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Dix ans plus tard, le Cercle de silence crie toujours « non » aux expulsions

Le cercle de silence de Strasbourg, une initiative citoyenne visant à dénoncer les traitements réservés aux migrants, entre dans sa dixième année mercredi. Ses organisateurs cherchent à relancer un mouvement qui s’étiole lentement.

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Cercle de silence en mars 2010 (Photo Vincent Hanrion / doc remis)

Aux yeux des profanes, la manifestation peut sembler curieuse. Chaque 30e jour du mois, de 18h à 19h, quelques dizaines de personnes se rassemblent en rond, debout et sans bruit, au milieu de la place Kléber à Strasbourg. Mercredi 30 mai, les Cercles de silence auront 10 ans. Par leur mutismes, les participants entendent manifester leur opposition à la politique migratoire de la France. Pour Charles Boubel, l’un des coordinateurs du mouvement, le Cercle de silence cherche à replacer l’Homme au centre des choix politiques :

« On veut mettre en lumière des histoires personnelles. On considère que les conditions de vie des migrants ne font pas l’objet d’une couverture médiatique satisfaisante. »

Les militants revendiquent un traitement en accord avec le droit international des réfugiés, ainsi qu’une fermeture des centres de rétention administrative. Dans ces prisons qui ne disent par leur nom, les sans-papiers sont maintenus en attendant leur éventuelle expulsion. Leur existence a notamment valu à la France de nombreuses condamnations par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. L’idée du Cercle de silence est née fin 2007 dans l’esprit d’Alain Richard, moine franciscain de Toulouse. On compte à ce jour une centaine d’initiatives similaires en France, dont 9 à travers l’Alsace.

Cercle de silence en mars 2010 (Photo Vincent Hanrion / doc remis)
Cercle de silence en mars 2010 (Photo Vincent Hanrion / doc remis)

« Les présidents passent, la politique reste »

Bien que l’événement continue d’avoir lieu sans faute à chaque date fixe, les organisateurs déplorent une baisse de la fréquentation. Le mouvement profitait à ses débuts du soutien d’une partie du tissus associatif strasbourgeois, qui l’a délaissé petit à petit. De moins en moins de personnes se rendent aux réunions mensuelles, selon Barbara Calligaro, l’une des coordinatrices présente au Cercle depuis sa création en 2008 :

« On est passé d’une centaine de personnes il y a quelques années à moins de 40. Et il y a beaucoup plus de gens âgés. Les jeunes sont présents de temps en temps, mais ils ne restent pas avec nous longtemps. »

La faute, selon Sylvie Zorn, faisant partie du noyau dur du mouvement, à une certaine lassitude :

« On est très déçu, on a l’impression que notre action ne donne rien, qu’elle ne produit aucun résultat. Les présidents passent mais les politiques de répression ne changent pas… Au contraire, elles se durcissent même ! »

Sa motivation, Sylvie Zorn la trouve dans la réaction des gens :

« Les réactions virulentes sont rares. Le plus souvent, des gens nous questionnent et passent quelques minutes avec nous, puis ils peuvent finir par nous rejoindre. Nous sommes des veilleurs, notre mission, c’est de rappeler que ces détentions, ces renvois, cette chasse permanente se fait sans le consentement d’une partie de la France. »

Malgré cette usure, malgré les défaites politiques et la poursuite des expulsions, les militants du Cercle de silence restent mobilisés. Mercredi, ils se jureront de rester encore dix ans s’il le faut.


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