre déesse au parcours quasi-identique, Ayo, germano-nigériane elle aussi. Nneka, c’est une présence irradiante et une folk-soul simple, belle et engagée à la manière d’Africans :
Le ton, ensuite, montera, et c’est tant mieux ! Mister Meth, bien plus connu comme Method Man (20h20) du Wu Tang Clan viendra claquer ses rimes et son flow dément quelques minutes après le verdict du premier tour : la certitude, ce sera de pouvoir se défouler de joie, de haine et/ou de désespoir de manière à préparer le rendez-vous du 6 mai. Et pour cela, Method Man est le candidat idéal. Tout comme les Californiens de Groundation (22h10) calmeront les derniers énervés avec leurs messages pacifistes.
Maîtres dans l’art du sample et références du trip-hop actuel, les Marseillais de Chinese Man (23h50) ambianceront et allumeront la fin de soirée en compagnie de Tumi Molekane, effervescent poète sud-africain à la verve incandescente, profonde et tranchée. Même seul, Tumi, habituellement associé à The Volume, n’en fera pas moins de bruit et fera cracher les murs d’enceintes avec le combo marseillais :
Y aller
Le festival des Artefacts au Zénith à Strasbourg – Eckbolsheim du 20 au 22 avril. Programmation complète ici.
Chargement des commentaires…