Ils se réclament du punk-rock… Ok, ne les froissons pas ! De toute façon, dans les années 90, le punk-rock était une bannière de rassemblement, une marque exploitée à fond par les labels, les marchands de fringues, les vendeurs de gel (encore eux!), les publicitaires et surtout par MTV. Il suffisait d’avoir l’air cool, de n’être pas trop moche, de jouer (ou d’apprendre vite fait à jouer) de la guitare électrique à un rythme soutenu grâce à trois accords basiques et de frapper comme un bourrin sur sa batterie en braillant dans un micro pour être étiqueté punk-rock.
Évidemment, le plan com’ passe par l’incontournable clip (sur MTV, encore eux!). Les ingrédients : un petit groupe de quatre à cinq potes, une bagnole décapotable (ou un mini-van), le soleil de Californie, des plages de sable fin (ou une piscine), un groupe de filles (toutes des bombes que l’on découvrira une minute trente plus tard en bikini en train de jouer au beach-volley) et un scénario foireux (très souvent ironique et parodique) qui colle parfaitement à des textes simplistes / simplets sur lesquels sont posées de furieuses mélodies et des riffs rageurs qui assureront la vente de millions d’albums. Bingo ! Deux exemples, just for fun :
Nous voilà à la croisée des succès, tous genres confondus, des films American Pie, Sexcrimes, Souviens-toi l’été dernier et de groupes tels Offspring, Weezer, Blink 182… Et donc Sum 41 !
In Too Deep reste à ce jour le tour de force et plus gros succès des quatre Canadiens, hymne urgent et immédiat qui les conduit au sommet avec leur album All Killer No Filler en 2001. Dans la même veine, quoiqu’avec un décorum quelque peu différent, voici l’autre hit de Sum 41, toujours en 2001, Fat Lip :
Les trentenaires d’aujourd’hui se souviennent forcément de ce raz-de-marée punk-rock à la sauce MTV et radios FM, flirtant avec un courant éphémère lui aussi commercial et baptisé « nu métal ». Apparaît alors une foultitude de groupes tels Weezer, Good Charlotte, Blink 182, etc ; d’autres, plus anciens, s’engouffrent dans cette brèche – Pennywise, Lagwagon, Green Day, etc. – alors qu’une troisième catégorie, des quasi-vétérans d’un punk-rock encore respectable lorsqu’ils se lancèrent dans ce courant, adopte elle aussi cette mode – The Offspring et NOFX.
On pourrait certes rappeler les critiques essuyées par The Clash à la signature d’un contrat avec Columbia Records et la dérive de la bande à Joe Strummer vers des contrées plus commerciales. Tous assument et prennent à leur compte le tournant de l’industrie musicale de ces vingt dernières années. Sum 41 en joue en 2002 lorsque débarque une nouvelle scène rock dont font partie The Strokes et The Hives notamment. Cela donne Still Waiting.
Sum 41, sans (trop) se prendre au sérieux, tout comme d’autres groupes, assure avant tout en live et c’est ce qui compte. C’est ce qui attire encore le public. Leurs albums, sans intérêt majeur, restent pêchus et efficaces et une piqûre de rappel de temps à autre ne s’avère pas mortelle. A l’image du dernier disque en date des Canadiens, Screaming Bloody Murder, sorti l’an dernier. Et ce même si le punk rock tel que mis en avant aujourd’hui se sert de nombreux clichés et stéréotypes pour donner une image rebelle à des groupes qui n’ont plus rien de subversif.
Y aller
Sum 41 le 10 juillet à la Laiterie, rue du Hohwald à Strasbourg.
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