Quand elle en arrive à « l’affaire des Remparts », la présidente du tribunal des référés de Strasbourg se saisit du dossier le plus épais de ce mardi après-midi. Plus d’une centaine de personnes, demandeurs d’asile, ont en effet été assignés par la Ville de Strasbourg. La municipalité ne veut pas de l’installation d’un « bidonville » sur le terre-plein de la rue des Remparts, derrière la gare. L’occupation de ce dernier se faisant « sans droit ni titre », l’avocat de la Ville, Me Jean-Marie Bourgun, invoque un trouble à l’ordre public qu’il est « urgent » de faire cesser.
Une vingtaine des personnes vivant sur ce camp depuis l’été ont fait le déplacement jusqu’au tribunal de grande instance, avec leurs enfants. Ils attendent dans les couloirs des nouvelles de leur avocate, Me Sophie Schweitzer.
« Mettre l’Etat face à ses responsabilités »
La position de la Ville a sensiblement évolué sur un point : elle veut mettre l’Etat face à ses responsabilités. L’avocat de Strasbourg, Me Bourgun, a en effet plaidé que « le propriétaire du terrain (la Ville, ndlr) n’a pas à se substituer à l’État. » Il oppose un « problème juridique simple » à un « problème social difficile », ce dernier relevant de la responsabilité étatique. Pour Me Bourgun cependant, « l’État fait ce qu’il peut » puisque « 49 personnes on été prises en charge depuis début août. » Il rappelle aussi les actions de la Ville, parmi lesquelles l’installation de trois toilettes sèches (soit une de moins qu’en août), l’accès à un point d’eau et le nettoyage du site.
Cette dernière remarque irrite Me Schweitzer, qui fait remarquer que les toilettes sont vidées par des associations, que le point d’eau n’est pas accessible en continu et que deux douches seulement, gérées par une association, sont disponibles.
Un « appel d’air » selon la Ville
L’avocate, qui a peu d’espoir sur la décision du tribunal, dénonce l’inutilité de cette procédure :
« Où voulez vous que ces personnes aillent avec leur tente sur le dos ? C’est une décision qu’on ne pourra pas faire exécuter. »
Le droit au logement oblige les collectivités à proposer des solutions à toute personne privée de son lieu de vie. Me Schweitzer remarque aussi l’absence d’utilisation de ce terrain par la collectivité et réfute qu’il y ait un « trouble manifestement illicite » sur le camp.
Quand Me Bourgun évoque le risque d’un « appel d’air » si ce camp perdure, l’avocate perd son calme et rappelle que ces personnes ne sont pas « venues ici en vacances ». L’échange est vif avec Me Bourgun, lequel conclut : « je trouve ça insultant pour la Ville de Strasbourg. », en arguant que la municipalité a pris ses responsabilités.
Le tribunal rendra sa décision le 21 septembre.
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