À l’appel d’un mouvement national, plus d’une centaine de policiers se sont rassemblés mercredi midi devant l’Hôtel de police de Strasbourg pour dénoncer la « haine anti-flics ». Comme leurs collègues du reste de la France, les policiers dénoncent un climat de plus en plus tendu dans les manifestations contre la « loi travail ». Plus de 350 policiers ont été blessés lors d’échauffourées en marge de ces manifestations.
Lancé par le syndicat Alliance, majoritaire dans la police, le mouvement de protestation a été rejoint par les autres syndicats de gardiens de la paix, Unsa-Police et SGP Police (FO) ainsi que par le SCSI, un syndicat des officiers et des commissaires de la police nationale. Le collectif « urgence notre police assassine » avait également appelé à une contre-manifestation. À Strasbourg, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées place de la Bourse, tenues à distance par des policiers en tenue cette fois.
Malgré une trentaine d’enquêtes de la « police des polices » (IGPN) portant sur des violences policières ouvertes en France, et les critiques de plusieurs responsables politiques de gauche et syndicaux sur la gestion du maintien de l’ordre, les policiers réfutent toute banalisation de la violence dans leurs rangs. Pour Peggy Roths-Entz, secrétaire zonale-Est du SCSI, la police a su évoluer dans sa gestion du maintien de l’ordre :
« Quand on voit sur des vidéos des policiers qui frappent, ça provoque toujours une interrogation du public. Mais on se focalise là-dessus et pas sur la vaste majorité de policiers qui protègent les citoyens et les biens matériels contre les bandes de casseurs avec un grand professionnalisme. Il peut y avoir des dérapages, c’est sûr. Il y a la fatigue, les personnels sont éprouvés, la pression… Mais les policiers ne sont pas là pour réprimer ceux qui n’ont rien fait. »
« Les cortèges confiés aux casseurs »
Marc Jahan, secrétaire départemental SGP Police, revient sur les incidents qui ont émaillé une manifestation contre la « loi travail » en avril, place Kléber à Strasbourg :
« On voit des manifestants qui profitent qu’un policier chute pour lui asséner un coup de pied ou un coup de poing avant de s’éloigner. Il y a quelques années, on n’aurait jamais vu ça… Oui le climat entre policiers et manifestants s’est tendu, mais quand on voit que les têtes de cortèges sont confiées à des casseurs, on se doit de réagir. »
Fabrice Petter, délégué syndical Unsa-Police au sein de la CRS 37 de Strasbourg, pointe le manque d’équipement :
« Pourquoi n’utilise-t-on plus les canons à eaux, qui permettent de maintenir à distance des groupes violents ? Ils le font bien en Allemagne, où ils ont en plus affaire à des bandes moins violentes. On voit bien les casseurs qui arrivent dans les manifestations casqués, avec des protections, le visage masqué… Ce n’est pas pour protester. Il faudrait agir en amont contre ces personnes. »
Selon les policiers présents, la vaste majorité des policiers font preuve de sang-froid et de professionnalisme durant les échauffourées urbaines. Reste que les stratégies policières sont souvent incomprises par les manifestants eux-mêmes, par exemple lorsque des policiers en civil s’infiltrent dans les cortèges pour du renseignement et se retrouvent accusés d’avoir provoqué des violences. De son côté, l’IGPN a mis en place un observatoire des violences policières.
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