« La concertation a permis de modifier des micro-détails, comme le nombre d’arceaux à vélo… » Comme ses voisins Isabelle et Romaric, Jean est déçu de la concertation mise en place par la Ville de Strasbourg à propos de l’extension du stade de la Meinau. Le projet doit permettre à la cathédrale du football local d’atteindre 32 037 places, contre 26 000 aujourd’hui. Une fan zone doit aussi être construite à l’extérieur.
Cette nouvelle aire offrira un espace de réunion et de consommation utilisable en dehors des matchs à domicile pour le Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA). Certains matchs à l’extérieur devraient y être diffusés, et la Ville de Strasbourg ou des associations pourront y organiser des événements. Autant de changements qui inquiètent Isabelle, Romaric et Jean. Ils estiment que leurs remarques et propositions n’ont pas été prises en compte par la municipalité.
Le collectif demande de verbaliser le stationnement sauvage
Pour ces habitants de la Meinau, le stationnement pose problème depuis de nombreuses années, déjà sous le dernier mandat de l’ex-maire socialiste Roland Ries. Les abords du stade se transforment systématiquement en vaste zone de stationnement sauvage lors des matchs à domicile du RCSA. « On s’est battu pour qu’il y ait des verbalisations, regrette Romaric, mais elles ne sont toujours pas appliquées. » Et l’ingénieur informatique de craindre le pire avec l’afflux de milliers de supporters supplémentaires :
« Avec cette extension de stade prévue pour 6 000 personnes supplémentaires, il faut éduquer tout de suite les fans pour qu’ils s’habituent à prendre le tram ou le train. Mais aujourd’hui, le moyen de transport majoritaire reste la voiture, et une des raisons, c’est qu’on peut se garer gratuitement sans se faire verbaliser… »
Adjoint et référent du quartier Meinau, Abdelkarim Ramdane admet un manque de personnel au sein de la police municipale pour verbaliser partout autour du stade : « On est obligé de sectoriser nos interventions. » L’élu écologiste rappelle aussi le travail sur « l’augmentation du cadencement du tram les soirs de match ». Il évoque enfin « l’optimisation des offres de stationnement dans les parkings relais » lors des rencontres à domicile du RCSA.
Romaric s’inquiète aussi de l’impact de la fan zone pour les voisins du stade : « Quand on habite la Meinau, on sait qu’on va être dérangés une vingtaine de soirées par an. Or, avec la fan zone, on va avoir des animations supplémentaires au même endroit. » Le membre du collectif de riverains déplore le flou de l’Eurométropole concernant le nombre d’animations annuelles dans la fan zone : « On nous a dit qu’il y aurait entre 10 et 20 animations par an… La moitié serait liée aux matchs à l’extérieur, l’autre moitié serait organisée par la Ville et les associations. » Un chiffre que précise Abdelkarim Ramdane : « On sera sur 20 animations au total, pas une de plus. Nous nous sommes engagés sur ce point avec la maire de Strasbourg. »
« Il n’y a pas d’instance de gouvernance de cette fan zone »
Sans réponse de la municipalité depuis plusieurs semaines, Romaric perd peu à peu confiance dans les promesses de l’Eurométropole : « Il n’y a pas d’instance de gouvernance de cette fan zone. Si nous nous rendions compte qu’il y a eu 21 animations en une année, on s’adresse à qui ? » Plus généralement, l’ingénieur informatique décrit l’impression d’un « projet sans gouvernance politique, porté par les équipes techniques qui mènent les équipes politiques par le bout du nez. Rien n’empêche la majorité du mandat suivant d’augmenter le nombre d’animations par an… »
Pour Isabelle, professeure de mathématiques en lycée, la modification du plan de circulation autour du stade pose un troisième problème. L’Eurométropole envisage de fermer les rues de l’Extenwoerth et Maria Montessori à la circulation automobile. Isabelle explique :
« La municipalité présente cela comme un projet de circulation apaisée. Mais si ce projet est mis en place, la seule entrée possible dans notre quartier sera le carrefour où se situe le garage Citroen. Or ce carrefour est déjà très bouché, notamment le week-end. »
« Cette décision fait partie d’un projet plus large, explique le référent du quartier, le parking du McDonald n’existera plus. Une école est prévue dans le secteur, donc la suppression de la circulation dans cette rue permettra d’installer une aire de jeu. C’est clair que certains riverains perdront quelques minutes pour rentrer chez eux. Mais l’apaisement de cette zone fait partie de nos engagements clairs. »
Au-delà d’une concertation qui n’a pas permis de résoudre ces problématiques, les trois habitants du collectif (qui revendique une trentaine de membres) regrettent notamment que l’Eurométropole n’a pas tenu sa promesse d’organiser une réunion fin octobre 2022.
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