Fred Lichtenberger et Hélène Braeuner fantasment une Amérique empreinte d’americana. Formulation maladroite et redondante ? Floue peut-être ? Pas tant que cela. Grand March, dans sa course transatlantique puis sa ruée d’outre-Atlantique, puise sa force et son inspiration dans le triptyque classique, quoique indissociable, littérature-musique-cinéma. En voici un catalogue non-exhaustif pour mieux situer l’univers du tandem : Jim Harrison, Cormac McCarthy, Joyce Carol Oates, Craig Johnson pour les ouvrages ; Neil Young, Nick Cave, Calvin Russell, Antony and The Johnsons ou encore une frange féministe et féminine de Patti Smith à Shannon Wright en passant par Cat Power et PJ Harvey pour les références musicales ; puis un cinéma signé David Lynch, Wim Wenders, Jim Jarmusch, Terrence Malick mâtiné de séries telles Deadwood, Justified, Hells on Wheels et Boardwalk Empire.
Cette base conduit alors à tirer le fil des histoires de Grand March, à donner corps à ses personnages de western et gangsters de la Prohibition mis en scène dans neuf micro-fictions dévoilées au cours du photo-concert. Ces neuf récits associent deux mondes complémentaires en quarante-cinq minutes : d’une part, les compositions de Grand March, de l’autre les instantanés de Stéphane Louis issus de sa série The Desert By The Sea, réalisée lors de deux séjours aux Etats-Unis en 2006 et 2008.
Hélène Braeuner détaille le projet :
Pour monter le photo-concert, il a fallu puiser dans le carnet de voyage de Stéphane Louis, opérer un choix dans un immense volume de 10 000 clichés afin de conserver une cohérence dans la narration visuelle et musicale et ne pas malmener la photo en la rendant illisible. En somme, rester fidèle à l’unité de lieu, à l’aire géographique car l’enchaînement des séquences sollicite doublement l’attention : l’écoute de l’auditeur et le regard du spectateur.
Par un habile et subtil jeu de zooms, dézooms et fondus, Grand March et Stéphane Louis suggèrent ainsi un mouvement dans ces images fixes par essence. On déambule dans cette Amérique figée, désertique et abandonnée qui se raconte au fil des chansons.
Mais dans l’élaboration de ce photo-concert, s’agissait-il d’écrire la bande-son d’une succession d’images ou bien de monter le film de compositions musicales découpées en neuf chapitres ?
La logique cinématographique du projet dépasse l’association des photos et des chansons puisque deux extraits de films s’intercalent dans le flux du photo-concert : Badlands de Terrence Malick et Down by Law de Jim Jarmusch. Histoire de créer une rupture dans le récit, de marquer des respirations mais aussi de réveiller l’œil du spectateur.
Quant au choix des chansons, All the Pretty Horses repose sur neuf morceaux. Sept compositions – dont les quatre de l’EP Novels publié en 2010 par Grand March ainsi que trois nouveaux titres – et deux reprises – Good Fortune de PJ Harvey et la ballade Black Hole Sun de Soundgarden.
En guise d’avant-goût du photo-concert, en voici la bande-annonce :
Grand March travaille depuis quelques mois à un nouvel album. Après la parution de Novels en 2010 et la réalisation du clip On My Way Down tourné sous la neige des Vosges du Nord et dans une grange de Lembach, l’année 2011 a surtout été marquée par un enchaînement de scènes et de concerts, notamment un passage au festival des Artefacts, à la foire aux vins de Colmar en ouverture de Yodelice et Ben Harper et une première partie de Lilly Wood & The Prick au Noumatrouff de Mulhouse.
Y aller
All the Pretty Horses, le 31 mars à partir de 20h30 à l’Espace Apollonia, 12 rue du Faubourg de Pierre. En partenariat avec la Fédération Hiéro Strasbourg.
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