Rien ne prédisposait Alain à devenir entrepreneur lorsqu’il a atterri au Nicaragua en 2009. Ingénieur, il s’était donné un an dans ce pays avec sa compagne Clara-Isabel, avec l’idée de vivre de petits boulots et de bénévolat. Mais, Alain s’est retrouvé manager d’un hôtel, suite à une rencontre avec le propriétaire de l’établissement.
De retour en France, rien ne l’intéresse plus alors que de retourner en Amérique du sud car il a un pressentiment. Dans l’hôtel qu’il gérait au Nicaragua, Alain a installé un « chocolate grinder », une machine à torréfier le cacao. Et dans la réception de l’hôtel, il avait concocté un petit coin dédié au chocolat pour les visiteurs. Gros succès.
En octobre 2010, le couple reprend l’avion, direction le Pérou. Le couple a l’idée d’ouvrir un « musée du chocolat », à Cuzco l’ancienne capitale des Incas et l’une des villes les plus touristiques du pays. Aussi étonnant que ça paraisse, ça n’existait pas.
De « un musée » à » une chaîne de musées »
Le concept est simple : l’entrée du musée est gratuite et du chocolat péruvien ainsi que des produits dérivés attendent les visiteurs à la sortie : tablettes, thés, vêtements, produits de beauté… La rentabilité est rapidement au rendez-vous. Clara-Isabel et Alain auraient pu s’en contenter, mais ils décident d’ouvrir un deuxième musée en Colombie. Puis un troisième au Guatemala. À ce jour, 22 musées du chocolat ont été ainsi ouverts dans tous les pays producteurs de cacao d’Amérique du sud.
Alain revient sur les premiers jours :
« Tous les musées ont été financés par notre apport initial. Le propriétaire de l’hôtel au Nicaragua, Clara-Isabel et moi avons mis chacun 8 000 euros. Puis le musée s’est très rapidement auto-financé. Dès que nous avions suffisamment de fonds, on a ouvert un nouveau musée, puis encore un autre et ainsi de suite. »
À leur débuts, Clara Isabel et Alain sont seuls à tenir le musée, avec l’aide d’un autre employé. À chaque ouverture de musée, la gestion a été confiée à des stagiaires de son école d’ingénieurs de Lille, puis à des managers locaux. Actuellement, la société emploie environ 200 personnes dans les différents musées.
Les Choco Museo sont composés d’une partie interactive qui permet d’apprendre de manière ludique la transformation de la plante de cacao en grains de cacao. Un espace sur l’histoire du cacao dans le monde, ainsi qu’un autre sur l’histoire du cacao dans le pays dans lequel se trouve le musée. Les musées proposent également aux visiteurs de découvrir la fabrique puis un atelier où il peuvent apprendre en deux heures à créer du chocolat à partir de grains de cacao.
Alain précise :
« Le principe des Choco Museo, c’est qu’on utilise le cacao du pays, on le transforme dans le pays avec des machines et des gens locaux pour les vendre dans ce même pays. L’idée c’est de faire le plus de transformations possibles dans le pays d’origine afin que toute la valeur ajoutée y reste. On pourrait imaginer que dans le futur, la Suisse et les pays européens n’aient plus aucun accès aux grains de cacao mais uniquement à la pâte par exemple, c’est à dire à une version qui a été transformée dans le pays d’origine. »
Pour garnir ses rayons, Alain a mis en place toute une ligne de production dédiée :
« Nous avons plus de 150 références : des barres de chocolat noir, blanc ou au lait, avec à chaque fois une quinzaine de saveurs différentes, des saveurs du pays. Nous fabriquons aussi des confitures de chocolat avec des fruits ou des noix du pays. Des liqueurs auxquelles on ajoute différentes saveurs : banane , fraise, coco, que des goûts naturels. On fait aussi des produits de beauté. Je peux citer également le thé de cacao, fait avec la peau des grains qui a des propriétés vraiment intéressantes. »
« Holà soy Alain Schneider »
Les Choco Muséo, une entreprise « libérée »
Mais ce n’était pas encore suffisant pour Alain, qui a créé en parallèle une brasserie artisanale, à Lima au Pérou, baptisée Nuevo Mundo. La première bière sort des fûts en juin 2014. Aujourd’hui, l’entreprise propose 40 bières différentes, dont sept en bouteilles. La production a atteint les 10 000 litres par mois, dont 4 000 sont commandés par des bars et restaurants péruviens.
Dans cette effervescence, Alain s’est séparé de sa compagne, malgré la naissance de leurs deux enfants : Amaz en 2014 et Algezira en 2016. Du coup, Alain freine :
« Jusqu’à leurs 5 ans, les enfants développent leurs capacités cognitives, ils ont besoin d’amour, de tendresse, de temps. Du coup j’ai décidé de me libérer de la charge opérationnelle de mes entreprises en revendant toutes mes parts à mes associés. Aujourd’hui, les Choco museo n’ont plus de chef, c’est devenu une entreprise libérée. Tout est géré dans des groupes de travail, chacun peut choisir son salaire. Pour ma part, je me ressource. »
En fait, Alain a déjà créé une nouvelle entreprise. Cette fois, c’est une société de conseil, adossée à un site web pour aider les étrangers à créer leur entreprise au Pérou. C’est sûr qu’il a deux trois avis qui doivent valoir de l’or…
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