Mass Hysteria, c’est avant tout un album référence auquel on renvoie irrémédiablement ses auteurs, quoi qu’il advienne : Contraddiction, sorti en 1999. Un mètre-étalon, un point d’ancrage, une balise inamovible qui tendrait parfois à se transformer en encombrant boulet pour le combo breton. Avec ses douze titres éruptifs, Contraddiction est LE chef d’oeuvre de Mass Hysteria et son aura rayonne toujours aujourd’hui jusqu’à prendre un peu de lumière aux dernières productions de Mouss, Yann, Raph ainsi que Nicolas et Vincent, guitariste et bassiste intégrés dans la famille au début du XXIè siècle seulement.
Riffs qui tâchent et mots qui claquent
Mais il faut bien le reconnaître – n’en déplaise aux puristes qui voient en Mass une formation peut-être trop mainstream et aux indécrottables de Mass qui aiment à saucissonner l’existence du groupe en plusieurs périodes créatives –, Contraddiction est du magma concentré dopé à la TNT en une seule et unique galette atomique aux ingrédients non moins détonants : des riffs qui tâchent, des mots qui claquent comme un flingue crache ses balles, des nappes électro démentes et bourrées d’adrénaline, des samples incisifs et corrosifs doublés de murs de sur-saturation et de décibels presque insoutenables qui mènent droit dans des sphères thrash et hardcore.
Et forcément, quand on est pris dans de tels typhons à la force surnaturelle, il n’y a pas d’autre choix que de se laisser emporter par les éléments et happer par des pogos et des « bravehearts » qui disputent à Attila et ses Huns cette aptitude à tout ravager pour l’éternité. Et une foule furieuse portée par une hystérie de Mass(e), voilà ce que ça donne en plein air (en juin dernier à Clisson, à l’occasion du festival Hellfest, pour la tournée des 20 ans de Mass Hysteria) :
Évidemment, Mass Hysteria ne fait pas dans la dentelle, mais qu’importe, après tout… Ce qu’on aime chez eux, c’est l’engagement, l’absence de compromission, un flow puissant et ciselé portant un discours entier qui se pose face à un monde bientôt à feu et à sang, en proie à une violence de tous les instants. C’est ce que l’on retrouve avec délectation dans le dernier album en date de Mass Hysteria, L’Armée des Ombres (2012).
C’est brutal, vif, tranchant, décoiffant ! Bref, ça transpire la colère et c’est assurément dans ce registre que Mass Hysteria excelle, dans un univers sombre, malsain et pesant qui se dessine dans des morceaux parfaitement taillés pour la scène, comme L’Homme s’entête au message très politique :
Bal furieux avec Smash Hit Combo
Machine de guerre efficace et rouleau compresseur inéluctable, Mass Hysteria vient à la Laiterie comme à chacun de ses passages : pour livrer un concert qui restera dans les annales.
Et pour ouvrir ce bal furieux, autant se chauffer bien comme il faut avec une première partie explosive, entre phrasé hip hop maîtrisé et sonorités death metal. C’est Smash Hit Combo (SHC) qui régale, six gars de Cernay (Haut-Rhin) qui feraient passer des rafales de kalach pour une sympathique berceuse. En fait, leur style de comptines ancré dans le « post rapcore » provoque des effets bien spécifiques à l’origine d’un très sérieux État second :
État second referme le deuxième album de Smash Hit Combo, Reset, publié l’an dernier. Mais plutôt que l’épilogue de onze titres cohérents et bien balancés ou le « Game Over » péremptoire d’un jeu de baston basique, c’est la promesse de nouveaux épisodes à venir et de nouveaux chapitres à écrire. Car Smash Hit Combo ne s’est pas donné la peine de tout réinitialiser (Reset) pour finalement éteindre la console.
Non, les Alsaciens appartiennent à cette veine de fous furieux qui se nourrissent d’un perpétuel bouillonnement nerveux fait de fougue et de folie créatrice. Leur premier album, NoLife (2009), est un jeu vidéo à part entière, sorte de « doomlike » à cœur ouvert dans lequel le groupe assume et même revendique la puissance de son côté Hardcore Gamer :
Smash Hit Combo, on le voit, a tout d’une tête d’affiche mais avec Mass Hysteria, voilà SHC logiquement placé en première partie. Qu’à cela ne tienne, SHC jouit déjà d’une belle notoriété, depuis sa formation en 2004 : des premières parties renommées (Mass Hysteria, Gojira, Eths, Enhancer, etc), des dates qui s’enchaînent avec très peu de temps morts (tournées en Russie et au Québec durant le premier semestre 2013) et des clips à la réalisation léchée qui font la réputation du groupe sur internet.
A l’image de Hostile, issu de l’album NoLife (2009), qui flirte avec les 245 000 vues :
Smash Hit Combo, c’est de l’énergie à l’état brut et cette pépite entend bien conserver toutes ses aspérités pour continuer de bourlinguer sur les routes accidentées du metal hexagonal.
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