Dans un vélo-café de Strasbourg, Sofia, 22 ans, frappe par sa détermination et son attention aux choses qui l’entourent. « Quand j’étais petite, je stressais tout le monde pour éteindre les lumières quand on n’était pas dans la pièce », sourit-elle. Cette forme d’éco-anxiété l’a désormais quittée. Depuis 2024, elle fait partie de l’association Banlieues Climat, qui milite pour que les habitantes et habitants des quartiers populaires soient écoutés, inclus et considérés dans les luttes climatiques.
Éduquée aux petits gestes qui ne suffisent pas
Car si l’étudiante en langues étrangères appliquées était touchée très jeune par l’écologie et le réchauffement climatique, les médias ne lui donnaient pas de modèle à son image. « En tant que fille du Maghreb vivant en quartier populaire, je me sentais concernée, mais pas représentée », résume-t-elle. Sur les plateaux télé, ce sont souvent des débats d’experts entre personnes éloquentes et éduquées. Seuls lui étaient enseignés, à l’école, les « petits gestes du quotidien » comme « faire attention à l’eau qui coule, trier ses déchets, éteindre la lumière… », cite-t-elle.
Aujourd’hui, son discours a changé. « Ces actions individuelles sont nécessaires mais ne suffisent pas, les gros pollueurs sont les entreprises et les gouvernements sont responsables », assène Sofia. Elle a grandi dans les Hauts-de-Seine, dans la banlieue ouest de Paris. « Mon père faisait attention à notre consommation de gaz, d’électricité, pour ne pas gâcher », poursuit-elle, le décrivant comme un des ses modèles. Difficile pour l’étudiante de dire d’où vient sa prise de conscience que les conséquences du réchauffement climatique se feront d’abord sentier dans les quartiers populaires – le lien n’est pas mis en avant, dans les médias ou à l’école. « Ç’a toujours été un sentiment plutôt qu’un constat, ça me paraît logique que les plus touchés soient ceux qui aient le moins de moyens pour se défendre, surtout lorsqu’on vit dans un endroit où peu d’argent public est investi », explique-t-elle.
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Thibault Vetter suit les collectifs militants et associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides comme les entrepôts d’Amazon par exemple. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.
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