« Sept semaines de grève, c’est une mobilisation historique pour les avocats », se félicite Maître Florence Dole, co-présidente de l’antenne strasbourgeoise du Syndicat des Avocats de France (SAF). Ce jeudi 20 février, l’avocate manifeste aux côtés de cheminots, d’enseignants-chercheurs, de Gilets jaunes ou autres salariés des Hôpitaux universitaires.
Si les robes noires étaient peu nombreuses dans le cortège strasbourgeois, la responsable syndicale le jure : « On essaye de sortir de notre corporatisme. » Car la mobilisation porte non seulement sur les conditions d’exercice des avocats… mais aussi sur l’accès aux droits des Français, en particulier les plus démunis.
Menace sur l’accès au droit des plus démunis
Face à la réforme des retraites, l’avocate parle d’une double-peine pour sa profession : « Nos cotisations vont passer de 14 à 28% mais notre retraite de base va baisser d’un tiers ! » La responsable syndicale exprime aussi son inquiétude pour les plus petits cabinets : « À Strasbourg, un tiers des avocats parviennent tout juste à décrocher 2000 euros net par mois. Certains devront fermer si les cotisations doublent… »
À son compte depuis un an, Maître Élise Le Guennec fait justement partie de ces avocates dont le revenu net tourne autour des 2000 euros. Ce doublement des cotisations l’effraie. Elle n’a pas osé consulter le simulateur gouvernemental pour connaître son sort.
L’avocate défend régulièrement des demandeurs d’asile, des gens en difficulté sociale, dont le revenu est inférieur à 1 000 euros par mois. Avec la hausse de ces cotisations, elle craint que de nombreux avocats rejoignent des grands cabinets plus rémunérateurs. Les effectifs alloués à l’aide juridictionnelle, réservée aux « petits justiciables », en pâtirait…
« L’objectif : faire des économies »
Maître Le Guennec manifeste aussi en anticipant aussi une autre réforme cruciale pour la Justice française. Elle portera justement sur l’aide juridictionnelle. Pour la co-présidente du SAF local, l’intention du gouvernement est claire :
« Au SAF, on a le sentiment que le gouvernement laisse pourrir la situation alors qu’ils ont lâché du lest pour les pilotes, ou les policiers. L’objectif, c’est de faire des économies. Pourtant la Justice française est l’une des moins bien dotées d’Europe… Il y a une volonté de réduire l’accès aux droits des plus petits justiciables. »
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