Des claviers enlevés aux aveuglantes boucles hypnotiques et une réverb’ qui mue le monde en une immense cathédrale à la nef interminable. Les Lumerians dégagent ce mysticisme aux accents psychédéliques qui ouvre grand les portes des paradis artificiels. Car avec Tyler Green, Marc Melzer, Jason Miller, Chris Musgrave et Luis Vasquez, c’est quintuple dose de buvards, champi et autres substances hallucinogènes pour baigner dans l’océan d’ivresse sonore d’un space opéra aux effets radicalement tripants.
Les Lumerians, l’air joyeusement ahuri, nous font entrer dans une ronde emportée et sans fin. Ces cinq gourous dans le vent amorcent alors le délicat mouvement d’élévation cosmique dont il sera impossible de ressortir indemne, tant la force de ces rythmes insoumis s’avère exceptionnelle et imparable. Et surtout jubilatoire. En voici une parfaite illustration live :
Très marqués par le mouvement psychédélique des années 60 et 70 ainsi que par le krautrock très puissant et barré des incommensurables Can et Neu!, les Lumerians empruntent aussi aux rythmes sismiques de Sonic Youth et rappellent quelques jouissifs bourdonnements floydiens qui passent toute envie de mots. Seul compte alors le plaisir ultime que procurent ces vibrations coupables et malsaines mais ô combien indispensables à la double perpétuation de la folie artistique et de l’espèce humaine.
Très confidentiels – et bienheureux de ce relatif anonymat –, les Lumerians ont publié deux albums (Transmalinnia et Transmissions from Telos Vol. IV) répertoriés dans la liste des substances qui convoquent des armées de personnages fictifs qui rendent la vie encore plus rose et illuminée. Sans ordonnance ni prescription. Avec l’unique (in)conscience du chemin emprunté vers l’excitation de l’interdit.
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