Ce vendredi soir, l’affreux compteur Ulule du projet Rue89 Strasbourg, sur lequel nous avons nos yeux rivés depuis 44 jours, devra afficher une somme supérieure à 35 000€. Faute de quoi, plus de 500 contributeurs seront remboursés et il ne nous restera que le Loto comme solution pour nous développer. Mais tout va bien se passer, ceux qui connaissent le crowdfunding, le financement participatif, sont habitués : il n’est pas rare que les projets soient financés dans les dernières heures de leur campagne.
C’est donc le compte à rebours final comme disait Europe avec un certain style :
Reste que c’est un peu usant pour les nerfs. Quand on s’est lancés dans cette campagne, le montant de l’objectif à collecter a évidemment été l’une de nos premières interrogations. Cibler un montant trop faible et on risquait de mobiliser notre lectorat pour trop peu d’effet, se donner un montant trop élevé fait courir le risque de ne rien recevoir au final. Alors, est-ce que 35 000€ c’est trop demander ?
D’abord, c’est vraiment la somme dont nous avons besoin, déduite des prélèvements, taxes et coûts des contreparties. Les estimations ont été faites sur la base de devis que nous avions demandé pour d’autres dossiers. Ensuite, on est parti de notre lectorat : 12 000 lecteurs par jour, environ 400 000 pages vues par mois… Je pense aujourd’hui encore que 35 000€ était un objectif raisonnable.
À Marseille, 25 000€ levés en trois jours
Nos confrères à Marseille relancent Marsactu, un site d’informations locales, grâce au financement participatif. Le site avait une audience similaire à la nôtre avant sa cessation d’activité il y a quelques mois. Ses repreneurs s’étaient donné comme objectif 25 000€, qu’ils ont atteint en trois jours ! Leur collecte affiche 123% de réussite à ce jour. Qu’est-ce qui différencie Marsactu de Rue89 Strasbourg ? Une agglomération plus importante, un projet qui doit renaître peut-être, ce qui peut apparaître comme plus concret alors que de notre côté, nous avons poursuivi notre publication quotidienne pendant ce mois de juin, qui promet d’ailleurs d’être un nouveau record d’audience.
L’attachement d’une audience à un média est un concept étrange. Les journalistes s’en font souvent une idée fausse. Pourtant, surtout dans cette campagne, on compte dessus. On a créé Rue89 Strasbourg avec l’ambition de produire un journal qui plait, auquel on peut s’attacher. Parfois on est fiers de nous, parfois moins mais aujourd’hui, on constate que plus de 500 personnes sont prêtes à payer, en moyenne 43€, pour que ce média puisse continuer, se développer et rester gratuit. Ça nous touche évidemment beaucoup, car rien ne les obligeait.
Pourquoi ils ont donné à Rue89 Strasbourg ?
On vous a donné mille et une raisons de soutenir Rue89 Strasbourg. Mais finalement, ceux qui en parlent le mieux, c’est peut-être ceux qui ont déjà contribué et qui ont laissé un commentaire sur la plate-forme Ulule. Comme « bpatrick« , qui « ne partage pas forcément la ligne éditoriale mais souhaite que ce média continue d’exister », tout comme « fgleduc » qui lui est « souvent en désaccord » avec notre positionnement qu’il qualifie « d’anti-Ries » et comme « Lauch-Robertsau« , aussi souvent en désaccord mais qui souhaite que Rue89 Strasbourg continue pour lui porter la contradiction parce que « ça aide à conserver ses neurones en bon état ».
Et puis il y ceux qui suivent de près nos ambitions éditoriales et techniques. Comme Nalaf, qui trouve le datajournalisme « trop cool » et Pascale Camus-Walter, qui nous invite à nous transformer en académie citoyenne :
« Dans un monde hyperconnecté comme le nôtre, nous avons tous vocation à devenir journalistes comme nous apprenons tous à lire et à écrire. Mais décrypter une info, la vérifier, ça s’apprend. Devenir responsable et ne pas diffuser de fausses informations, c’est un enjeu qui nous concerne tous sur la toile. Un gros chantier de formation à la gestion de l’info, surtout auprès des jeunes, dans lequel je souhaiterais que Rue89 s’investisse plutôt dans des formations sur les outils du web et la bureautique. L’information, c’est le pouvoir, c’est pour ça que ça se partage. »
Beaucoup parlent de la pluralité des médias, de nos enquêtes, de nos imperfections et de notre liberté de ton dans les commentaires. C’est « mamzelle_isa » qui résume le sentiment général, auquel on adhère pleinement :
« Pourquoi je soutiens Rue89 Strasbourg ? Eh bien, parce que j’ai pas envie de le voir disparaître de mon paysage médiatique, tiens ! Parce que, pour chaque article, il y a un travail de recherche fouillé, des infos sur mon environnement économique, social ou politique. J’apprécie les angles de traitement des sujets, souvent inattendus, parfois polémiques, mais toujours différents. S’il disparaissent, j’entends déjà les “ah, c’est dommage, j’aimais bien.” Alors que c’est si simple d’agir maintenant pour l’éviter, hein ? »
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