1 – L’étrange stratégie défensive de l’équipe sortante
Alors que Roland Ries (PS), maire sortant, est favori dans 3 sondages consécutifs (le 3ème étant sorti cette semaine), la semaine politique a été marquée par une stratégie d’attaque à l’égard de la chalengeuse Fabienne Keller (UMP). Lundi d’abord, Alain Fontanel et Mathieu Cahn, codirecteurs de la campagne de Roland Ries (PS) et respectivement adjoints aux finances et à la vie associative du maire sortant, ont convoqué la presse sans explication, pour finalement taper fort sur la candidate de droite, au motif qu’ils auraient peu goûté certains arguments avancés dans l’un de ses documents de campagne.
Ils se sont fâchés tout rouge derrière leurs écharpes roses et ont tenu à répondre point par point. D’abord, les deux élus socialistes ont rappelé que la sénatrice UMP a voté contre la loi sur la transparence, alors que ces premières propositions pour Strasbourg sont des engagements d’éthique pour l’exécutif de la municipalité. Ils reprochent aussi à Fabienne Keller de clamer que le chômage a augmenté de 43% à Strasbourg entre 2008 et 2013. Selon eux, les seuls chiffres disponibles sur une telle période sont ceux de l’Adira et qui placent à 18% l’augmentation du chômage dans le Bas-Rhin de fin 2009 à fin 2012. Quant à l’attractivité de Strasbourg, elle n’aurait pas « disparue » selon Mathieu Cahn, qui cite une étude d’Ernst & Young selon laquelle Strasbourg serait la troisième ville de France pour son attractivité économique « réelle » mais la septième pour son attractivité « perçue ».
Fabienne Keller ayant reproché à Roland Ries de concéder (dans un premier temps) l’édification du quartier d’affaires du Wacken à Bouygues Immobilier sans « mise en concurrence », Alain Fontanel et Mathieu Cahn sont allés fouiller dans les archives de la Chambre régionale des comptes pour y dégoter le rapport de 2007 sur les finances de la Ville. Dans ce rapport, la CRC reproche à la Ville une absence de mise en concurrence dans 35% des marchés publics et une absence de publicité dans 10% d’entre eux.
Alain Fontanel : « Fabienne Keller ne nous dit pas tout »
Sur les réseaux sociaux, l’ambiance est aussi au Keller-bashing. Sur les pages Facebook et Twitter du conseiller municipal PS et membre de l’équipe de campagne Paul Meyer, les attaques pleuvent. On trouve même un document qui reprend les « éléments de langage » utilisés par de nombreux élus PS, qui détournent le slogan « Dites-moi tout » de la candidate UMP :
Dans la même logique, les deux codirecteurs de campagne de Roland Ries se sont fendus mercredi d’un communiqué pour revenir sur une déclaration de Fabienne Keller la veille mardi, à l’occasion du second débat organisé à la librairie Kléber par le Club de la presse, sur les thèmes du logement et de l’urbanisme.
Alors que le maire n’a pas réagi à l’annonce de la candidate d’abandonner, si elle était élue, le projet de tour Elithis à énergie positive, le communiqué de ceux que l’on appellerait bien volontiers les Tontons flingueurs (!) serine la petite musique désormais connue… « Fabienne Keller n’a pas changé » :
« Alors que tous les professionnels reconnaissent l’originalité et l’audace de cette première tour de logements à énergie positive qui constitue une première mondiale, Fabienne Keller fait le choix du dogmatisme qui avait caractérisé le début de son mandat de maire en 2001. Tout ce qui avait été fait avant elle devait être abandonné, car ce ne pouvait être que mauvais.(…) Fabienne Keller démontre ainsi la réalité de sa pratique politique : au service de la revanche et sans aucune discussion ni concertation avec qui que ce soit, et reposant sur la certitude d’avoir toujours raison. Hélas, Fabienne Keller prouve une nouvelle fois qu’au-delà des sourires convenus, elle n’a pas changé. »
Pourquoi cette campagne négative ?
Une question se pose : pourquoi l’équipe sortante – maire y compris, notamment à l’occasion du débat de mardi sur France Inter – favorite dans les sondages, a-t-elle besoin de faire cette campagne négative ? Réponse prudente de Mathieu Cahn :
« D’abord, on ne base pas notre stratégie de campagne sur un sondage. Et puis la stratégie de Fabienne Keller, c’est de dire et de répéter qu’elle a appris de ses erreurs, qu’elle a changé. Nous ne voulons pas que cette idée s’installe dans l’opinion et souhaitons rappeler que ce n’est que de la communication. Notre stratégie, c’est de la désintoxication ! »
Certains opposants font l’hypothèse que la stratégie anti-Keller permet de fédérer en interne, alors que l’on parle avec insistance d’une ouverture de la liste « civile » (les 14 places restantes) au centre, voire à droite avec l’arrivée de Jean-François Kovar, ancien candidat UMP aux élections cantonales à la Krutenau. »Rien à voir », martèle Alain Fontanel, qui embraie :
« Nous disons juste « stop » aux attaques de l’UMP dans la presse, aux propos extrêmement agressifs de Pascal Mangin, qui interviendra une fois de plus en conseil municipal lundi sur Bamako, pour instiller le doute sur l’honnêteté du maire… Nous avons été les premiers à dévoiler une bonne partie de notre liste et un premier volet de notre programme. Nous attendons maintenant un débat démocratique. »
En face, cette campagne défensive laisse plutôt de marbre. Thierry Van Oost, directeur de campagne de Fabienne Keller, analyse :
« Les sondages ont révélé que l’opinion publique a une bonne image de Fabienne Keller, malgré la petite musique que fait entendre le PS depuis des mois. Nos tracts n’étaient pas si méchants, la campagne de Fabienne sur le terrain n’est pas agressive… Mais la gauche sait que l’élection va se jouer sur la personnalité plus que sur les programmes. Tout le monde veut faire des pistes cyclables et rénover des écoles, faire rayonner la ville ou parler d’emploi. Leur stratégie : expliquer aux électeurs que s’ils laissent passer Fabienne Keller, ils auront un maire autoritaire pendant 6 ans. Or, elle a changé. Elle est plus cool qu’avant, fait plus confiance, est plus dans le dialogue que quand j’ai travaillé avec elle à la mairie. D’ailleurs, sinon, je ne serais pas revenu… »
Alors que les programmes sortent enfin – sans grande surprise ni révolution – le débat devrait se déporter sur les propositions nouvelles dans les semaines à venir. Peut-on espérer.
2 – Le « programme » UDI et les « idées » de l’UMP ne révolutionneront pas Strasbourg
Mis à part les rythmes scolaires et le futur parc des expositions, les principaux candidats aux élections municipales à Strasbourg sont d’accord sur tout, ou presque. Ce qui change, indique-t-on, ce sera la méthode.
• Lire : Programmes : Fabienne Keller et François Loos coincés par les projets PS
3 – Alain Jund (EELV) et Jean-Luc Schaffhauser (FN) ont bouclé leur liste
• Lire : Sandrine Bélier est 16ème sur la liste d’Alain Jund (EELV)
La fédération Front National du Bas-Rhin a fait savoir, suite notamment à l’éviction (ou au départ) de Patrick Beaufrère, qu’elle prenait ses distances avec les choix opérés par Jean-Luc Schaffhauser dans la constitution de sa liste. Un communiqué signé par la secrétaire départementale Pascale Elles (par ailleurs candidate FN à Illkirch-Graffenstaden) daté de mercredi précise :
« Le Front National du Bas-Rhin apprend ce jour le dépôt en préfecture de la liste Strasbourg Bleu Marine menée par Jean-Luc Schaffhauser. La fédération du Bas-Rhin précise que la composition de cette liste a été laissée à la libre appréciation du candidat. Le choix des colistiers relève de l’entière responsabilité de Jean-Luc Schaffhauser et ne saurait donc engager la fédération du Bas-Rhin. »
« Ridicule », tacle le directeur de campagne de la liste RBM, Laurent Husser, qui note : « Il va de soi qu’il ne s’agit que de crispations liées à la constitution de la liste et certains choix ». Une conférence de presse de présentation de la fameuse liste devrait avoir lieu prochainement, en présence de Marine Le Pen espère Laurent Husser.
4 – Après le POI, le NPA aura aussi une liste
Une dizaine de listes seront sur la ligne de départ à Strasbourg le 23 mars. A l’extrême gauche, outre le Parti ouvrier indépendant (POI) mené par Elisabeth Del Grande, on trouvera le Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Vendredi à la Taverne Française, le NPA a précisé ses motivations :
« Alors que nous subissons les effets de la crise bien que nous n’en soyons pas responsables, ces échéances électorales auront valeur de premier vote sanction contre la politique menée par le gouvernement. Ce gouvernement, dans la continuité du gouvernement précédent, mène une politique d’austérité conduisant à la casse des services publics combinée avec une offensive pour faire baisser les salaires, les pensions, les cotisations sociales et sans s’opposer aux licenciements. Il mène aussi une offensive politique et idéologique violente contre les sans-papiers, les Roms ou « les jeunes des cités ». Le NPA propose de bâtir une liste d’une gauche de combat et non de renoncement. »
Le communiqué du Nouveau parti anticapitaliste
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