Pourquoi l’Europe a tant de mal à faire face à la crise migratoire ? Parce qu’un bonne partie des pays qui la compose se définissent comme des victimes de l’Histoire et qu’en tant que tel, il est difficile d’accepter d’autres victimes. Au second semestre 2014, Baptiste Cogitore et Claire Audhuy sont partis à la recherche de l’identité européenne. C’était le « Bulli Tour », un périple que les auteurs ont notamment partagé sur Rue89 Strasbourg.
Après avoir réalisé plusieurs reportages pour la télévision, écrit de nombreux articles pour L’Alsace et déterré des pièces de théâtre, Baptiste Cogitore propose avec « Aux Frontières de l’Oubli » de revenir sur une dizaine de « cas pathologiques » dans la construction identitaire de l’Europe : une porcherie installée sur un ancien camp Roms en République Tchèque, un bloc de béton accroché à la montagne frappé de la faucille et du marteau, que personne ne parvient ni à restaurer ni à détruire en Bulgarie, la vie malgré tout à Auschwitz…
Entre non-dits et préemptions de l’Histoire
Pour Baptiste Cogitore, quelque chose n’a pas été réglé dans une bonne partie de l’Europe de l’Est :
« En Europe de l’ouest, on n’imagine plus ce que c’est que la haine du voisin. Mais quelques kilomètres plus à l’est, c’est une autre histoire. Des pays, des peuples, se sont fait la guerre mais les paix n’ont pas pour autant réglé les conflits. On a jeté des voiles pudiques sur ce qui divise, mais les fossés sont toujours là. »
Le livre de Baptiste questionne la mémoire collective et l’identité : qu’est-ce qui fonde l’identité si ce n’est l’Histoire partagée ? Et si cette histoire est confisquée, qu’est-ce qu’il advient de l’identité ? Ce sont des questions essentielles, qui expliquent une bonne part du regain d’intérêt pour le nationalisme, que l’on constate un peu partout en Europe mais aussi en Russie, Turquie… Pour ceux qui observent, et s’inquiètent souvent de ces relents, le livre de Baptiste leur fournira une très intéressante documentation.
À noter que tout n’est pas voué à se reproduire, selon Baptiste, qui voit « dans la jeunesse » notamment, des signes d’espoir, pour une Europe fraternelle.
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