Du cinéma au dessin de presse, l’illustration que défend le festival Central Vapeur ne se cantonne pas aux feuilles de papier. Installé depuis quatre ans au même moment que le Marché de Noël, ce festival de l’illustration indépendante continue de proposer dans son salon, du vendredi 12 au dimanche 14 décembre au Hall Des Chars, des éditeurs qui gagnent à être connus et pour ses rencontres des auteurs qui seront connus demain. C’est le parti pris de Central Vapeur, être un rouage dans la découverte des talents, comme l’explique son directeur, Fabien Texier :
« On est comme le festival Sundance aux États-Unis, qui suit et révèle le cinéma indépendant. Les réalisateurs que s’arrachent Hollywood aujourd’hui sont passés par Sundance. Toutes proportions gardées, c’est pareil avec Central Vapeur : on met en avant des auteurs, des éditeurs, qui ont un certain talent et qui le travaillent. C’est pas toujours fini mais la qualité est là et le problème, c’est que ces talents sont souvent masqués par le bulldozer de la promotion des éditeurs installés. »
Une programmation d’orfèvre
Du coup, la programmation de Central Vapeur est un travail d’orfèvre qui consiste non pas à lancer des milliers d’invitations pour voir ensuite ce qui répond, mais à précautionneusement sélectionner des auteurs parfois rétifs aux projecteurs pour les convaincre de venir passer quelques jours à Strasbourg, en pleine magie de Noël. Un gros challenge pour Fabien Texier et son équipe :
« On défend la notion de programmation. Les éditeurs et auteurs présents sont des choix issus d’une sélection. C’est parfois difficile à comprendre, même pour eux lorsqu’ils étaient présents une année et ne peuvent pas revenir l’année suivante, mais on essaie de mettre en place une proposition artistique pour les visiteurs. Cette année, on est très fiers d’accueillir pendant le salon Tom Gauld par exemple, un cartoonist britannique qui publie notamment dans Le Guardian et qui ne sera pas de passage à Strasbourg avant longtemps ! »
Tom Gauld est d’ailleurs publié en France par les éditions 2024, sises à Strasbourg. D’autres éditions de revues strasbourgeoises seront également présentes, citons notamment Les Éditions du Livre, pour qui « la forme du livre, c’est le fond », Matière Grasse, qui imprime à la main en sérigraphie, l’association Papier Gâchette… et des revues également produites à Strasbourg comme Le Cercle Magazine, La Corde, Le Poulpe Multipotent (qui fête sa mort mercredi à 18h au Kitsch n’bar) et Coucou, issue de la Haute École des Arts du Rhin.
Nouveauté cette année, les conférences et rencontres auront lieu au Hall des Chars, pendant le salon, afin de lui apporter une animation bienvenue dans ce monde feutré des amateurs de livres. Trois tables rondes sont programmées, ainsi que des ateliers et un concert avec Clara Clara et Crash Normal.
Outre l’exposition phare, Dialogue de Dessins qui invite cette année l’auteur genevois Ibn Al Rabin et le strasbourgeois Nikol (qui a signé l’affiche), il faut noter le fanzine carré exposé à Continuum, qui rappelle furieusement une scène de 2001, l’Odyssée de l’Espace, Oceano à la librairie Séries Graphiques qui met en scène les deux facettes du monde marin lorsque vogue un voilier du port jusqu’à la banquise.
Un financement encore bancal
Financièrement, l’association qui porte Central Vapeur peine à boucler les quelque 30 000€ nécessaires à la réalisation de ces 10 jours. La Ville de Strasbourg a versé une subvention de 12 000€ puis une rallonge exceptionnelle de 5 000€ mais rien n’est assuré pour l’an prochain. Le conseil régional d’Alsace a versé 5 000€ et pourrait donner plus, à condition que l’association prenne en charge l’animation de la filière du livre et de l’illustration, suite à l’arrêt du Grill (lire notre article).
Pour Fabien Texier, Central Vapeur est encore loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière :
« Un festival de l’édition indépendante comme le fait depuis 4 ans pourrait largement recevoir plus de monde et bénéficier d’un peu plus de surface qu’aujourd’hui. On gardera un petit salon, avec une trentaine d’éditeurs pour que les gens se rencontrent, mais on n’a pas fait le tour de tout ce qu’on peut proposer en deux semaines autour de l’illustration et de la création graphique. »
L’an prochain, le centre national du livre, qui demande trois années pleines d’exercice pour s’intéresser à la manifestation, pourrait être impliqué.
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