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Budget des CSC : l’auto-censure, une norme en temps de crise

On compte 17 centres socio-culturels à Strasbourg. Leurs financeurs publics, Ville, CAF, Conseil général, sont tous soumis à des restrictions budgétaires depuis plusieurs années. Si pour l’instant, on ne recense aucune coupe importante dans les budgets des CSC, les directeurs se disent préoccupés par l’avenir. Surtout, ils auto-censurent leurs projets pour rester dans les clous.

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Budget des CSC : l’auto-censure, une norme en temps de crise

Visite en péniche avec les enfants du CSC Hautepierre (Document Remis)

Financements reconductibles ou ponctuels, fonds propres… Mettre le nez dans le budget d’un centre socio-culturel (CSC) peut vite devenir un casse-tête. A Strasbourg, les CSC n’ont pas attendu les restrictions budgétaires pour se serrer la ceinture. Leurs budgets sont gelés alors que les attentes des habitants sont exponentielles. Voilà déjà une dizaine d’années que pour finir le mois, les responsables s’adonnent à un numéro d’équilibriste. Diminuer la masse salariale ? Faire l’impasse sur des projets à long terme pour assurer un meilleur accompagnement sur le terrain au quotidien ? Dilemmes.

Si la crise économique n’a pas épargné les collectivités, Strasbourg a tout de même rassuré les CSC. Sur le moyen terme, ils ne seront pas concernés par les restrictions budgétaires. Certes, on « grignote par-ci – par-là », glissent des directeurs des centres, mais en règle générale, les subventions restent stables. Il arrive même que celles octroyées par la ville augmentent pour tenir compte de l’inflation. Pour les dépenses régulières comme le loyer et les salaires, les CSC piochent dans leur budget reconductible accordé par la Ville, le Conseil général et la caisse d’allocations familiales. Il est nécessaire d’obtenir un agrément de la CAF pour y avoir droit.

La Ville reste le plus gros financeur, puisque ses subventions représentent 60% des ressources des centres. C’est elle qui finance une partie du personnel avec des dispositifs comme les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) ou des postes FONJEP (fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire).

Paupérisation = besoins sociaux grandissants

Aujourd’hui, les centres socio-culturels sont confrontés à des attentes grandissantes du côté des habitants (soutien scolaire, ateliers de langue française), alors que seulement 30% du budget sont consacrés à l’action sur le terrain. Dans les quartiers dits difficiles, les directeurs remarquent une paupérisation de la population. Le CSC Victor-Schoelcher à Cronenbourg est situé dans un quartier classé en catégorie 1, il fait partie des zones prioritaires de la ville. Ce qui lui permet de profiter de dispositifs spécifiquement conçus pour ces territoires. Les CUCS mis en place en 2007 en sont un exemple.

Sur les vingt dernières années, Laurent Cécile, directeur du CSC de Cronenbourg, estime que les problématiques sont restées les mêmes mais que la situation empire :

« Là où on sent une grosse différence, c’est au niveau de nos actions. On est de plus en plus attirés dans les questions sociales. Dans un quartier comme le nôtre, il y a une vraie paupérisation et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. La majorité de nos adhérents n’est pas solvable, il y en a pas mal qui sont surendettés. Même si on est libres de choisir nos projets en fonction des besoins, on ne peut pas être sur tous les fronts et les cotisations de nos adhérents ne couvrent pas grand-chose… »

C’est le moins que l’on puisse dire, à Hautepierre par exemple, elles représentent 0,04% des ressources totales.

Les nouveaux financeurs : l’Europe et le mécénat

Ce ne sont donc pas les habitants qui financent leur centre. Koutir  Kechab, directeur du CSC du Neuhof, rappelle :

« L’âge d’or, c’était pendant les années 1980 et même 90. Dès qu’on avait un projet qui tenait la route, on allait voir la Ville et les subventions suivaient. Maintenant, les démarches sont beaucoup plus fastidieuses, mais on essaie de trouver des stratégies différentes. On présente nos projets à l’Union Européenne et on mise sur les mécénats.

Oxalis, une entreprise basée au Neuhof, nous a versé 9 000€ sur les deux dernières années. Sans cette somme, on n’aurait pas pu faire notre dernier voyage au Québec. Les huit jeunes qui y ont participé ont pu se projeter sur le long terme, travailler sur une question de société importante comme l’environnement. C’est une manière différente de les motiver, mais cela fonctionne avec ce type de public. »

A Hautepierre comme dans les autres CSC, le profil des usagers est varié… Ici des seniors lors d'une activité pétanque (Doc. remis)

A Hautepierre, le CSC n’est pas dans le rouge. Cela n’empêche pas Louis Schalck, son directeur, d’être préoccupé par la situation économique générale. Certains projets sont avortés avant même d’être proposés aux collectivités puisqu’on sait d’avance qu’ils ne seront pas réalisables financièrement. Il confie :

« Augmenter le budget prévisionnel quand on sait qu’on n’aura pas ce qu’on demande, c’est inutile. La vraie question qui se pose c’est de savoir jusqu’où on doit intervenir. L’an passé, on a participé à la Journée de la femme. On nous a dit que ça sortait de notre champ d’actions. Sur le terrain, il y a des vrais besoins. Quand on propose des séjours en France ou à l’étranger, on obtient un financement de 50%, pas plus. Le reste, ça sort de nos fonds propres. »

Un voyage sucré par ci, un projet rogné par là

Il y a encore cinq ans, les structures pouvaient présenter un déficit de 20 à 30 000 euros à la fin de l’année, assure le directeur du CSC de Cronenbourg. Il y avait des arrangements possibles. Depuis quelques années, il est admis qu’il vaut mieux avoir de l’excédent pour prouver que l’on est un bon gestionnaire, quitte à sucrer un séjour à l’étranger ou réduire à quelques jours un projet prévu initialement sur un an.

Dans les centres socio-culturels, si personne ne tire encore la sonnette d’alarme, les équipes pédagogiques n’abordent pas les années à venir avec sérénité.


#Cronenbourg

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