Mardi 21 août. Je suis retournée au travail le 16, après mes vacances. Beaucoup de patients attendaient que je revienne. Mais là, on est le 21, je débute la journée par un petit trajet en Twingo de 15 mn, j’aime bien . Mes idées se mettent en place. 22° déjà au compteur de la petite voiture. Il est 8h30 à l’arrivée au cabinet, je suis un peu en avance, c’est pas habituel. J’ai toujours du mal à démarrer la journée, pas flemmarde non, mais un besoin de dérouillage matinal. A la radio, on annonce une journée caniculaire . Ça devrait être calme. Qui oserait sortir par une chaleur pareille?
Les rideaux de la salle d’attente baissés, le ventilo en route, la bouteille d’eau fraîche et des gobelets sur la table basse, en route pour la journée. Le premier patient arrive déjà, pas le temps de traînailler. Quinze minutes plus tard la salle d’attente est déjà pleine. Qu’ont-ils donc à être tous malades en plein mois d’août ?
11h. Je bloque l’ouverture automatique de la porte d’entrée, stop ! N’en jetez plus, la salle d’attente est pleine. Ça commence à chauffer! Éventails improvisés, gobelets utilisés , je réapprovisionne le sauna.
11h45. Appel de l’infirmière du Foyer d’accueil spécialisé: Albert (prénom modifié), 85 ans, schizophrène, va mal. Une visite de plus au planning.
13h . Déjà 18 patients vus ce matin, c’est trop pour moi. 34° au compteur de la voiture. Je rêve d’une douche froide …
Je fonce au Foyer. Tableau clinique : Albert ne mange plus depuis 3 jours, ne boit plus rien depuis la veille, et surtout reste couché et ne va plus fumer. Ce n’est jamais arrivé. Son médecin est en vacances, je la remplace au foyer. Albert est un schizophrène mystique, il dit qu’il écrit pour Jésus. C’est son infirmière qui me raconte sa vie. Il ne rate jamais la pause clope d’habitude, mais là même pour elle, il ne se lève plus. C’est le patient le plus âgé du foyer. À l’examen, il est désorienté, déshydraté. Il faut le perfuser.
Avec l’infirmière, on décide l’hospitalisation. Mais il devrait revenir vite. Je m’arrête à une boulangerie du quartier ouverte entre midi et deux : un coca, (j’en ai marre de l’eau), un sandwich que j’emporte dans ma voiture. Encore trois autres visites de patients âgés qui ne sortent plus de chez eux. Je constate que le boulot est bien fait par l’entourage, les volets sont baissés, les ventilo tournent. Les bouteilles d’eau sont sur les tables. 2003 a laissé des traces ! Des conseils de plus sont inutiles.
La clim de la Twingo va lâcher…
35°, je sue, la clim de la Twingo est faiblarde et n’a pas le temps d’être efficace sur les trajets de 10 mn.
Juste le temps de terminer les visites. La consult du soir débute à 16h. J’ouvre le cabinet, fonce à la salle de bain, et me rafraîchis copieusement. Tant pis pour la douche !
La consult qui suit est éprouvante, je souffre de la chaleur. J’ai juste envie d’être ailleurs, d’avoir de l’air. Mes mains sont trop chaudes, l’examen des malades plus difficile.
Plusieurs patients consultent pour des malaises, des nausées: coups de chaleur en fait. Cela fait plusieurs jours que Strasbourg est un four. Je me demande si l’on respire mieux à la campagne… Les enfants pleurent, ont chaud dans la salle d’attente. Ça fait un peu cour des miracles comme cabinet ! Les patients n’en peuvent plus et moi, je me liquéfie à vue d’oeil. J’essaye d’activer, mais bof, ça marche pas vraiment. Vivement que ça se termine ! Je me note de penser à me renseigner pour acheter une clim pour l’année prochaine.
20h15. Le dernier patient est heureux de sortir, et moi d’avoir enfin fini. On en plaisante. Maintenant, je rêve de sauter dans une immense piscine.
Avant de partir, lire sur mon écran le nombre de patients vus ce jour: 35. C’était bien le nombre du jour: il a fait 35° cet après-midi.
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