Les sourcils froncés, le pas vif et énergique au moment d’entrer dans la salle, un regard sur sa montre, Dominique1 prévient d’emblée : « Je suis désolée mais comme d’habitude il faudra que je parte à 16 heures pile, vous savez… » « Aucun problème Dominique, vous partez quand vous devez partir », lui répond calmement l’animatrice. Dominique pose son sac, s’assied, souffle un bon coup et jette un regard circulaire autour de la table. Le Café des aidants de ce jeudi 17 octobre est sur le point de commencer. La Mutualité française et l’Eurométropole de Strasbourg organisent deux réunions par mois à la Maison sport-santé, boulevard de la Victoire. Les personnes concernées peuvent s’inscrire à l’une des deux dates chaque mois.
Douze personnes – dont dix femmes – sont aujourd’hui venues parler de leur quotidien au chevet de leur proche malade ou handicapé. Si Dominique doit partir à 16 heures « comme à chaque fois », c’est que sa journée est chronométrée. Ses rares temps libres sont drastiquement limités. Elle s’occupe de son père âgé de 96 ans. « C’est en partie à ça qu’on reconnaît les aidants : ils ont toujours un œil sur leur montre, note Sabrina Bizon, psychologue spécialisée en gérontologie et animatrice du Café depuis dix ans. Quand on est aidant, on l’est souvent 24 heures sur 24 dans la tête. Le Café leur permet de couper et de se sentir moins seuls. » Juridiquement en France, le proche aidant est défini comme « la personne qui vient en aide, de manière régulière et non-professionnelle (…) à une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap ». On estime à 11 millions le nombre d’aidants en France, soit un ou une Française sur six.
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