Les anti-Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) vont une nouvelle-fois défiler dans les rues de Strasbourg. Comme l’an dernier, le rendez-vous est fixé samedi à 14h. Le départ sera donné place de Bordeaux. Lorsqu’elle était annoncée fin août, cette manifestation contre ce projet d’autoroute payante pouvait faire figure de baroud d’honneur, alors que les travaux devaient commencer à l’hiver. Mais depuis, il y a eu de sacrés rebondissements dans le dossier.
Les travaux préparatoires devaient reprendre en septembre dans les forêts, ces sondages et déboisements, autorisés par arrêté, ont finalement été suspendus. Après un blocage attendu par des habitants, il a été convenu lors d’une réunion de crise de ne couper aucun arbre tant que le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, ne s’est pas prononcé sur ce sujet.
Aucune date n’est annoncée quant au verdict. Problème, les travaux préparatoires doivent se dérouler sur plusieurs jours ou semaines avant la fin octobre. Seul l’eurodéputé José Bové venu en juin assurait que l’ancien animateur télé souhaite un moratoire. Mais son cabinet avait démenti. Néanmoins, il est cette fois affirmé que tous les scénarios sont à l’étude : suspension report ou abandon.
Compensation retoquées
Il faut dire que de son côté, le concessionnaire Arcos (Vinci), ainsi que la Sanef en charge de l’échangeur au nord avec l’A4, ont en juillet reçu un avis défavorable des scientifiques dy conseil national de protection de la nature (CNPN) pour les compensations naturelles. Les deux sociétés ont ajouté d’autres mesures dans un nouveau dossier d’autorisation environnementale unique (AEU), préalable à l’autorisation des travaux réels. Ces ajouts sont de nouveau en instruction à la Préfecture.
En clair, dans les prochaines semaines, les dirigeants des collectivités locales alsaciennes vont faire valoir que cette rocade à péage permet de détourner les camions en transit qui passent par Strasbourg. De l’autre, les opposants vont tâcher de démontrer que malgré le GCO, l’A35 sera selon eux toujours embouteillée aux heures de pointe, car le GCO ne règle pas les trajets domicile-travail, nombreux à Strasbourg. Qui plus est si on y ajoute une requalification de l’A35 en boulevard, ce qui a soulevé quelques doutes du côté… du Medef Alsace, soutien historique du GCO.
Du mouvement dans le front anti-GCO
Dans le front anti-GCO, le grand syndicat agricole de la FDSEA a cette année annoncé qu’il ne prendra pas part au cortège, malgré son opposition affirmée. L’organisation reproche justement les compensations naturelles prévues, qui impactent les terres agricoles à l’occasion d’un grand remembrement, bien au-delà des 24 kilomètres de bitume. Mais d’autres agriculteurs défileront tout de même.
En revanche, la CGT, pourtant syndicat productiviste, a pris position contre le projet depuis. Elle estime que les emplois créés par les chantiers ne seront que provisoires, là où un système de fret ferroviaire pour remplacer les camions créerait des emplois durables.
« Nouveau monde » face à l’ancien ?
Sur plusieurs grandes infrastructures routières ou ferroviaire, le nouveau gouvernement a demandé une temporisation, pour privilégier les transports du quotidien. Dans ce débat, les opposants et leurs alternatives se verraient bien du côté de l’auto-proclamé « nouveau monde », face aux défenseurs du projet. Le front des pro-GCO est composé d’élus strasbourgeois ou alsaciens aux nombreux mandats locaux successifs qui ont connu les prémisses du dossier dans les années 1970.
En octobre 2016, environ 3 000 personnes avaient défilé contre le GCO. Nul doute que l’affluence cette année sera comparée à celle de l’an dernier, alors que le débat se poursuit dans les salons feutrés des ministères. Malgré ces contre-temps, la mise en service de l’autoroute à péages est toujours prévue pour l’automne 2020.
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