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Cohn-Bendit et Bové, stars encombrantes au meeting d’Eva Joly

Un sondage CSA la donne à 1% d’intentions de vote. Sa campagne est jugée « inaudible » et, même dans son camp, on s’interroge encore et toujours sur le maintien de sa candidature à l’élection présidentielle. Pourtant, Eva Joly a tenu le cap hier, en meeting au Palais des fêtes à Strasbourg. Et ce, malgré un espace largement grignoté par les eurodéputés très médiatiques Daniel Cohn-Bendit et José Bové.

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Cohn-Bendit et Bové, stars encombrantes au meeting d’Eva Joly

Les stars écologistes, venues soutenir la candidate EELV. Daniel Cohn-Bendit : "Je voudrais sincèrement remercier Eva d'avoir pris sur elle d'être candidate". (DR)

La meilleure défense, c’est l’attaque. Et se défendre, elle y est contrainte. Quelques heures avant le meeting, Eva Joly a donc lancé les hostilités, en taclant Noël Mamère, « qui, pris d’une soudaine angoisse, a jugé bon de partager ses pensées sur une petite radio », Corinne Lepage, cette « candidate perpétuelle qui ne représente qu’elle-même », ou Jean-Pierre Chevènement, ce « lion de Belfort, dont le rugissement ne pèse pas plus lourd que le miaulement d’un chat ».

Devant une salle pleine à craquer (les organisateurs comptabilisent 1200 personnes), la dame aux lunettes rouges a tenu son troisième meeting de campagne, après Roubaix (Nord) et Montpellier (Hérault). Le thème : l’Europe, comme c’est en général l’usage à Strasbourg.

Mais avant elle, c’est le ban et l’arrière-ban Europe Ecologie-Les Verts d’Alsace qui se sont succédés à la tribune du Palais des fêtes. Sandrine Bélier d’abord, eurodéputée du Grand Est, a redit son souhait de voir « Eva » aller au bout de son engagement dans la campagne. Sus aux empêcheurs de tourner en rond, l’ex-directrice d’Alsace Nature et de France Nature Environnement veille au grain. Jacques Fernique ensuite, tête de file écolo au conseil régional, a présenté quelques-uns des candidats aux Législatives, parmi lesquels ceux partant sous la double étiquette EELV-PS : Andrée Buchmann, dans la 3ème circonscription du Bas-Rhin (Schiltigheim) et, resté assis en bas de l’estrade, Daniel Ehret, candidat dans la 5ème, à Sélestat.

Jacques Fernique et Andrée Buchmann, deux caciques de l'écologie alsacienne. (Photo MM)

Après Antoine Waechter, dont le ton neutre et la logorrhée ont un peu refroidi l’auditoire, l’accueil réservé à Daniel Cohn-Bendit et José Bové a été plus que chaleureux. Mais le contenu de leurs discours a surpris : plutôt qu’un soutien franc à la candidate, « Dany » a d’abord tancé Jean-Marie Brom, écologiste alsacien « canal historique », intervenu précédemment contre le nucléaire. Suffisamment vertement pour susciter un froid dans la salle. Puis le très remuant eurodéputé a lancé un pavé dans sa mare toute personnelle, en proposant une primaire au niveau européen, pour élire un candidat à la présidence de la Commission européenne entre centristes, socialistes, écologistes et communistes. Et « si les Verts le veulent », « je serai candidat » à cette primaire européenne « dans les 27 pays européens ». Autopromotion, donc.

A sa suite, et prêchant aussi pour sa paroisse, José Bové s’est d’abord félicité du vote, le matin même au Parlement européen, de l’interdiction d’importation du bœuf aux hormones américain. Et d’évoquer ses autres emblématiques combats : les OGM et Monsanto, le gaz de shiste, la colonisation – après l’Algérie, la Nouvelle Calédonie : « Ce pays ne nous appartient pas, nous l’avons pris de force, la France n’a rien à faire à 20 000 kilomètres de son territoire ».

Antoine Waechter à la tribune : le président du MEI fut candidat écologiste à la Présidentielle en 1988. (Photo MM)

Ce n’est qu’en clôture, vers 22h30, que la candidate EELV a enfin pris la parole. Au cœur de son intervention, la sortie du nucléaire d’abord. Celle qui s’était rendue en septembre à Fessenheim et s’est engagée pour en faire « un centre d’excellence pour le démantèlement », a redit son souhait de faire sortir la France du nucléaire en 20 ans. Sur l’Europe ensuite, Eva Joly a insisté sur son ambition fédéraliste et sur l’importance d’un exécutif européen fort. Pour elle, « l’Europe ne doit pas être seulement centrée sur l’équilibre budgétaire, une Europe d’austérité », mais doit devenir une entité qui adopte « une vision commune, en matière énergétique » notamment.

A plusieurs reprises, sur l’affaire Karachi, sur le financement de sa campagne de 2007 ou sur sa politique européenne (en référence à son annonce sur l’espace Schengen), la candidate écologiste a attaqué Nicolas Sarkozy, « prêt à détricoter tout ce qui a été fait depuis 60 ans pour conserver son pouvoir ». Et de terminer, à cinq semaines d’une élection qui s’annonce d’ores et déjà comme une défaite cinglante pour la Franco-norvégienne, par un timide : « C’est pour ça que vous devez votez pour moi ».

La candidate : "Oui, il y aura un bulletin Eva Joly dans l'urne le 22 avril". (DR)

Meeting d’Eva Joly en direct (vidéo fournie par EELV)

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