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Chloridazone dans l’eau potable : l’Eurométropole obtient une dérogation de l’ARS

La concentration de chloridazone desphényl dépasse le seuil réglementaire au captage d’eau potable d’Oberhausbergen. Le 16 décembre, un arrêté préfectoral a accordé une limite dérogatoire pour laisser le temps à l’Eurométropole de Strasbourg de mettre en place un plan d’actions.

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Chloridazone dans l’eau potable : l’Eurométropole obtient une dérogation de l’ARS
En 2016, il était toujours possible d’utiliser des produits phytosanitaires à proximité du point de captage d’Oberhausbergen.

En octobre 2023, Rue89 Strasbourg révélait que des communes à l’ouest de Strasbourg était concernées par un dépassement de la limite réglementaire en concentration de métabolite chloridazone desphényl dans leur eau. Le captage d’Oberhausbergen, qui fournit 20% de l’eau potable distribuée à Strasbourg, fait face au même problème. L’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est évaluait, en juillet 2024, la concentration de ce métabolite à 0,13 microgramme par litre (µg/l) alors que la valeur limite fixée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) est de 0,1 µg/l. Selon d’autres relevés, comme ceux de l’Observatoire de la nappe rhénane par l’Aprona, le taux au plus haut de retrouvé entre 2016 et 2023 s’élève à 0,37 µg/l.

Le 16 décembre, une limite dérogatoire de 0,5 µg/l a été accordée par arrêté préfectoral. Cette dérogation permet de maintenir la distribution de cette eau non conforme pendant trois ans, renouvelables, le temps que l’Eurométropole de Strasbourg mette en place un plan d’actions correctives.

Le plan d’action de l’Eurométropole

À court terme, l’Eurométropole prévoit de mélanger l’eau du captage d’Oberhausbergen et celle du captage de Strasbourg Polygone, qui assure 80% de la distribution. Cette opération diluera la concentration, ce qui devrait permettre de respecter la valeur légale en métabolites dans l’eau distribuée aux habitants. Selon l’arrêté préfectoral, les travaux nécessaires pour cette dérivation sont estimés à un million d’euros.

Des mesures de préservation des sources d’eau potable devraient également être mises en œuvre au cours de cette période. Le chloridazone desphényl est un métabolite issu de la dégradation dans les sols ou dans l’eau du chloridazone, un pesticide utilisé dans les plantations de betterave avant d’être interdit en 2020. L’Eurométropole de Strasbourg insère donc son plan d’action dans la convention Sens. Ce partenariat, établi en 2023 réunit la Ville avec des acteurs de la filière agricole et de l’eau, pour changer les pratiques agricoles et préserver la nappe rhénane des pollutions phytosanitaires.

La dangerosité de ces métabolites sur la santé

Cette limite dérogatoire de 0,5 µg/L a été fixée à la lumière d’un avis rendu, le 25 juillet 2024, par l’Anses sur l’établissement d’une « valeur maximale sanitaire » de ce métabolite. Une étude toxicologique a établi à 11 µg/l une limite au-delà de laquelle l’eau ne pourrait plus être consommée.

Le chloridazone desphényl est un métabolite classé comme « pertinent » en 2020 par l’Anses, c’est à dire que sa concentration dans les eaux destinées à la consommation humaine doit être suivie. L’ARS Grand Est l’a inclus dans une liste de 165 substances actives et 45 métabolites recherchées dans ses contrôles sanitaires.

L’arrêté du 16 décembre 2024


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