Où se trouvent les bureaux de police à Strasbourg ?
Points bleus : bureaux à Strasbourg
Points jaunes : bureaux en agglomération
Points rouges : anciens bureaux et commissariat.
À l’heure de la fermeture de plusieurs commissariats en France, Strasbourg a réussi à conserver ses huit bureaux de quartier, et six autres dans l’agglomération. Des « bureaux de police » plutôt nombreux, en comparaison avec d’autres métropoles régionales comme Nantes (284 970 habitants) qui n’en possède que cinq ou Montpellier (257 351 habitants) où il n’y en a plus que trois.
Mais même si Strasbourg est bien loti, le lien entre la population et les policiers n’en semble pas plus renforcé. Dans les quartiers l’avis est unanime : l’accueil dans les bureaux de police est assuré tout à fait correctement, mais il n’y a pas de « police de proximité ». Ces bureaux ne recueillent que les plaintes « légères » (dégradation, tapage, vol…), et renvoient les plaignants de toutes les affaires les plus importantes au commissariat central. Ils ne sont ouverts qu’en journée (8h – 17h30), sans permanence de nuit ni les week-end. Et les policiers qui y sont affectés ne patrouillent pas dans les rues alentours.
La proximité « manque cruellement »
Aux Centres Loisir Jeunesse de Strasbourg les policiers animent des activités, grâce à cela ils arrivent encore à avoir un lien avec les habitants du quartier, comme le témoigne l’un d’eux :
« On accueille 150 jeunes toute l’année, on propose des animations de rue, etc. Ça nous permet d’être au contact de la population. Et pour moi, c’est ce qui manque cruellement aujourd’hui. Les habitants ne connaissent pas leurs policiers et inversement… Avant, les îlotiers connaissaient tout et tout le monde dans le quartier. Ils étaient au contact des réalités : pour faire remonter les problèmes récurrents, aider les enquêteurs pour les grosses affaires, être à l’écoute des soucis quotidiens des habitants… Ce n’est plus le cas. «
Tensions entre patrouilleurs et habitants
Les agents du bureau de police n’ayant pas le temps de patrouiller, la tâche revient à d’autres policiers. Ainsi dans le quartier du Neuhof, c’est une compagnie de sécurisation réservée aux Zones de sécurité prioritaires (ZSP) qui assure la surveillance. La méconnaissance du quartier peut poser des problèmes notamment dans un quartier comme celui-ci où les habitants ont tendance à « être assimilés à l’image du secteur » et où « la suspicion est permanente ». Catherine Carteni, chef de service de l’équipe des Jeunes Equipes d’Education Populaire (Jeep) du Neuhof, témoigne de cette situation :
« Deux éducateurs de mon équipe se sont fait contrôler à trois reprises et pas toujours d’une manière sympathique… Ils étaient en train de travailler dans la rue avec des jeunes et ils se sont fait fouillés. C’est tout à fait normal qu’il y ait des contrôles, mais c’est vrai que lorsqu’on n’a rien à se reprocher et qu’on se fait contrôler à plusieurs reprises comme cela, c’est assez pesant. Si les policiers connaissaient les éducateurs, ce genre de méprise n’arriverait pas. »
Un bureau de police dans le quartier ? Où ça ?
« Ils ne sortent pas, on ne les voit pas beaucoup », affirment certains habitants en parlant des policiers affectés à leur bureau de police. Et si les rencontres sont si rares, c’est peut-être aussi parce que les habitants ne sont pas encouragés à se rendre dans leur bureau de police. Ainsi dans le quartier gare, Myriam Niss, présidente de l’association des habitants (AHQG), avoue s’être rarement rendue dans son bureau de police. Quand elle a besoin de contacter la police, elle va « au plus simple », c’est-à-dire au Heyritz.
Dans d’autres quartiers, certains habitants vont jusqu’à éviter le bureau de police du secteur. C’est parfois le cas au Neuhof, mais aussi au quartier des XV. Emplacement, manque de personnel, vétusté des locaux… Chacun à son argument pour aller ailleurs. Selon Jean-Luc Dejeant, président de l’Association de défense des intérêts des quartiers centre-est de Strasbourg (Adiq), des habitants lui auraient déjà confié qu’ils « n’iraient pas avec plaisir dans ce bureau de police ». Quelques-uns préfèrent même se rendre à la Robertsau ou directement à l’Hôtel de police plutôt que d’aller place Albert-1er.
Le centre-ville demande plus de présence policière
Pourtant, les quartiers ayant vu leur bureau fermer le regrettent souvent. En ville, c’est le cas de l’ancien commissariat central rue de la Nuée Bleue. Cette structure (fermée il y a deux ans) sera bientôt remplacée par un hôtel de luxe. D’après Michel Roland, président de l’association de quartier halles-tribunal (AQHT), les habitants n’ont « pas forcement besoin d’un commissariat central comme celui qui existait auparavant, mais au moins d’une antenne dans le quartier ».
Au centre-ville, la situation est sensiblement la même. Mais ce qui manque le plus aux habitants aujourd’hui, c’est une présence policière. Car depuis la fermeture du bureau, elle aurait sensiblement diminuée dans le quartier, selon Stéphane Boof, président de l’association STrasbourg résidents et amis du centre-ville (Stra.ce) :
« On est toujours attentifs et inquiets quand des services de proximité disparaissent. À l’époque les policiers avaient rassurés les habitants en promettant que la présence policière serait maintenue. Ça n’a pas été le cas. Aujourd’hui il y a un manque de proximité, de médiation et même de contrôle dans le quartier, ce qui nuit à la tranquillité urbaine. Cette année la police s’est engagée à être plus présente dans le quartier avant l’été. On espère que ça se fera… On attend une amélioration dans les prochaines semaines. »
Un bureau « symbolique » à Cronenbourg
À contrario, le quartier de Cronenbourg semble ne pas avoir été gêné par la fermeture de son bureau, il y a deux ans. D’après Laurent Cécile, directeur du centre social et culturel, cette structure n’était plus que « symbolique » :
« Depuis 8, 10 ans, il n’y avait que très peu d’agents. Il n’était jamais ouvert le soir, ni le week-end… Finalement, le seul vrai désagrément c’est qu’aujourd’hui, les gens sont obligés de se rendre à Hautepierre pour entamer des démarches avec la police. »
A Hautepierre cependant, les acteurs du centre social et culturel côtoient régulièrement les policiers du quartier. La vingtaine de policiers de la brigade spécialisée de terrain (ancienne Uteq) commence à se faire connaître de la population. Cette brigade qui patrouille depuis le courant de l’année 2009 semble bien implantée, à l’image du bureau de police, rénové récemment, et qui « fonctionne bien » selon Louis Schalck, président du CSC.
Armel Bompart, délégué du préfet dans le quartier de Hautepierre, précise que ces brigades (également implantées à Cronenbourg) ne visait à l’origine « pas spécialement la proximité ». Mais dans les faits en circulant dans le quartier et régulièrement à pied, des liens se sont créés avec la population.
Aller plus loin
Sur Rue89 : Police de proximité : la gauche prête à un bilan critique
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