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À la commémoration du 7-Octobre, « un deuil impossible »

Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées, place Broglie à Strasbourg, au soir du lundi 7 octobre. Elles ont commémoré avec quelques notes de piano les victimes de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël et appelé à la libération des otages.

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À la commémoration du 7-Octobre, « un deuil impossible »

Quelques notes de Chopin peuvent-elles soulager la douleur ? Lundi soir, devant l’Hôtel de ville place Broglie à Strasbourg, quelques centaines de personnes ont bravé la pluie pour commémorer les près de 1 200 victimes civiles israéliennes, qui ont péri lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Une année de guerre plus tard, le nombre de victimes n’a fait qu’empirer, avec une estimation de plus de 41 000 morts parmi les Palestiniens et plus de 2 000 parmi la population vivant au Liban.

Aimo Pagin a interprété trois morceaux en hommage aux otages, dont l’un d’eux est pianiste. Photo : Divergence

« Alors que tout deuil est impossible tant que des otages sont encore retenus dans les couloirs du Hamas, a indiqué un porte-parole de la commémoration, nous avons choisi de faire sonner le piano d’Alon, 23 ans, dont le seul tort a été de vouloir participer au festival Nova le 7 octobre 2023 et dont les parents n’ont aucune nouvelle depuis. » Quatre morceaux ont été interprétés par le pianiste Aimo Pagin, un morceau de La Liste de Schindler, la Valse triste de Sibelius, Nocturne en do dièse mineur de Frédéric Chopin et les hymnes nationaux de la France et d’Israël.

Joël se sent abandonné par la gauche universaliste. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Dans la foule, couverte de parapluies, se trouvent des juifs et des non-juifs, marqués par l’attaque et la guerre qui a suivi. Parmi eux, Joël et Martine, qui viennent de la gauche et qui se sentent bien seuls. « Il y a un an, c’est notre monde qui disparaissait, se souvient Martine. Et en France c’est l’idée qu’on pourrait tous vivre ensemble qui a disparu. » « C’est une immense tristesse. On ne voit pas d’issue à ce conflit, reprend Joël. On soutient Israël mais la politique menée par Benjamin Netanyahou ne vise qu’à conforter son pouvoir. »

Sabine trouve qu’Israël est trop isolé sur la scène internationale. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Un peu plus loin, Sabine prend la défense du gouvernement d’extrême droite israélien, dont la décision de bombarder intensément la bande de Gaza tuant des dizaines de milliers de civils palestiniens est très critiquée, y compris en Israël :

« Un an après le massacre, Israël est seul à se battre pour sa survie. C’est de ça qu’il s’agit. Nous sommes attaqués et tués parce que juifs. Beaucoup de pays sont contre nous et peu nous soutiennent. On voudrait maintenant nous imposer un embargo sur les armes ! Très bien mais alors dans ce cas, que cet embargo concerne tous les belligérants sur place ! »

Sabine est fatiguée. Elle « se sent mal » dit-elle :

« J’ai peur pour mes petits enfants en Israël, j’ai peur en France à cause de l’antisémitisme, y compris chez des groupes politiques comme La France insoumise qui veut déployer des drapeaux palestiniens partout… Tout devient très difficile à vivre, j’ai des amis qui sont partis en Israël. »

Sasha est touché par la guerre mais appelle à trouver un moyen de vivre en paix. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Alors que la foule commence à se disperser sous une pluie qui reprend, Sasha, 17 ans, en uniforme de scout, livre une parole d’espoir :

« C’est important d’être présent ce soir, pour penser aux otages et aux drames depuis le 7-Octobre. Après, la guerre provoque des morts, des deux côtés et c’est à déplorer. Nous devons tous retrouver la paix même si personne ne sait comment. J’ai de la famille en Israël, ça me touche mais il faut garder le sourire et rester fort. »

Sasha assure n’avoir jamais été victime d’antisémitisme, même depuis la résurgence du conflit :

« Tous mes amis au lycée savent que je suis juif, mes amis musulmans ont été très compréhensifs au lendemain du 7-Octobre. Certains ont des avis différents sur ce qu’il se passe là-bas et c’est bien normal mais je n’ai pas été atteint personnellement par la situation. »


#israël

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